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Commercialisation de carapace de tortue : Un écailliste à la barre du tribunal correctionnel

L’un des quatre derniers artisans écaillistes de l’île comparaissait ce mardi devant la justice pour la détention et la commercialisation non autorisées de carapaces de tortue verte. Tout l’enjeu du procès résidait dans le fait de savoir si les 154 carapaces trouvées sans identification chez l’artisan proviennent du stock de l’ancienne Ferme Corail.

Ecrit par zinfos974 – le mardi 15 juin 2021 à 17H08

Il fut un temps où avant d’abriter Kelonia, l’Observatoire des tortues marines, les bassins de la structure regorgaient de tortues vertes élevées pour la commercialisation de leur chair, tandis que les carapaces étaient utilisées dans l’artisanat. Une filière gérée par la Ferme Corail (Compagnie Réunionnaise d’Aquaculture et d’Industrie Littorale) à compter de 1977. Les tortues ayant déserté à cette époque le littoral réunionnais, des juvéniles étaient alors capturées dans les îles Eparses pour alimenter la production. 

L’inscription des tortues marines à l’annexe I de la convention de Washington (CITES) dès 1981 a mis fin à la filière de vente de la chair et des produits dérivés. La Réunion a bénéficié de dérogations. La Région a fini par acheter le site en 1989. Henry*, comme les autres écaillistes, par le biais d’une coopérative, a obtenu une partie du stock de carapaces de tortue verte ; la Région aussi. 

Lampes, bijoux, miroirs, tableaux… Le travail d’art de l’écailliste, artisan depuis 30 ans, est reconnu. Mais pour pouvoir jouir de ce stock, Henri doit tenir un registre sur les entrées et les sorties. L’artisan ne s’est pas acquitté de cette tâche depuis 2016 et de plus, 153 carapaces ne portent pas de date d’abattage ou ont un certificat Intra-communautaire (CIC) inexact. Une série de manquements qui fait que l’artisan se retrouve ce mardi à la barre du tribunal, balbutiant qu’il ignorait certains points de la réglementation et expliquant son manque de rigueur par « un coup dur » qui lui est tombé dessus en 2016. 
 
« La question est de savoir si ces carapaces proviennent du stock de la Ferme Corail, mais elles peuvent venir aussi de Madagascar ou de Mayotte »
, a souligné la présidente du tribunal. Une carapace pesant en moyenne 150 kg, il aurait été difficile de faire venir ces quantités, lui a rétorqué le prévenu. 

En revanche, lors de l’enquête effectuée par la Brigade Nature Océan Indien, des écaillistes ont confirmé l’existence de carapaces non marquées dans le stock de la Ferme Corail, autant avant l’entrée en vigueur de la CITES qu’après. 
 
« Les carapaces ayant une valeur qu’il faut préserver de tout trafic », le parquet a demandé la confiscation du stock d’Henry pour destruction avec exécution provisoire. 
 
« Mon client n’est pas un braconnier mais un passionné », a plaidé Me Emmanuelle Vidot, qui a fait valoir également des erreurs administratives. 
 
Le délibéré est attendu pour le 22 juin prochain.

*prénom d’emprunt

 

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