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Comment font les « petits candidats » pour financer leur campagne?

Se lancer à l’assaut d’une mairie demande de la détermination, beaucoup de temps mais aussi de l’argent, "le nerf de la guerre", dit-on. Les règles en matière de financement de campagne sont claires mais se lancer dans une "grosse" ou une "petite" commune, soutenu ou pas par un parti, changent la donne. Pour faire face aux habitués des campagnes électorales, rodés à ses rouages, munis d’un staff parfois professionnel, les "petits candidats" doivent faire des choix et composer avec la débrouillardise.

Ecrit par zinfos974 – le mardi 10 mars 2020 à 17H59

Affiches, circulaires, bulletins de vote, à La Réunion, l’ensemble des communes comptent plus de 1 000 habitants donc les candidats ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés peuvent prétendre à un remboursement de leurs frais de propagande officielle. Elle constitue d’ailleurs le premier poste de dépenses pour la plupart des candidats.

 

 

Gilles Clain, lancé à l’Etang-Salé dans une commune qui compte au total 13 894 habitants (population municipale), a dépensé environ 3 000 euros pour la propagande officielle. « La première des difficultés est l’organisation. On est une équipe polyvalente. On est militant, chargé de com, mais aussi juriste quand il faut rédiger et mettre en forme la propagande officielle très réglementée et là on n’a pas le droit à l’erreur. On fait tout nous-mêmes, mais c’est cela qui est génial », s’enthousiasme le policier pour sa première campagne.

 

À St-Joseph, Jeannot Lebon, primo-candidat également, a prévu un budget avoisinant les 32 000 euros pour l’ensemble de ses dépenses de campagne (propagande officielle + tracts, affiches, voiture sono, meeting…) dans une commune où le plafond tourne autour des 50 000 euros, indique-t-il.  Situés dans des communes de 9 000 habitants et plus, ces candidats ont dû déclarer un mandataire financier chargé de recueillir les fonds et d’engager les dépenses de campagne. Leurs dépenses sont plafonnées en fonction du nombre d’habitants de leur commune. Ils auront également l’obligation de déposer un compte de campagne à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. Pour rappel en 2014, 8 candidats ont vu leur compte de campagne rejeté. Ils pourront ensuite être remboursés de leur apport personnel dans la limite de 47,5% du plafond fixé pour chaque circonscription.

Les dons de personnes morales interdits
 
Ces têtes de liste non encartées dans un parti ou mouvement politique ont épargné sur leurs fonds propres pendant quelques mois voire plusieurs années pour éviter de faire un prêt. « J’ai assuré les dépenses liées aux bulletins de vote , affiches et professions de foi. J’ai été particulièrement choqué des tarifs, sans compter que dès lors que vous êtes sans étiquette ou affilié à un parti, il faut aligner de suite alors que nous savons très bien que d’autres ont des facilités de paiement . Je regrette que cela ne soit pas plus réglementé et que nous ne soyons pas tous traités sur un même pied d’égalité », déplore Olivier Picard candidat à Cilaos.

 

Outre leur épargne, les candidats peuvent compter sur la « solidarité » des colistiers et celle de sympathisants. Les dons, permis par la loi par des personnes physiques au-dessous de 4 600 euros, constituent une part non négligeable des sources de financement. Les dons de personnes morales étant strictement interdits à l’exception de ceux de partis et formations politiques. 
 
Alors pour faire passer ses idées, se faire connaître et être reconnus, il a fallu faire des choix. « J’ai rencontré des difficultés , j’ai dû faire moins que ce que j’avais prévu. J’ai fait avec ce que j’avais et je continuerai à faire avec ce que j’ai parce que je ne veux pas, au lendemain du scrutin, avoir le couteau sous la gorge au détriment des Cilaosiens »,  confie Olivier Picard. Pour Yohan Cervantès, « il s’agit d’être logique avec le programme proposé, car on parle d’écologie.  Le principe de l’écologie c’est de se concentrer sur l’essentiel et ne pas tomber dans le superflu. Ainsi, dans notre façon de dépenser et de nous organiser on tient compte de ce principe écologique »

La tête de liste à St-Philippe déjà présente en 2014, n’a ainsi pas eu à faire de choix particulier, « si ce n’est que nous aurions pu prendre du matériel de meilleure qualité pour le confort de nos rond kosé qui remplace les meetings tous les soirs ».  « Avec 9000 euros on peut faire une campagne belle, propre et sincère en se mouillant le maillot », estime pour sa part Gilles Clain engagé à l’Etang-Salé.  » Avec l’expérience, on prévoit les choses. J’ai été adjoint, j’ai pris les devants », rappelle Serge Arnaud Rangama, candidat à St-Louis, pour un budget estimé à 20 000 euros. 

 

Live, photos, vidéos sur les réseaux sociaux
 
Pour ces candidats au budget limité, « le manque de moyen n’est pas une difficulté en soi ». « Ce qui devient une difficulté, c’est la façon dont d’autres agissent avec des moyens qui ne sont pas les leurs, mais ceux de toute la population , à l’exemple des employés communaux , souvent les premiers à devoir se plier , payer et obéir dans la peur de perdre leur place. Ces mêmes employés qui représentent le service public qui est mis à mal à chaque scrutin », juge Olivier Picard. 

 

Avec ses moyens, chacun déploie sa stratégie pour convaincre les électeurs. « Nous avons choisi d’utiliser les réseaux sociaux et les flyers dans les boîtes aux lettres qui nous permettent de réduire les coûts et d’être plus efficaces », ajoute Yohan Cervantès. À l’ère du numérique, les municipales se jouent-elles également sur les réseaux sociaux? La plupart des candidats mettent en scène leur campagne à coups de live, vidéos et photos. Une pratique autorisée tant que les publications ne sont pas sponsorisées.Malgré sa présence sur les réseaux, Gilles Clain assure pour sa part que cette visibilité au coût peu élevé ne revêt que « peu d’intérêts pour lui ». Le candidat miserait davantage sur « le porte-à-porte, le bouche-à-oreille, la rencontre avec ceux qui ne voteraient pas pour nous. C’est une aventure magnifique et exceptionnelle qui m’a permise de redécouvrir les quartiers de la commune où j’ai grandi ».

À « l’armada d’outils » déployée par les poids lourds de la campagne, eux tentent d’y opposer la proximité, la présence sur le terrain et la cohérence. « La solidarité et les compétences de chacun sont une vraie plus-value et une richesse durant cette campagne. En effet, nous avons entendu en porte à porte quelque chose qui nous à fait sourire : vous êtes une équipe ‘MacGyver’ , avec deux cordes et une ficelle zot y fé des choses extraordinaires », se félicite Yohan Cervantès.

 

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