Correctionnelle: L’avocat était dans « une sphère irréelle »
Pendant près de trois décennies, sa voix, souvent emportée par sa soif permanente de convaincre, a retenti dans les prétoires d’où il voulait voir jaillir la justice juste. Sous la robe noire, Raymond Cazal était un des meilleurs avocats de sa génération, qui n’a jamais trahi aucun de ses nombreux clients. Mais cette rigueur de […]
Ecrit par zinfos974 – le vendredi 25 octobre 2013 à 17H12
Pendant près de trois décennies, sa voix, souvent emportée par sa soif permanente de convaincre, a retenti dans les prétoires d’où il voulait voir jaillir la justice juste. Sous la robe noire, Raymond Cazal était un des meilleurs avocats de sa génération, qui n’a jamais trahi aucun de ses nombreux clients. Mais cette rigueur de la plaidoirie, il n’a pas su l’appliquer à la gestion de son cabinet dionysien. Et surtout pas après un grave accident de la route qui, en 1983, le fit flirter avec la mort pendant plusieurs semaines, et dont il se releva, claudiquant à vie.
Vendredi matin Raymond Cazal, 62 ans, devait rendre compte de ses errements, devenus des délits, à ceux-là mêmes, avec lesquels, il avait croisé le fer, pendant si longtemps.
Raymond Cazal était jugé pour banqueroute (défaut de comptabilité et détournement d’actif), abus de confiance, escroquerie et travail dissimulé. Des infractions datant de 2007 à 2010, et qui poussèrent Raymond Cazal à quitter le barreau. « Il n’est pas agréable de plaider contre un ancien confrère », a sobrement indiqué Me Selly, conseil d’une partie civile. « Je vivais dans une sphère qui n’était pas réelle. J’étais déconnecté, je me suis laissé aller à déraper », a répondu le prévenu au président Chateauneuf qui voulait savoir quel regard il portait sur cette affaire.
Le bâtonnier Djalil Gangate, conseil de Raymond Cazal, a développé les arguments juridiques qu’ils considèrent comme autant de verrues dans la procédure. Et l’avocat de la défense de citer Oscar Wilde: « Personne n’est assez riche pour racheter son passé ». Le procureur a requis une peine de 6 mois de prison avec sursis, une amende de 10.000 € et une interdiction de gérer. Jugement le 15 novembre.
Jean-Noël Fortier