La première journée du premier procès de cette période de test de la cour criminelle s’est tenue ce lundi dans la salle d’audience de la cour d’Assises. Il s’agit d’une affaire de viol dans laquelle l’accusé encourt 15 ans de réclusion criminelle. En effet, cette nouvelle juridiction a pour rôle de juger les crimes donc les peines encourues sont entre 10 et 20 ans.
Pour Me Marie Briot, avocate de la victime, « c’est le même déroulement d’audience (que la cour d’Assises, ndlr) avec des témoins et des experts entendus et interrogés ». Mais elle ajoute : « Il faut que ça reste comme ça, car en métropole j’ai cru comprendre qu’il n’y a eu ni témoin ni experts. On doit pouvoir poser des questions ». En effet, elle craint que la cour criminelle ne devienne un autre tribunal correctionnel.
Pour Me Henri Moselle, avocat de l’accusé, le point positif est une peine potentiellement moins lourde que devant les assises. « On espère, affirme-t-il, mais le plus important est la sanction juste qu’il mérite ».
« Personne ne doit vivre ça »
Les faits remontent au 5 septembre 2017 à la cascade Délice à Sainte-Suzanne. La victime vit en colocation avec un ami sur un terrain que ce dernier a acheté. La communauté est petite et les voisins sont « gentils » mais Richelin R. pose des problèmes. Il se croirait chez lui, même sur les terrains qui ne lui appartiennent pas et ferait payer les touristes pour un droit de passage à la cascade. « Voleur », « infréquentable », « un rat d’égout », c’est comme ça qu’un des voisins le décrit. Une image qui va de pair avec son casier judiciaire qui mentionne des condamnations pour usage de stupéfiants, recel et menaces de mort. « On ne sait pas à quoi s’attendre, affirme un autre voisin, il peut avoir de mauvaises réactions ».
C’est avec cet homme-là que la victime se serait retrouvée le soir des faits. Cela fait plusieurs mois qu’il lui déclare sa flamme, mais elle lui fait comprendre que ce n’est pas réciproque. Ce soir-là, son colocataire s’est couché et elle mange avec Richelin R. chez elle. C’est après le repas, alors qu’elle est allongée dans un hamac, que l’accusé aurait tenté de l’embrasser avant de la caresser et de la pénétrer digitalement. « Plus je me débattais, plus il avait l’air excité donc j’ai dû m’arrêter un instant et reprendre des forces ». Elle affirme que c’est au moment qu’il se trouvait à hauteur de ses chevilles, « les fesses nues », qu’elle a posé un pied contre son cou pour lui dire d’arrêter. « Traumatisée », elle attend aujourd’hui « que ça ne se reproduise pas ». « Personne ne doit vivre ça ».
« En la voyant pleurer, je suis parti », confirme-t-il. Mais avant cela, il n’aurait pas compris qu’elle le repoussait. Une version à l’audience qui diffère de celle de sa garde à vue. Aux gendarmes, il a confirmé que son refus l’excitait et que oui, il l’avait pénétrée. Ce lundi, il affirme n’avoir fait « que toucher ». « C’est un coup monté, déclare-t-il, il (le colocataire) la voulait pour lui ».
Le délibéré des cinq magistrats de la cour criminelle est prévu demain.