Alors que l’Autorité de la Concurrence étudie toujours le projet de rachat de Vindémia par GBH, le vent semble tourner en la faveur du Groupe Bernard Hayot. En effet, le syndicat CFDT a exprimé son soutien au projet de rachat insistant sur le fait que GBH s’était engagé en matière de maintien de l’emploi. Ce sont en effet 2150 emplois qui sont actuellement dans la balance. Les syndicats espéraient initialement une offre alternative par l’entremise de trois entrepreneurs réunionnais mais cette offre ne s’est pas concrétisée à ce jour.
Pour rappel, GBH exploite la marque Carrefour sur l’île de la Réunion et les magasins Jumbo Score seraient convertis en Carrefour ou Carrefour Market. Le groupe Carrefour est coté en bourse et fait partie du CAC40. Les investisseurs qui négocient des actions sur les marchés financiers peuvent donc investir dans l’entreprise Carrefour. À l’inverse, le Groupe GBH est une société familiale par actions simplifiée. À l’heure actuelle, Vindémia est toujours propriété du groupe de grande distribution Casino. À l’instar du groupe Carrefour, le groupe Casino est coté en bourse.
Il semble que le rachat de Vindémia pour la somme de 219 millions d’euros pourrait être entériné dans les semaines à venir malgré les conclusions de l’étude d’impact économique et des réticences persistantes.
Parmi celles-ci, on épinglera la cession d’un plus grand nombre d’enseignes à l’entreprise Make Distribution (à l’heure actuelle, il est question de céder seulement quatre enseignes). Le rapport suggère également l’intervention du fonds d’investissement ECP pour structurer une opération de rachat inédite. Cette dernière alternative a été vivement critiquée. Selon l’étude d’impact économique, ECP, très actif en Afrique, avait pourtant participé à des négociations avec le groupe Casino dès le départ, préalablement aux discussions avec le Groupe Bernard Hayot.
Comme indiqué dans un article précédent, l’étude est globalement très critique envers le rachat éventuel de Vindémia par le Groupe Bernard Hayot. Le rapport insiste sur les risques en matière de concurrence mais indiquant également que le risque de perte d’emplois est bien réel. Bolonyocte estime en effet que la société Make Distribution pourrait faire très rapidement défaut et que les garanties apportées ne seraient donc pas maintenues.
Quelles suites pour le rachat de Vindémia ?
À la lumière de ce rapport, la balle est actuellement dans le camp de l’Autorité de la Concurrence qui doit remettre son avis prochainement. Le Gouvernement pourrait également avoir son mot à dire. Le rapport préconise en effet l’usage de son droit d’évocation en cas d’avis positif de l’Autorité de la Concurrence. Ce droit d’évocation « permet au Ministre de l’économie de réexaminer une opération pour des motifs d’intérêt général autres que le maintien de la concurrence, tel que par exemple le maintien de l’emploi ou le développement industriel ».
Les dés sont donc loin d’être joués et toutes les alternatives restent envisageables. Il est cependant probable que les Réunionnais y verront plus clair dans les semaines à venir.