En janvier 2011, Julie se voit signifier la fin de son contrat de professionnalisation pour « raison économique » au sein de la société Executive RH. Les arguments avancés par Margaret Robert-Mucy, gérante de la société spécialisée en ressources humaines, laissent à penser que ce licenciement est dû à l’absence de « respect d’engagement moral de son père (celui de Julie)« . Ce dernier s’était engagé à « octroyer » à la société Executive RH des missions d’évaluations et de formations, selon les écrits du jugement rendu par le tribunal des prud’hommes de Saint-Pierre. En résumé, j’engage ta fille si tu me donnes du travail.
Mais les juges n’ont pas retenu cette explication et ont condamné Margaret Robert-Mucy et sa société à payer la somme de 33.586 euros à Julie. Pour les conseillers prud’homaux, Executive RH a procédé à une rupture « abusive et illégale » du contrat (voir ci-dessous). D’autres griefs sont à souligner comme la rémunération de cette salariée, en dessous du taux horaire légal pour le SMIC.
Impossible de mettre la main sur Margaret Robert-Mucy
Mais depuis, impossible de mettre la main sur Margaret Robert-Mucy. Deux ans sont passés et Julie tente d’obtenir réparation, en vain. Même les huissiers ne sont pas parvenus à adresser l’acte de commandement à payer à la chef d’entreprise.
« Aucune personne présente« , peut-on lire dans le PV d’acte d’huissier (voir document joint). A croire que la société Executive RH n’existe plus à Sainte-Clotilde. Ou encore, impossibilité de procéder à une saisie sur compte en banque, les huissiers n’ayant pas trouvé de compte bancaire à la Réunion. Pis, le compte en banque à la BNP Paribas a été clôturé. Pourtant, à regarder de plus près, les huissiers ne se sont pas intéressés à une deuxième adresse où la société Executive RH officie dans un autre quartier de Saint-Denis.
En attendant, Julie s’est retournée vers le bureau d’aide des victimes au TGI de Saint-Pierre en octobre dernier. Sans résultat. « Je n’ai pas eu la moindre réponse« , explique-t-elle par téléphone.
« La personne ne serait pas solvable et il n’aurait trouvé aucun compte à saisir »
Dans son courrier, Julie s’interroge sur l’insolvabilité de Margaret Robert-Mucy. « J’ai suivi la procédure, payé les services d’un huissier de justice, ce dernier n’a pas réussi à réclamer les sommes qui me sont dues. La personne ne serait pas solvable et il n’aurait trouvé aucun compte à saisir. Est-il normal qu’un chef d’entreprise de surcroît conseiller prud’homale puisse ainsi bafouer le droit du travail ?« , s’interroge-t-elle.
En attendant, son avocat lui a conseillé de mandater un nouvel huissier. Mais l’ex-salariée n’a pas forcément les moyens pour signifier un nouvel acte de commandement sans la certitude d’un résultat au bout.
Pour résumé, il existe donc deux sociétés du nom d’Exécutive RH à deux endroits différents de Saint-Denis. Une première spécialisée dans les portails internet, basée en Martinique à Fort-de-France, mais dont le siège se trouve à la ZAC Foucherolles (voir photo), et une seconde, initialement basée à Ducos en Martinique, mais déménagée à Montgaillard.
Des sociétés radiées pour Margaret Robert-Mucy
Interrogée par nos soins, Margaret Robert-Mucy se défend. « La société n’est plus en activité depuis plus de deux ans. L’entreprise n’était plus viable et j’ai mis la clé sous la porte« , explique-t-elle.
Interrogée sur les deux sociétés existantes, Margaret Robert-Mucy explique à nouveau qu’elles n’existent plus et qu’elles ont été radiées. Pourtant, à la lecture des informations récupérées auprès des services infogreffe, les deux sociétés Executive RH ne sont pas radiées (voir copie d’écran). Seule une autre société détenue par Margaret Robert-Mucy a bien été fermée en 2009.
Quant au fait de ne pas payer une condamnation ordonnée par un juge prud’homale, alors même qu’elle se trouve être conseillère de cette juridiction, cela ne semble pas déranger Margaret Robert-Mucy. « Beaucoup de chefs d’entreprise se retrouvent dans cette situation. Je ne suis ni la première, ni la dernière« , conclut-elle.
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* Prénom d’emprunt, l’ex-salariée a depuis retrouvé du travail et ne souhaite pas que son véritable nom apparaisse.