Après avoir [présenté hier la situation économique catastrophique du Conseil Régional]urlblank:https://www.zinfos974.com/Huguette-Bello-Didier-Robert-c-est-l-Attila-des-finances-publiques_a171801.html , dont la dette se porte à 1,241 milliard d’euros, Huguette Bello dirigeait ce vendredi une assemblée plénière qui devait lever le voile sur les raisons qui ont mis la collectivité régionale dans cette situation. Si l’ordre du jour comportait 14 points, c’est principalement le rapport de la Chambre Régionale des Comptes (CRC) et le compte administratif 2020 qui ont cristallisé toutes les tensions.
La nouvelle majorité comptait demander des explications à Didier Robert qui a opté [pour la politique de la chaise vide]urlblank:https://www.zinfos974.com/Pierrot-Dupuy-Ce-matin-Didier-Robert-n-a-pas-assume_a171838.html . Une absence que de nombreux conseillers régionaux ont souligné. « Je prends note qu’on nous confisque ce débat aujourd’hui, pas à nous, mais aux Réunionnais. Je prends note que Didier Robert n’est pas présent, il ne veut pas donner aux Réunionnais ce débat », a déclaré Ericka Bareigts.
Le rapport de la CRC sur les ressources humaines
Au moment d’évoquer le rapport de la CRC sur la gestion des ressources humaines de l’ancienne majorité, c’est Wilfrid Bertile qui va tirer le premier sur la présidence sortante. « Ce rapport révèle des pratiques inadmissibles. Il en ressort que les effectifs sont importants sinon pléthoriques. Il y a 3, 4 agents régionaux pour 1000 habitants, c’est le record de France. Entre 2015 et 2018, il y a une augmentation de 21,5% du personnel. »
Mais l’élu ne s’arrête pas là, il attaque également le cabinet de l’ancien président qui est sous le coup d’une enquête de justice. « On compte 1,4 million d’euros de fonctionnement pour le cabinet. La CRC juge ce coût dispendieux. Officiellement, il y a 5 agents, mais selon la CRC, il y a bien un pôle administratif et technique, donc au moins 22 agents. Sans compter sur les recrutements discrétionnaires et le manque d’appels à candidatures. Il y a un vrai engagement politique d’agents. »
Pour Wilfrid Bertile, ces recrutements sont à visée électoraliste. « L’ancien président est fâché avec les chiffres. Ces pratiques sont le reflet de l’instrumentalisation de la Région à des fins partisanes. C’est une machine électorale. Chacun sait que les embauches avaient un caractère clientéliste. Le cabinet pléthorique était une task force au service du président. On reste sidéré par la mise en place d’un écosystème au service de la machine électorale. »
Patrick Lebreton, qui dirige la commission finances à la pyramide inversée, a donné plus de précisions sur ce que représente ce recrutement massif. « Les frais de personnel représentent 170€ par habitant à la Réunion, contre 54€ de moyenne en France. Nous sommes à plus de deux fois la moyenne nationale. On se demande s’il ne faut pas une séance exceptionnelle sur le personnel. Il y a plus de 3000 agents régionaux. »
Le compte administratif 2020 sur le grill
L’autre gros dossier qui a suscité l’exaspération de la nouvelle majorité a porté sur le compte administratif 2020 qui devait être revoté. Patrick Lebreton a annoncé une contraction de l’épargne brute sur ces 10 dernières années et une épargne nette d’un niveau très faible. Une situation qui nécessitera des recours systématiques à l’emprunt regrette le 1er vice-président.
Un constat qui a provoqué la colère de Karine Nabénésa. « Il y a un an, l’ancien président faisait une présentation sur ‘un compte administratif exemplaire et une gestion saine de cette collectivité’. C’est un flagrant délit de mensonge. Aujourd’hui, la vérité éclate au grand jour. Nous avons la vérité sur la situation administrative de la région. »
L’ancienne opposante devenue vice-présidente en a profité pour tacler Didier Robert sur son absence. « Quand on est fier de son action, on n’a pas à rougir et on vient défendre son bilan. Si on doit résumer les deux mandats, l’histoire retiendra que la Réunion est la région la plus endettée de France. Les dépenses d’investissement ont pratiquement chuté par deux. À côté, les dépenses de fonctionnement ont explosé, nous sommes la région avec les frais de fonctionnement et la masse salariale les plus élevés. Tout cela sans avoir réglé les problèmes majeurs de La Réunion, le tout avec 7 enquêtes en cours. »
Picardo et Vergoz seul à combattre
Du côté des opposants qui se sont déplacés, très peu ont pris la parole. Bernard Picardo a bien tenté de défendre le bilan de l’ancienne majorité en rappelant que le CESER a reconnu la réactivité et le soutien de la collectivité aux entreprises durant la crise sanitaire. De plus, il a rappelé que la Région avait réussi à obtenir des masques pendant le confinement alors que le monde en manquait.
Le président de la Chambre de métier et d’artisanat est ensuite parti. Il a dû avoir les oreilles qui ont sifflé. Norman Omarjee l’a souligné avec son éloquence travaillée dans les prétoires. « À une demi-route, il ne faut pas nous proposer également une demi-lecture des rapports. Le Covid n’a pas le dos assez large pour expliquer une situation financière alarmante. Les TPE se sont plaintes de ne pas avoir reçu les aides régionales à temps. »
Un avis partagé par la maire de Saint-Denis. « Bernard Picardo dit qu’on noircit le tableau, mais le tableau est déjà noir. Il a tenté de déplacer le débat, vous avez tenté de transformer la collectivité territoriale en guichet. On a parlé de milliards de pertes et vous dites que vous avez bien travaillé parce qu’on a acheté des masques. 30% des entreprises ont attendu les aides régionales. Vous avez tenté de déplacer le débat. »
C’est Michel Vergoz qui a été l’opposant le plus actif. Après des passes d’armes avec Patrick Lebreton, Frédéric Maillot et Christian Annette. « Si je comprends, vous êtes contre ce compte administratif, mais vous vous abstenez de voter. Vous avez descendu ce compte administratif en flamme et vous vous abstenez. C’est difficile à comprendre. »
C’est surtout l’atmosphère de cette assemblée plénière que Michel Vergoz a critiqué. « Si je suis là aujourd’hui, 3 jours après une opération sous anesthésie générale, c’était pour voir quel est l’état d’esprit à la Région. Je la trouve crispée, la Région. Arrêtez de faire monter l’angoisse. Je dis aux jeunes élus : arrêtez votre suffisance envers les dinosaures, un jour ce sera votre tour. L’état d’esprit est trash. La commission fait l’impasse de la crise des gilets jaunes en 2018. »
Il s’est ensuite attaqué à Ericka Bareigts, qui avait alors quitté l’hémicycle. « Il y a 55 membres au cabinet de la mairie de Saint-Denis. J’attends le rapport de la CRC pour la Région, mais également pour toutes les communes. »
Finalement lors du vote, la majorité s’est abstenue tandis que l’opposition a voté pour le compte administratif 2020 qui a été adopté. Un mal nécessaire pour éviter une éventuelle mise sous tutelle de la collectivité régionale en cas de rejet.
Majorité et opposition ont toutefois trouvé un point d’entente : sauver Air Austral. Tous ont voté pour que la présidente puisse signer les actes administratifs pour demander à l’État de respecter ses engagements pour sauver la compagnie aérienne réunionnaise.