Ce couple avait confié leur enfant à un établissement scolaire et un instituteur, comme le font tous les parents. Mais leur confiance a été trahie – c’est peu dire – lorsqu’ils ont appris que leur fille autiste n’était pas en sécurité dans son institut médico-éducatif à Saint-André. Son instituteur avait abusé d’elle pendant trois ans avant d’être découvert par ses collègues.
Pris en flagrant délit en train de photographier le dessous des jupes de collègues, il avait été interpellé et de nombreuses photos avaient été retrouvées par la suite. Des faits choquants avaient donc étaient révélés pendant l’enquête, allant de vidéos d’entrejambes jusqu’à des images de l’instituteur en train d’étaler du sperme sur des viennoiseries offertes à ses collègues. Puis il y a eu ces scènes d’attouchement sur une de ses élèves.
« J’ai dû forcer, après elle ne s’opposait plus »
On est alors en 2019. Cela fait trois ans qu’il fait subir des attouchements et des viols à sa victime, de l’âge de 14 à 17 ans. Ce mardi, devant la cour criminelle qui le juge, F.F répond aux questions et avoue simplement ses actes. « Ça a commencé lorsque je travaillais seul avec elle. On s’entendait bien et je me suis dit de voir si elle acceptait ou pas. Au départ non, mais après oui. J’ai dû forcer, après elle ne s’opposait plus », raconte-t-il.
Devant les magistrats, sa mère explique : « Jamais on aurait imaginé une chose pareille. On avait confiance en lui. Il nous avait dit qu’il veillait sur elle. Aujourd’hui, elle ne veut plus de câlin et ne veut plus que je la touche ». Le père n’a pu que marmonner quelques mots mais en repartant à son siège, n’a pu se retenir de proférer des insultes à l’accusé. Quand à la victime, aujourd’hui âgé de 18 ans, elle a tenté tant bien que mal de s’exprimer. « Seins », « poils », « prison », « puni », a-t-elle pu déclarer.
L’institut médico-éducatif n’a rien soupçonné
Pour l’avocat de la défense, le bâtonnier Georges-André Hoarau, la question n’est pas de nier les faits commis mais de comprendre comment l’institut est passé à côté pendant plusieurs années. L’ancienne directrice de sept établissements de l’Est a avoué que les soins ne devraient pas être prodigués par un enseignant mais par une accompagnatrice. Et en effet, « ce n’est pas normal » , qu’il ait eu à l’emmener aux toilettes pour l’essuyer. Un cadre favorisant les faits ? Elle relativise néanmoins : « Un tiers de notre personnel est masculin. Si on devait être suspicieux de tous ceux qui se retrouvent seuls avec un enfant, on ne pourrait pas fonctionner ».
Instituteur depuis 20 ans, ce père de famille sera fixé sur son sort ce mercredi. Il encourt 20 ans de réclusion criminelle.