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Collision entre un bus et un pick-up: Les vacances d’un infirmier réunionnais en Namibie virent au drame

L’accident a fait un mort - une jeune Espagnole - et une vingtaine de blessés. Le conducteur de la voiture est poursuivi pour homicide involontaire. Plus de 5 ans après, il s’est expliqué sur les faits ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Saint-Pierre.

Ecrit par PB – le jeudi 23 février 2023 à 20H40

Les parents de la jeune Espagnole ont remué ciel et terre pour que justice soit rendue, pour que celui qui conduisait le pick-up, un infirmer du CHU de La Réunion, se retrouve face aux juges. 

L’homme de 47 ans était lui aussi en vacances en Namibie ce samedi 12 août 2017. Avec sa compagne et leurs deux enfants, ils circulent sur la route C44. C’est sur cette piste que la collision entre le pick-up loué par la famille et un bus de tourisme se produit. Le bus se renverse. Une jeune Espagnole décède, 15 autres passagers sont grièvement blessés, 6 autres sont blessés légers.

La police procède à des constatations et recueille des témoignages. Ceux-ci vont dans le sens d’une faute de l’infirmier réunionnais qui a effectué une manoeuvre brusque alors que le bus tentait de le doubler. La scène a été particulièrement violente comme en témoignent les photos. A l’intérieur du pick-up écrasé, la famille de l’infirmer dont les deux enfants ne sont, par miracle, que légèrement blessés. Selon les conclusions des enquêteurs, l’arrêt pour voir la girafe et la mauvaise visibilité sont à l’origine de l’accident. Une procédure sur reconnaissance de culpabilité a été initiée par les autorités namibiennes mais le prévenu assure n’avoir jamais reçu la convocation. 

L’homme a d’ailleurs une version des faits différentes. Il roule sur la piste quand il voit une girafe. La famille entreprend de s’arrêter une première fois puis une deuxième fois sur le bas-côté parce les enfants ont faim. Le père de famille en profite donc pour faire le point et décide de faire demi-tour par peur de manquer d’essence. C’est alors qu’il s’apprête à reprendre la route et faire demi-tour que le bus l’aurait percuté. « J’ai vu une masse sombre, l’obscurité », se remémore-t-il. La voiture fait plusieurs rotations, c’est pour cela qu’elle se retrouve sur la piste, assure-t-il. Sa compagne entendu par le tribunal confirme sa version des faits.  

 » Je pense tous les jours à cet accident. Si j’avais fait une faute j’aurais pris mes responsabilités. Je n’ai jamais eu d’accident, j’ai mes 12 points « , fait valoir le prévenu face aux juges. Les témoignages des passagers font eux ressortir une absence d’empathie du chauffeur du pick-up qui ne serait pas venu s’enquérir de l’état de santé des blessés ou du moins tardivement.

« Que justice soit faite » 

La version de l’infirmier soulève de trop nombreuses questions, met en avant Matthieu Chirez, avocat des parents de la jeune victime espagnole. Ces derniers ont tenu à faire le voyage. « Aucune mère ne devrait vivre la douleur de la perte d’un enfant. A ce jour, il ne semble pas se rendre compte d’avoir pris la vie de ce que nous avons de plus précieux », fond en larmes la mère de la victime, traduit un interprète. « Le moment où j’ai vu le cadavre de ma fille, j’ai cru que c’était la fin de ma vie », confie le père, pressant que « justice soit faite ». 

Devançant la plaidoirie de la défense, la procureure affirme que les pièces fournies ont bien « une valeur probante ». Il n’y a pas de girafe, le véhicule n’est pas à l’arrêt et il n’y a pas de mouvement brusque du chauffeur de bus vers la gauche mais un dépassement vers la droite puisqu’on roule à gauche en Namibie, analyse le parquet. Le ministère public reconnait toutefois que ce type de procès pour homicide involontaire « laisse le goût aigre d’un souvenir terrible pour le prévenu et celui d’un soulagement pour la partie civile ». 12 mois de sursis et une suspension de permis de conduire de 8 mois sont requis par le parquet qui note le casier vierge du prévenu. 

Il avait déposé des conclusions demandant l’annulation de la procédure sur la base de la fiabilité des pièces transmises par la partie civile mais son client a voulu s’expliquer, tient à commencer Me Djalil Gangate pour la défense. L’avocat s’attache à soulever les nombreuses suppositions dans le dossier venant du côté des enquêteurs namibiens voire même des incohérences. Des « témoignages qui ne disent pas tous la même chose », un tour opérateur qui n’aurait « pas intérêt à reconnaitre une faute de son chauffeur », une piste dangereuse sur laquelle le chauffeur roulait à 80km/h et enfin des « documents illisibles, incomplets ou incompréhensibles » vont, plaide-t-il, dans le sens de la relaxe. « On ne répare pas un drame par une injustice », lance-t-il en fin de plaidoirie. 

La réponse des juges est attendue le 27 mars.

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