Il s’agit d’un concours organisé par le CDG de La Réunion. Tout candidat reçu aux épreuves écrites et orales peut alors prétendre accéder au cadre d’emploi de catégorie B de la fonction publique territoriale.
Poussée vers la sortie pour libérer la place ?
« Je me suis inscrite en février et j’ai passé le concours en octobre 2017 », se souvient Sylvie, titulaire d’un master de droit. Avec ses épreuves écrites comme horizon lointain et des révisions à mener, la candidate continue son travail normalement au sein d’une collectivité de l’Est de l’île. Mais les relations sont tendues avec un supérieur hiérarchique. Un détail qui paraît anodin à ce moment-là mais qui alimentera ses doutes quelques mois plus tard lorsqu’elle passera ce fameux concours.
« En octobre de cette année-là, en prévision des épreuves à passer, je prends un mois de congés », raconte Sylvie. Mais au lieu d’avoir l’esprit tranquille, son supérieur hiérarchique au sein de sa collectivité la sollicite. « Il était au courant que je passais le concours alors que je ne lui avais rien dit à ce sujet », s’en souvient-elle encore.
« Pendant mes congés, il me téléphone car il faut, dit-il, gérer un dossier en urgence. Un dossier ‘capital’ pour reprendre ses mots. Il me disait que j’aurais une prime si je traitais ce dossier », ajoute Sylvie. Ce dossier concernait la sortie de terre d’une station d’eau potable. « Donc du coup, tout le long de mes congés, je ne révise pas et je mène à son terme le dossier demandé », explique la candidate.
Malgré cette péripétie, les épreuves du concours arrivent et Sylvie les passe et attend les résultats.
« Il me dit que « jamais je n’aurai mon concours » »
Quelques semaines après, étrangement, au cours d’une journée de travail au sein de sa collectivité, Sylvie se fait apostropher par son supérieur hiérarchique qui l’a décidément dans le viseur.
« En décembre 2017, il me dit que « jamais je n’aurais mon concours ». Il m’a aussi dit, un mois avant la publication des résultats : « pourquoi tu ne démissionnes pas ? » », se souvient-elle, totalement surprise à ce moment-là.
Pire, ces messages subliminaux sont doublés de coups de pression pour la faire décramponner de son poste. « Il essaye une première fois de rompre mon contrat mais je réussis à faire valoir mes droits, mon contrat en mairie a donc continué », se défend-elle à l’époque.
Sylvie avance une explication à ces coups de pression pour la faire déguerpir de cette mairie de l’Est. Ce DGS voulait faire entrer en mairie une connaissance à lui mais la présence de Sylvie, contractuelle et en voie d’obtenir son concours, empêchait cette venue. « Je suis titulaire d’une maîtrise et celle que le DGS voulait promouvoir était de niveau licence », compare-t-elle les profils.
Intriguée, elle se met en tête de faire la lumière sur ses notes, épreuve par épreuve. « J’ai demandé mes copies pour connaître les notes attribuées et regarder les observations laissées par les examinateurs », poursuit-elle. Le CDG lui transmet, comme le veut la procédure après une réclamation, ses copies. L’oeil de la candidate est alors immédiatement attiré par des notes retravaillées au stylo, ici un 0,5/2 qui devient 0,2/2 ou là, plein de notes réécrites après un coup de blanco. Sur certaines copies, l’appréciation plutôt bonne du correcteur s’en trouve même en décalage avec la notation, devenue plus sévère.
Le CDG reste silencieux
Nous aurions aimé, notamment, prendre connaissance du règlement du concours, en plus du cadre général applicable au niveau national (voir plus bas), comme par exemple le droit d’utilisation du blanco par les correcteurs, la présence que d’une seule signature de correcteur alors que les copies sont censées avoir été doublement corrigées ou encore le décalage entre les bonnes appréciations et les notes tirées vers le bas après coup.
Pour la petite histoire, en 2020, la candidate s’est inscrite au concours d’attaché territorial et une nouvelle bizarrerie est venue émailler son acte de candidature. Son dossier avait disparu de la circulation au CDG alors que la Poste confirmait à la candidate que son courrier avait bien été expédié. Une péripétie de plus qui lui a fait perdre l’occasion de pouvoir concourir comme 1200 autres candidats réunionnais en juin 2021 à la Nordev, mais surtout, lui donne le sentiment qu’elle continue de payer l’influence d’un DGS d’une mairie de l’Est qui a ses entrées au sein du Centre de Gestion.
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Que prévoit le Guide pratique des concours administratifs ?
L’anonymat des copies est une des conditions fondamentales imposées lors de la phase de correction. Des failles peuvent-elles survenir ? L’harmonisation des notes est aussi possible, à la hausse comme à la baisse. Voici ce que prévoit le Guide pratique des concours administratifs à l’usage des présidents et membres de jurys actualisé en 2015 et préfacé par Marylise Lebranchu, ministre de la fonction publique à l’époque :