Jean-Luc Poudroux a tenu une conférence de presse jeudi dernier pour confirmer les informations du journal Le Tangue, reprises par Zinfos, selon lesquelles il avait possédé un compte en Suisse en 1992, compte clôturé en 1999.
Mais, à l’écouter, il n’y aurait placé qu’une très faible somme, « à peu près 6.000 euros, 40.000 francs de l’époque« , ses « économies personnelles » car il voulait qu’elles « soient rémunérées ».
Difficile d’avaler de telles explications.
Ainsi donc, Jean-Luc Poudroux voudrait nous faire croire qu’il s’est payé un voyage jusqu’en Suisse pour ne placer que 6.000 euros sur un compte? Le coût du voyage et du séjour est supérieur aux sommes qu’il est censé y avoir déposé !
Et même dans cette hypothèse, pourquoi n’a-t-il pas ouvert un compte classique, comme tout le monde peut le faire, y compris dans une banque suisse? Pourquoi avoir choisi un compte numéroté? Autrement dit, un compte secret?
Et pourquoi, si les sommes en jeu étaient aussi ridicules, ne pas les avoir déclarées au fisc?
Jean-Luc Poudroux a du mal à répondre à ces questions.
Pour mémoire, rappelons qu’à l’époque, il était alors maire de Saint-Leu depuis trois ans et conseiller général depuis quatre ans.
Condamné en 1994 pour des faits de corruption remontant à 1992, année de l’ouverture du compte
Mais surtout, souvenons-nous que Jean-Luc Poudroux a été condamné à deux reprises par la Justice, dont une en 1994 pour des faits de corruption remontant à… 1992, l’année de l’ouverture du compte en Suisse !
La coïncidence est quand même énorme !
1992, c’est l’année ou Jean-Luc Poudroux, alors maire de Saint-Leu, s’était retrouvé impliqué dans l’affaire dite de la « billetterie unique » pour laquelle Eric Boyer avait de son côté été condamné à quatre ans de prison dont trois ans avec sursis, à 500.000 F d’amende et à cinq ans de privation de ses droits civiques. Ce qui lui avait valu d’être destitué de son mandat de sénateur.
Ce dossier comportait deux volets. Dans celui qui concernait Jean-Luc Poudroux, il lui était reproché d’avoir fait attribuer le marché des transports scolaires de sa ville à la compagnie de bus Moolan, en échange d’une contrepartie financière. Au lieu d’être découpé en six lots, le marché avait été attribué à un seul prestataire. Et ce avec la complicité du conseil général et d’Éric Boyer.
Avec au passage, une grosse surfacturation…
En première instance, Jean-Luc Poudroux avait été condamné à un an de prison avec sursis et 50.000 francs d’amende, ainsi que la privation de ses droits civiques pendant trois ans. Le 29 juillet 2004, la cour d’appel avait transformé la peine en 18 mois de prison avec sursis et 20.000 francs d’amende, peine qui ne sera pas inscrite sur son casier.
Jean-Luc Poudroux n’avait pas été privé de ses droits civiques mais avait été condamné à rembourser deux millions de francs au Département solidairement avec les autres prévenus.
« Ces deux affaires n’ont aucun lien »
Voilà le contexte de l’année 1992, année où Jean-Luc Poudroux a comme par hasard, ouvert un compte numéroté en Suisse… Pour y placer 6.000 euros…
Mais lorsqu’on demande au nouveau député de la 7ème circonscription si l’argent placé dans ce compte en Suisse ne proviendrait pas de ce vieil arrangement avec M. Mooland, Jean-Luc Poudroux s’agace : « J’ai dit tout ce que j’avais à dire lors de la conférence de presse. Je l’ai répété, cet argent provenait de mes économies personnelles. Ces deux affaires n’ont aucun lien« , affirme-t-il au téléphone.
Il faudra le croire sur parole, car il est impossible aujourd’hui de vérifier ce qu’il y avait réellement dans ce compte en banque. Jean-Luc Poudroux l’admet lui-même, il n’a conservé aucun document permettant de le prouver.
Pour se faire une idée plus précise de l’affaire de la billetterie unique, cliquez sur le lien ci-dessous. Il s’agit du rapport de demande de la levée parlementaire d’Eric Boyer devant le Sénat…