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Collectif des citoyens de Mayotte : « Ras-le-bol de la haine anti-mahorais à La Réunion »

Le Collectif des citoyens de Mayotte a publié un communiqué pour exprimer sa colère face à la montée de haine que subit la communauté mahoraise à La Réunion depuis le début de la crise Covid. Celui-ci rappelle que si les habitants de Mayotte viennent se faire soigner à La Réunion, c’est parce que la santé de l’île aux parfums était pendant longtemps gérée depuis La Réunion, qui a bénéficié de fonds publics pour cela.

Ecrit par GD – le mardi 02 mars 2021 à 14H13

Le communiqué:
 

RAS LE BOL DE LA HAINE ANTI-MAHORAIS A LA REUNION!

Nous souhaitons officiellement protester contre la haine anti-Mahorais qui déferle sur les réseaux sociaux, dans les médias et la bouche de certains élus de la Réunion avec une violence inouïe. La mahophobie réunionnaise est décomplexée : agressions dans les rues, injures, discrimination à l’emploi et autres discours publics de dénigrement visent quotidiennement les Mahorais. Les commentaires racistes au bas des articles de presse en ligne, les appels du public à la radio contre les Mahorais incarnent l’abjection la plus nauséabonde. Il semble que le métissage du peuple « arc en ciel » et son vivre-ensemble s’arrêtent aux cheveux crépus, à la peau noire et aux tenues traditionnelles de Mayotte régulièrement mis à l’index en oubliant le sari ou le salwar kameez  qui se baladent sans encombres… Rappelons que les Mahorais et les Mahoraises sont des Français comme les autres, libres de s’installer sur le territoire national à leur guise, à la Réunion comme ailleurs, et leur accès aux aides et services publics n’est pas une faveur mais un droit. Appeler à l’exclusion, la haine, au viol ou aux ratonnades contre les Mahorais est passible de poursuites judiciaires. Et les élus qui encouragent ces violences sont en rupture avec le pacte républicain.

Cette poussée de mahophobie réunionnaise aigüe dans le contexte de l’épidémie pose question: la santé des Mahorais et des Mahoraises vaut-elle moins que celle de nos compatriotes de la Réunion? Ne sommes nous pas tous Français et égaux ? La solidarité nationale est-elle à sens unique pour la Réunion ?

Les appels à fermer la Réunion aux patients mahorais sont inadmissibles: rappelons aux amnésiques ou élus de mauvaise foi que l’ARS de Mayotte  n’a été créée qu’il y a un an. Ces dernières décennies, toute la santé publique de Mayotte a été décidée et gérée depuis Saint-Denis de la Réunion: le désert médical mahorais qui nous tue en cette période de pandémie est  aussi le fruit de la mauvaise gestion réunionnaise.

Pire, les fonds publics destinés à la santé pour Mayotte ont été investis à la Réunion en prévoyant l’accueil de notre patientèle: c’est à dire que les investissements publics qui ont créé le CHU de la Réunion ont été obtenus en incluant les patients mahorais dans l’équation. Pour mémoire, les médecins spécialistes engagés dans les structures publiques réunionnaises doivent contractuellement travailler en partie pour Mayotte. L’ARS de la Réunion facture à l’ARS de Mayotte chaque évacuation sanitaire, chaque prise en charge de patient mahorais. S’il est inacceptable de remettre en cause cette obligation de soigner les patients mahorais alors que nous sommes entrain de mourir, la situation actuelle souligne l’urgence de remettre en cause cette orientation de la Santé dans l’Océan Indien centrée à La Réunion. Mayotte a besoin d’investissements massifs pour un deuxième hôpital à hauteur des besoins, la formation de soignants Mahorais et une montée en capacités techniques du CHM: nous comptons sur les élus réunionnais pour appuyer cette démarche. Cela changerait.

Nous rappelons enfin que La Réunion construit une partie de sa richesse sur Mayotte qui accueille investisseurs et cadres de l’île Bourbon placés stratégiquement pour se tailler la part du lion. De nombreuses entreprises réunionnaises comme Air Austral, Caillé, CBo Territoria, Prudence Créole, Ravate, Sapmer, Héli Lagon opèrent et font des profits colossaux sur le marché mahorais.

Si La Réunion se gargarise de sa supériorité sur Mayotte, elle peut s’interroger sur le maintien dans le sous développement structurel de l’île aux Parfums en regardant la répartition des fonds publics destinés aux deux départements et dont la gestion est centralisée à Saint-Denis pour le  grand bénéfice de l’Ile Bourbon. Les services publics nationaux sont basés à la Réunion et incluent souvent une antenne à Mayotte pour capter davantage de crédits sans pour autant se déployer sur place à la hauteur des besoins. Paris a choisi de privilégier la tutelle administrative de la Réunion sur Mayotte et cela détermine les investissements publics à la Réunion, le développement massif des infrastructures et des créations d’emplois sur place. Nous constatons que cela se fait systématiquement aux dépens des investissements sur Mayotte et que cela induit une obligation de la Réunion envers Mayotte.  Il faut maintenant l’assumer ou aller au bout de la remise en question que certains politiques réunionnais sous-entendent : Mayotte ne peut que se réjouir d’enfin être traitée dignement.

RA HACHIRI

 

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