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Collapsologie et économie

Avec un de mes contradicteurs, nous avons un différend sur la collapsologie et sur les moyens de faire face au changement climatique. Dans un article récent, sur le site ZINFOS974, Bruno Bourgeon avait tenté de démontrer l’importance de la collapsologie et ses liens avec le champ du politique. [https://www.zinfos974.com/La-collapsologie-interroge-le-politique_a144981.html]urlblank:https://www.zinfos974.com/La-collapsologie-interroge-le-politique_a144981.html   Je tenterais donc de redéfinir […]

Ecrit par Saucratès – le mardi 15 octobre 2019 à 10H37

Avec un de mes contradicteurs, nous avons un différend sur la collapsologie et sur les moyens de faire face au changement climatique. Dans un article récent, sur le site ZINFOS974, Bruno Bourgeon avait tenté de démontrer l’importance de la collapsologie et ses liens avec le champ du politique.
[https://www.zinfos974.com/La-collapsologie-interroge-le-politique_a144981.html]urlblank:https://www.zinfos974.com/La-collapsologie-interroge-le-politique_a144981.html
 
Je tenterais donc de redéfinir la collapsologie et de démontrer en quoi la collapsologie ne peut pas réunir l’ensemble des pistes de solutions, de réflexions, autour de la lutte contre le réchauffement climatique, contrairement à ce que je comprends des arguments de mon contradicteur. 
 
La collapsologie, les collapsologues, partent du principe que le monde tel que nous le connaissons, le monde occidental moderne, va s’effondrer très prochainement si on ne fait rien. Voilà ce que l’on entend par «collapsologie». Et les réponses que l’on peut apporter à un tel diagnostic d’effondrement irrécupérable sont forcément extrémistes. Le principe de la collapsologie, c’est qu’à défaut même de modification de nos comportements, le monde va s’effondrer. Et même si nous modifions drastiquement  nos comportements, le monde risque néanmoins de s’effondrer irrémédiablement. D’où le cri du cœur de Greta Thurnberg vis-à-vis des grands de ce monde. Vous devriez avoir honte de ne rien faire, de n’avoir rien fait.
 
Si on se place du point de vue des collapsologues, elle a totalement raison, ils ont absolument raison. Il faut agir immédiatement. Si on sort de leur point de vue, si on a sort du point de vue de l’effondrement systémique du règne animal et du règne végétal, alors leurs arguments, leurs urgences cessent d’être la seule réponse possible. 
 
Nous nous trouvons face à la confrontation de deux systèmes, de deux mondes incompatibles. D’un côté, le monde des entreprises, de la finance, de l’économie … et de l’autre, le monde des médias, de l’immédiateté, de la science (mais pas de n’importe quelle science, une science longtemps méprisée et ignorée, la climatologie) … une science qui aujourd’hui se trouve placée au centre de toute chose, dont tout est sensé dépendre, la survie de l’humanité, la survie du monde tel que nous le connaissons … une science qui doit démontrer sa supériorité sur les autres sciences, son statut scientifique, inattaquable … la perfection et la justesse de ces analyses. 
 
L’économie, la finance et le monde des entreprises n’ont rien à voir avec les oukases des grands prêtres et des grandes prêtresses de la fin du monde, de la collapsologie. Le fonctionnement du marché est sensé être capable de réagir, de prévoir, d’intégrer à travers les phénomènes de prix et de rzreté les conséquences du réchauffement climatique. Les prix sont sensés parfaitement refléter, réfléchir les dysfonctionnements, les impacts de l’activité productive ou de consommation, la génération d’effets pervers, d’externalités negatives liées à l’activité humaine.
 
Et je suis un partisan, en tant qu’économiste, de cette façon de voir, de cette approche. Si demain, la population des pays en développement se mettait massivement à consommer de la viande de bœuf, faisant exploser la production de méthane et la consommation d’aliments pour bétail, le prix des aliments et le prix du bœuf grimperait vraisemblablement à des niveaux très élevés, décourageant la consommation pour nombre de consommateurs. En cas d’afflux de la demande, les prix liés à une offre insuffisante conduirait forcément à une hausse des prix et des marges des producteurs, nonobstant certaines imperfections du marché (il n’y aurait pas forcément d’impact immédiatement à La Réunion, du fait de l’impossibilité pour les agriculteurs réunionnais d´exporter leur viande en Inde ou en Chine … mais les prix se renchériraient forcément parallèlement aux prix mondiaux). 
 
Ceci ci est un exemple simple, mais central dans les analyses des collapsologues. La viande de bœuf étant l’une des viandes animales les plus émettrices de gaz à effet de serre. Les principes de l’économie, de la finance, veulent qu’un marché est capable d’autorégulation, jusqu’à un certain point, et que les mécanismes de constitution des prix sont susceptibles d’integrer, d’internaliser, les conséquences, les effets pervers, le cout des externalités causés par le fonctionnement de l’économie. 
 
Pour la collapsologie, il existe un seuil au-delà duquel le système naturel, le système économique vont s’effondrer. Autant l’approche des économistes, des financiers repose sur un système itératif, autoregulé … autant l’approche des collapsologues part du principe que le gouffre est proche, tout près de nous engloutir. D’où l’urgence qui dicte leurs actions, leur diagnostic, l’obligation moral de réagir, d’agir, sauf à être coupable d’inaction, de complaisance. 
 
Je ne crois pas en l’infaillibilité de l’économie et de la finance. La crise financière de 2007-2009 est là pour nous rappeler que la finance et l’économie ne savent pas toujours diagnostiquer la relatié de la situation d’une economie, et que les marchés ne sont pas toujours capables de s’autoréguler par eux-mêmes, sans intervention de l’Etat. La crise de 2007-2009 a pu être dépassée, surmontée, en raison des actions concertée des banques centrales et des gouvernements occidentaux ou des pays développés. Les marchés eux-mêmes avaient échoué à empêcher la croissance d’une bulle financière et à conjurer son explosion et les conséquences catastrophiques de cette explosion. 
 
Il ne s’agissait certes que d’une crise financière systémique, pas d’un effondrement complet de notre système économique. Pourtant, le système des prix fonctionne réellement. Ce système peut sous-estimer certains risques, comme il a sous-estimé le risque non-remboursement des crédits subprimes americains en 2007-2009, et comme il peut vraisemblablement sous-estimer les risques d’effondrement de notre économie et les conséquences de cet effondrement. Mais je pense que comme pour la crise financière de 2007-2009, la conjonction des phenomenes de marchés, des législations étatiques des actions concertées des États et des banques centrales seront forcément capables d’intervenir, d’interférer sur les comportements des consommateurs et des agents économiques afin de les conduire à modifier leurs comportements. 
 
Je crois donc qu’il n’est nul besoin de culpabiliser les consommateurs, les utilisateurs et les usagers des biens «interdits» par la morale collapsologieuse. Le marché et les taxes devraient suffire à réguler les comportements des consommateurs dans nos pays et dans le monde entier. La vraie question est de savoir si il est utile d’imposer des taxes insurmontables sur toutes les avtivités que les collapsologues, les grands pretres et les grandes pretresses de l’apocalypse approchant estiment indispensables ?
 
La collapsologie et les grands prêtres et grandes prêtresses (comme Greta Thurnberg) qui s’affichent comme leurs grands défenseurs, présentent un principal tord à mes yeux : l’usage de la condamnation morale, de la condamnation médiatique. Et la volonté d’imposer leurs principes comme normes générales. Mon autre contradicteur AMA a beau contesté leur absence de police pour représenter un danger, un risque, ce n’est pas suffisant. À leurs yeux, leurs principes ont valeur de lois. Il suffit de se rappeler Greta Thurnberg s’adressant aux plus riches et leur signifiant que les avions et helicopteres qui avaient servi à les transporter représentaient une consommation coupable. Comme elle, ils eussent dû utiliser le train. Les principes de l’économie ont le mérite d’échapper à la condamnation morale facile. La détermination d’un prix permet de déterminer qui peut et qui ne peut pas se payer un billet d’avion. Idem pour l’utilisation d’un hélicoptère. Les prix doivent refléter les coûts d’un tel voyage et intégrer les externalites nées de l’impact sur le réchauffement climatique induit. Il faudra vraisemblablement le vote de lois internationales pour que toutes les compagnies aériennes, toutes les compagnies de transport, tous les fabricants de vehicules, intègrent dans leurs prix l’impact de leurs activités en matière de réchauffement climatique. Mais tout ceci demeure dans le principe de la science économique. 
 
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