Boris Vian nous surprendra toujours ! Ce texte écrit avant la Guerre n’a pas perdu une once de son actualité. Bien entendu, loin de nous l’idée de les mettre tous dans le même sac. Il y en a de très bien.
« On dit couramment : Untel est vendu, mais on omet de préciser le prix (…) Le vague qui règne est bien gênant (…)
Il est remarquable que le fait d’être déjà vendu n’empêche jamais le parlementaire vivant d’être encore à vendre. C’est un des rares cas commerciaux de cessibilité permanente.
La vente d’un parlementaire est une opération financière complexe et met en jeu tout un code plus ou moins occulte assez ridiculement tenu secret par les intéressés (…)
Eliminons d’emblée cette idée que l’on a intérêt à acheter le parlementaire selon le procédé de la location-vente ou à crédit (…) Dans ces conditions, le parlementaire ne vous appartient jamais (…)
L’ayant élu, vous seriez en droit de vous dire que c’est votre parlementaire ; or il vous prouve immédiatement le contraire en faisant voter quelques surtaxes progressives qui vous ruinent et n’aboutissent à rien (…) Le miracle de la combine, c’est vous qui vous retrouvez en faillite (…) mais le parlementaire a plus d’un tour dans son sac (…)
Le vrai moyen d’acheter un parlementaire, c’est la méthode directe (…) Faut-il l’acheter sur pied ou abattu ? Choisissez la seconde solution (…) Un rapide calcul du niveau de l’école primaire vous met immédiatement à même de vous apercevoir que vivant, c’est encore plus ruineux ».
Boris Vian
Avec l’aimable concours du défenseur des Droits