Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a débuté hier en Guadeloupe une « visite de crise » aux Antilles, où la situation sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 est « extrêmement grave« , selon ses propos, avec des taux d’incidence « jamais connus » en France.
Une situation critique en Martinique
En Martinique tout d’abord, le confinement qui n’était jusque-là que partiel, similaire en de nombreux points avec celui instauré en Guadeloupe et à La Réunion, a été considérablement renforcé lundi pour se rapprocher de ce que nous avions connu en mars 2020. Les touristes ont été invités à quitter l’île, les commerces ont été fermés (sauf les commerces alimentaires et les pharmacies), les locations saisonnières et les hôtels (sauf pour l’accueil des personnels hospitaliers venus de métropole et des résidents), tout comme les lieux de culture et de loisirs dont les plages. Et les déplacements ont été restreints à un kilomètre maximum autour du domicile, contre 10 km jusque-là.
En Martinique, seuls 22% de la population ont reçu une première dose de vaccin et le variant Delta représente 40% des contaminations.
Le taux d’incidence s’est envolé à 1.162 cas pour 100.000 habitants, selon l’ARS.
La Martinique est passée de 410 cas le 6 juillet à 4.171 la première semaine d’août, et 35 décès. En quatre semaines, 350 personnes ont été hospitalisées.
En Guadeloupe, un taux d’incidence jamais vu en France
La Guadeloupe connaissait jusqu’à maintenant un confinement « light », à l’image de celui en vigueur à La Réunion. Mais devant l’aggravation soudaine de la situation, le préfet a décidé de le durcir pour le rapprocher à partir de jeudi de celui existant en Martinique.
Il faut dire qu’en Guadeloupe, les chiffres du taux d’incidence ont encore plus explosé qu’en Martinique : du 2 au 8 août, il a atteint 1.769 pour 100.000 habitants, contre 876 la semaine précédente. Un record national !
Pour la semaine allant du 2 au 8 août 2021, l’ARS a recensé 6.669 nouveaux cas positifs dont 2.500 enregistrés ce week-end, sur un total de 26.885 tests.
Le nombre de cas a donc doublé par rapport à la semaine dernière, (3.304) avec un taux de positivité élevé qui s’établit à 24.8%. Le nombre de clusters en cours d’investigation est, lui aussi, en forte augmentation puisqu’il est passé de 26 à 40. Désormais, le variant Delta est la cause de la majorité des infections.
Cette situation a un impact direct sur l’hospitalisation. La Guadeloupe compte désormais 62 lits de réanimation et 177 patients sont hospitalisés dans les services de médecine et de réanimation, la plupart ne sont pas vaccinés.
La Guadeloupe a déploré 14 décès.
La Réunion, meilleur élève des trois DOM
Le taux d’incidence est de 420,5 cas pour 100.000 habitants, le taux de positivité atteint les 10,4%. Il s’agit dans les deux cas de records pour La Réunion atteints sur la semaine glissante du samedi 31 juillet au 6 août (soit, sur la première semaine du couvre-feu et reconfinement). 32 clusters sont actifs dont 4 sont à criticité élevée et situés à Saint-Pierre.
Au 8 août, 42% des Réunionnais avaient reçu au moins une dose de vaccin, contre 66,5% au niveau national.
Chez les plus âgés, ceux qui ont plus de 70 ans, 67,6% des personnes de cette tranche d’âge ont entamé leur schéma vaccinal, contre 33% en Martinique et 90% à l’échelle du pays.
Chez ce qu’on appelle les jeunes adultes, le différentiel est presque aussi important : 19% des 18-24 en Martinique ont reçu au moins une injection, alors qu’ils sont 21,6% à avoir reçu reçu 2 injections à La Réunion. Et en Ehpad, 82,9% des résidents sont totalement vaccinés à La Réunion contre seulement 43% en Martinique, soit deux fois moins que la moyenne française pour ce département des Caraïbes.