L’association Solidarité Inter-génération (ASIG) alerte à nouveau l’opinion sur l’incompréhension judiciaire que dit subir aujourd’hui une famille des Colimaçons Saint-Leu. Les frères et soeurs Elie demeurent sous la menace d’une expulsion de leur case construite par leur père sur un terrain agricole qu’il exploitait depuis les années 50 en tant que « colon ».
A l’âge d’or de la canne à sucre et du géranium, leur père Georges avait bénéficié d’un « bail à colonat partiaire » qui lui permettait d’exploiter une parcelle agricole, et d’habiter sur place en contrepartie d’un versement en parts de récolte. Un système de rétribution archaïque qui concernait encore 380 petits planteurs jusqu’en 2010 avant sa disparition et sa transformation en bail à ferme.
Mais voilà, dans les années 80, la globalité de la parcelle est vendue sans qu’à aucun moment Georges Elie et sa famille n’en soient informés. « Une banque a vendu le terrain sans même nous avertir. Le terrain n’avait pas été préempté. A partir de là, tous les problèmes ont commencé avec la justice qui ne voulait rien entendre. On payait nos taxes et le notaire a justifié que la maison appartenait bien à Monsieur Elie Georges, cela n’a pas empêché à Monsieur B. (…) de dire : j’achète et j’en fais mon affaire personnelle », soutient l’une des soeurs Elie.
En tant qu’occupant des lieux avec comme titre un bail à colonat et en s’acquittant de leurs taxes, les enfants de George Elie estiment qu’ils auraient dû être informés de la mise en vente du terrain pour pouvoir prétendre l’acheter. Et c’est ce qu’ils espèrent toujours puisqu’ils sont, disent-ils, en capacité d’acheter la maison construite par leur père, décédé depuis.
Le 28 juin 2005, le tribunal paritaire des baux ruraux avait ordonné la résiliation du bail et l’expulsion des enfants au décès de leur père. Mais pour sa fille Marie-Josée, qui avait repris l’exploitation à la retraite de son père, cette décision n’aurait jamais dû être prise car c’est à son nom que le bail s’était perpétué, confirme encore aujourd’hui son frère, Jean-Paul.
En septembre 2014, la menace se précise. La sous-préfète de Saint-Paul enjoint à la famille de quitter les lieux. Puis, le 20 février dernier, le juge de l’exécution se calque à son tour sur la décision du tribunal. « C’est une sorte de mafia là dedans », lâche Jean-Paul, par ailleurs accablé par le cancer qui ronge sa soeur Marie-Josée. La famille ne demande qu’à pouvoir vivre dans la maison bâtie par leur père et n’a aucune vue sur le reste des 20 hectares acquis par le nouveau propriétaire.
Les frères et soeurs ne plient pas. Lundi dernier, leur avocat devait déposer un nouveau recours contre cet avis d’expulsion. En raison de la grève de la SRPP, cette formalité sera finalement effectuée ce lundi 9 mars devant le tribunal de Saint-Pierre.
Le 20 février, le juge de l’exécution donne raison aux acquéreurs :