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Commune de Saint-André, rayée de la carte

La commune de Saint-André peuplée dès 1670, devient pendant la Révolution française, l'un des bastions monarchistes le plus actif de la colonie.

Ecrit par Sabine Thirel – le samedi 20 février 2010 à 08H01

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 La Compagnie des Indes donne l’autorisation de la construction d’une église à Saint-André, suite à la demande de ses habitants. Un lazariste est détaché de Sainte-Suzanne, le curé d’Ure ouvre le premier registre catholique le 12 juillet 1741. Aucun moyen n’ayant été attribué pour cette église, la construction est longue.
Selon un rapport du Conseil Supérieur de la colonie en 1750, on peut relèver : «en attendant que l’église en pierres fut construite, les habitants en avaient construite une en bois, où l’on faisait le service ».  Justement cette même année, la chapelle en bois est totalement détruite par les flammes. Les ouvriers s’activent et l’église en pierre est achevée en 1752. Cependant, elle subit les aléas d’un séisme qui la fragilise. Les travaux ne pouvant s’effectuer faute de moyens financiers, elle finit par se dégrader. 

 

Saint-André  devient  paroisse en 1766. Tout se passe tranquillement dans le quartier jusqu’à la Révolution de 1789. La nouvelle arrive début 1790 dans l’ile provoquant la joie des colons. L’exaltation républicaine conduit à la mise en place de plusieurs symboles révolutionnaires dans chaque quartier, un « arbre de la liberté et de l’égalité » est planté. Les habitants affichent la cocarde tricolore.
La première municipalité est mise en place. L’élection du 3 août 1790 désigne le Maire. Pour l’historien Claude Wanquet le premier maire est Pignolet (pour d’autres c’est Bruna). L’élection est réfutée, Velmant lui est préféré. Les partisans de l’un et de l’autre se regroupent puis les groupes s’opposent. Chaque fois qu’un sujet est abordé pour l’avenir de la commune, les clans se déchirent et aucun accord n’est trouvé. Cette situation dure pendant 3 années.

 

Chaque arrêté de l’Assemblée coloniale (mise en place en 1791 à Saint-Denis) est contesté. Saint-André s’érige comme « bastion contre-révolutionnaire » jusqu’au chaos comme disent les historiens. Maturin Robert et François Richard fervents monarchistes mènent les insoumis. Armés de « bâtons ferrés », ils décident de perturber les réunions qui se déroulent dans l’église. Les affrontements réguliers retardent les élections de plusieurs mois. La police aussi n’est pas encore structurée. Alors Mathurin Robert se désigne chef de police. Désordre, contestation et désobéissance, c’est la confusion totale. L’Assemblée coloniale ne veut pas intervenir dans cette « crise saint-andréenne » pour éviter les effusions de sang. Un conciliateur est nommé, il s’agit du curé de la paroisse.

 

Pendant que les royalistes font ce qu’ils veulent à Saint-André, les révolutionnaires reprochent au gouverneur Duplessis d’être monarchiste et d’aider à la contre-révolution en apportant son appui. Le gouverneur est arrêté  le 12 avril 1794. Le ton des échanges monte à l’assemblée qui compte une forte majorité révolutionnaire. C’est là qu’un certain Bigot (ou Bigault) « sans-culotte » de St André se fait remarquer. Mais quelques temps plus tard, celui-ci est tué lors d’un duel qui n’a pourtant aucun rapport avec la politique. Sa dépouille sur laquelle est déposé un bonnet phrygien, est exposée dans la nef de l’église.

Dans la nuit du 17 au 18 octobre 1894, l’arbre de la liberté fraichement planté devant l’église, est déraciné, le monument construit en l’honneur de Bigot est outrageusement retourné. Les insignes républicains dont la couronne civique et le bonnet phrygien, sont foulés aux pieds. C’est une explosion d’indignation dans toute la colonie.

 

L’Assemblée Coloniale décide le 15 janvier 1895 « qu’il n’existera plus rien qui ne rappelle la dénomination d’un canton dans lequel s’est commis un attentat horrible contre les symboles de l’égalité et de la liberté et dont malheureusement on n’a pas  pu découvrir les coupables auteurs ». L’église  elle-même est condamnée puis rasée. Exit Saint-André dont l’Assemblée ne cite même pas le nom dans son arrêté. Ainsi, le territoire de la commune supprimée est réparti de chaque coté de la Rivière du Mât entre Ste Suzanne et de St Benoit.

Restituée en 1798, la commune récupère son territoire sauf la partie entre la Rivière du Mât et le chemin des limites (aujourd’hui Bras Panon). La ville reste sans église et sans curé jusqu’en 1817. Date à laquelle le Père Minot fait appel aux habitants, avant de lancer la construction de la nouvelle église, bénie le 30 novembre 1821 et consacrée en novembre 1852 par Mgr Desprez, premier évêque de la colonie.

 

 A plusieurs reprise les cyclones ont dégradé l’église tout au long du XXe siècle. Les prêtres successifs, aidés des paroissiens, conduisent des travaux de restauration, d’amélioration et d’agrandissement avec les faibles moyens  à leurs dispositions. 
   
La Salle Jeanne d’Arc, elle, est batie pour le catéchisme par le père Bomberger,  à Saint-André de 1941 à 1948. A partir de juin 1943, les murs en pierre de taille sont montés. En 1944, la mairie et les paroissiens  sont sollicités pour construire  la toiture.  Mais le cyclone de 1948 en arrache la charpente. La salle reste près de 20 ans découverte. Depuis ces monuments ont été restaurés.

 

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