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Comment faire le buzz avec de la bouse ?

Les médias, on le sait, préfèrent les trains qui déraillent plutôt que ceux qui arrivent à l’heure. En matière culturelle aussi. A mon avis c’est bien dommage. Ainsi, une internaute a demandé sur les réseaux sociaux de signer une pétition pour retirer un livre des librairies. Le livre en question, ce n’est pas Mein Kampf, […]

Ecrit par Alain BLED – le vendredi 12 juin 2020 à 10H35

Les médias, on le sait, préfèrent les trains qui déraillent plutôt que ceux qui arrivent à l’heure. En matière culturelle aussi. A mon avis c’est bien dommage.

Ainsi, une internaute a demandé sur les réseaux sociaux de signer une pétition pour retirer un livre des librairies. Le livre en question, ce n’est pas Mein Kampf, mais une roman machiste sur la drague à la Réunion écrit, circonstance aggravante, par un drôle d’oiseau de passage. Le courageux auteur se cache derrière son personnage, mais aussi derrière un pseudonyme. Et pendant que la polémique suscite la curiosité du public, les autres écrivains de l’île doivent toujours pleurnicher auprès des médias pour obtenir quelques lignes dans les trop rares rubriques culturelles consacrées à la littérature.

Cela dit, le fait de diaboliser ce livre sous prétexte d’insulte aux femmes, est aussi suspect que le livre lui même. Ici , Les censeurs parlent d’irrespect des réunionnaises de la part d’un étranger à l’ile. en insistant bien sur le fait qu’il n’est pas d’ici ; tiens donc, le machisme passerait-il mieux avec un abuseur-péi ? Je me méfie des censeurs parce que non seulement ils font de la publicité pour des gens qui ne la méritent pas, mais aussi parce qu’on sait quand la censure commence, mais pas quand elle finit. Le politiquement correct a déjà obligé certains auteurs à s’autocensurer. On réécrit même des œuvres anciennes accusées de racisme ou de misogynie. On en vient à une littérature où il faut prendre garde à ne froisser personne, le « feel good » est à la mode, la pensée positive, la bienveillance…qui rime souvent avec finances. Comme censure rime trop souvent avec dictature.

Je n’aime pas le bouquin de ce type mais c’est mon opinion personnelle. Je suis libre de le critiquer, de d’encenser ou même d’encourager à le boycotter ; mais faire des pétitions pour demander qu’on le brûle, je trouve que c’est aller trop loin. Et pour ce qui est du féminisme bafoué, on peut ajouter que le livre a été publié par…une éditrice locale ; et que des blogueuses littéraires créoles l’ont apprécié ; des femmes réunionnaises, des traîtresses sans doute pour l’auteure de la pétition ! Des Bounty! Bref, c’est le genre de polémique stérile et intégriste qui ne peut que desservir les causes les plus nobles et augmenter la haine de l’autre.

Messieurs les journalistes, parlez plutôt des petits auteurs locaux méconnus, parfois écartés des salons et librairies parce qu’ils n’ont pas eu la chance de trouver un éditeur local. Comme les musiciens, et tous les artistes, ils n’intéressent pas les grands médias, ils ne sont pas rentables, et pour savoir qu’ils sont bons ou minables, il faudrait les écouter ou les lire, mais ça, les journalistes n’ont sans doute plus le temps de le faire .

 

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