Les 9 présidents des RUP avaient tout d’abord rendez-vous dans la matinée avec Corina Cretu au siège de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG), à Cayenne. Ils se sont tour à tour exprimés au cours de cette session partenariale sur les "avancées significatives" obtenues par les RUP auprès de la Commission européenne, qui dans sa dernière communication, s’est notamment engagée à adapter à ces régions l’ensemble de ses politiques, de ses programmes et de son droit.
Didier Robert inquiet par "l’insécurité constante générée par la multiplication des accords commerciaux"
Satisfaits de la nouvelle direction prise par Bruxelles dans le traitement de leurs problématiques, ils ont néanmoins relevé quelques pistes sur lesquelles Bruxelles doit encore leur apporter des garanties, comme le maintien de l’octroi de mer, le maintien d’un régime spécifique pour les RUP, l’élargissement du POSEI au secteur de la pêche, la possibilité de mener des coopérations transnationales et transfrontalières ou encore l’exclusion des sucres spéciaux dans les accords commerciaux de libre-échange.
Pour le président de la Région Réunion, Didier Robert, "l’insécurité constante générée par la succession et la multiplication des accords commerciaux nous exposent plus que d’autres à un coût social et économique très élevé". Selon lui, la politique de concurrence devra mieux tenir compte "d’un vrai contexte de compétition mondiale auquel nos régions sont directement exposées dans leur zone géographique respective". Sur tous ces points, Didier Robert estime qu’il faut "s’assurer que toutes les politiques participent à la même logique et se développent au même rythme".
Younous Omarjee : "Consommer tous les fonds alloués"
Présent au cours de la clôture de cette conférence des RUP, le député européen Yonous Omarjee a lui sévèrement critiqué la relation de la France avec ses régions ultramarines, qui doit être "refondée". L’eurodéputé réunionnais a rappelé que si la France est avec l’Allemagne le pays le plus riche de l’Union européenne, il est également le pays qui comptait en son sein les régions les plus pauvres d’Europe. "L’Union européenne n’est pas compétente sur tous les sujets comme la santé, la sécurité, la question de l'immigration ou encore l’éducation", indique-t-il, appelant la France "à ses responsabilités".
Autre critique adressée par Younous Omarjee, à destination des présidents des RUP cette fois-ci. Il appelle ces derniers "à sauver la politique régionale" en consommant tous les fonds européens qui leur sont alloués.
Si "tout n’est pas parfait" reconnaît Corina Cretu, certaines solutions ont "déjà été trouvées" dans la nouvelle stratégie européenne vis-à-vis de ses RUP. "Soyez assurés quelle reflétera notre sincérité et sera conforme à vos besoins et à vos attentes", martèle la représentante de Bruxelles. Selon elle, la situation des RUP, qui est actuellement vue comme "un handicap", pourrait à terme devenir "une opportunité" avec le développement de l’économie bleue, de l’économie circulaire ou du secteur des énergies renouvelables, "pas assez développés dans vos régions".
Corina Cretu : "J’étais très pessimiste au début de mon mandat"
Sur la question du chômage, Corina Cretu a estimé qu’il n’était "pas une fatalité" dans les régions ultrapériphériques. Elle appelle ces dernières "à relever ce défi" en ayant plus d’ambition dans le domaine de la recherche, en particulier dans le domaine de l’énergie bleue et des énergies durables. "Je pense que nous ouvrons une nouvelle ère dans notre partenariat. J’étais très pessimiste au début de mon mandat mais je sens maintenant une vraie volonté d’unité avec la nouvelle stratégie élaborée", termine la commissaire européenne.
Après une pause à la mi-journée, la seconde partie de la clôture de cette conférence des RUP a repris dans l’après-midi au CTG avec la présence du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et Emmanuel Macron, président de la République. La présence simultanée d’un chef d’Etat et de la plus haute autorité européenne est une grande première pour une conférence des RUP.
Juncker : "Je ne suis pas le frère du père Noël"
Premier à prendre la parole, Jean-Claude Juncker a tout d’abord rappelé que la nouvelle stratégie mise en place par la Commission est le fruit des "propositions concrètes" apportées par les régions dans le Mémorandum. Il a également insisté sur le fait que cette stratégie doit être mise en oeuvre sans aucun accroc avec les Etats, les régions et l’Europe. Sur ce point, il a "apostrophé" le président français, provoquant un fou rire dans l’assemblée en affirmant qu’il n’était "pas le frère du père Noël". Un moyen pour lui de rappeler à Emmanuel Macron que si la France "ne pouvait pas tout faire", "la Commission européenne non plus".
"Je crois aussi qu’en dépit des milliers de kilomètres qui séparent les RUP de l’Union européenne, vous appartenez à 100% à l’Europe", a-t-il lancé, avant de lancer une véritable déclaration d’amour à l’attention des RUP, un terme qu’il souhaiterait voir à terme "disparaître" : "Sans vous l’UE serait moins riche, moins influente, moins puissante, moins tournée vers l'avenir. En un mot : elle ne serait pas complète (…) Vos régions représentent 80% de la biodiversité européenne et sans vous, elle aurait moins de couleurs, de verdure, d’enthousiasme. Grâce à vous, le soleil ne se couche jamais sur l’UE".
Avant de laisser la parole à Emmanuel Macron, le président de la Commission européenne a martelé auprès des présidents des RUP qu’à chaque fois que l’une d’elles "le trouvera nécessaire", l’Europe déploiera une "task force" pour l’aider à surmonter ses problèmes.
Très attendu, Emmanuel Macron n’a pas déçu les présidents présents dans l’hémicycle. Durant 34 minutes, le chef de l’Etat a prononcé un véritable plaidoyer pour une Europe "souveraine, unie et démocratique qui se construit avec ses régions ultrapériphériques".
E. Macron réaffirme son "amour" pour les territoires ultramarins
Dans son discours, Emmanuel Macron a relevé trois axes de travail sur le partenariat renouvelé entre Bruxelles et ses RUP. La première est la réussite économique, qui passe par un développement du secteur privé et des PME et à un assouplissement des règles de concurrence dans ces territoires. Le locataire de l’Elysée a réaffirmé que les 15 milliards d’euros alloués à la formation professionnelle et à la garantie jeunes "seront fléchés vers nos RUP en particulier".
Deuxième axe important pour le Président de la République : un assouplissement des normes aux différents contextes régionaux de ces territoires. Il a pour cela cité l’article 349 du traité FUE, en demandant à ce qu’il soit appliqué de manière plus innovante, sans oublier la prise en compte de l’arrêt Mayotte. Enfin, Emmanuel Macron a appelé à la "responsabilité partagée" entre l’Europe et ses RUP avec une plus grande cohérence des différentes politiques publiques. "Cette inscription des régions ultrapériphériques dans leur environnement régional pourrait être encouragée par des outils de simplification".
Le chef de l’Etat a terminé son plaidoyer en réaffirmant son "amour" pour les territoires ultramarins : "J’aime tous ces territoires que vous représentez parce qu’ils portent nos valeurs, notre fierté, notre jeunesse (…) Dites-vous bien que vous êtes au coeur de l’Europe (…) parce que les territoires dits ultrapériphériques c’est l’Europe plus grande qu’elle. C’est l’Europe d’une jeunesse, d’une ambition à repenser ».
Didier Robert inquiet par "l’insécurité constante générée par la multiplication des accords commerciaux"
Satisfaits de la nouvelle direction prise par Bruxelles dans le traitement de leurs problématiques, ils ont néanmoins relevé quelques pistes sur lesquelles Bruxelles doit encore leur apporter des garanties, comme le maintien de l’octroi de mer, le maintien d’un régime spécifique pour les RUP, l’élargissement du POSEI au secteur de la pêche, la possibilité de mener des coopérations transnationales et transfrontalières ou encore l’exclusion des sucres spéciaux dans les accords commerciaux de libre-échange.
Pour le président de la Région Réunion, Didier Robert, "l’insécurité constante générée par la succession et la multiplication des accords commerciaux nous exposent plus que d’autres à un coût social et économique très élevé". Selon lui, la politique de concurrence devra mieux tenir compte "d’un vrai contexte de compétition mondiale auquel nos régions sont directement exposées dans leur zone géographique respective". Sur tous ces points, Didier Robert estime qu’il faut "s’assurer que toutes les politiques participent à la même logique et se développent au même rythme".
Younous Omarjee : "Consommer tous les fonds alloués"
Présent au cours de la clôture de cette conférence des RUP, le député européen Yonous Omarjee a lui sévèrement critiqué la relation de la France avec ses régions ultramarines, qui doit être "refondée". L’eurodéputé réunionnais a rappelé que si la France est avec l’Allemagne le pays le plus riche de l’Union européenne, il est également le pays qui comptait en son sein les régions les plus pauvres d’Europe. "L’Union européenne n’est pas compétente sur tous les sujets comme la santé, la sécurité, la question de l'immigration ou encore l’éducation", indique-t-il, appelant la France "à ses responsabilités".
Autre critique adressée par Younous Omarjee, à destination des présidents des RUP cette fois-ci. Il appelle ces derniers "à sauver la politique régionale" en consommant tous les fonds européens qui leur sont alloués.
Si "tout n’est pas parfait" reconnaît Corina Cretu, certaines solutions ont "déjà été trouvées" dans la nouvelle stratégie européenne vis-à-vis de ses RUP. "Soyez assurés quelle reflétera notre sincérité et sera conforme à vos besoins et à vos attentes", martèle la représentante de Bruxelles. Selon elle, la situation des RUP, qui est actuellement vue comme "un handicap", pourrait à terme devenir "une opportunité" avec le développement de l’économie bleue, de l’économie circulaire ou du secteur des énergies renouvelables, "pas assez développés dans vos régions".
Corina Cretu : "J’étais très pessimiste au début de mon mandat"
Sur la question du chômage, Corina Cretu a estimé qu’il n’était "pas une fatalité" dans les régions ultrapériphériques. Elle appelle ces dernières "à relever ce défi" en ayant plus d’ambition dans le domaine de la recherche, en particulier dans le domaine de l’énergie bleue et des énergies durables. "Je pense que nous ouvrons une nouvelle ère dans notre partenariat. J’étais très pessimiste au début de mon mandat mais je sens maintenant une vraie volonté d’unité avec la nouvelle stratégie élaborée", termine la commissaire européenne.
Après une pause à la mi-journée, la seconde partie de la clôture de cette conférence des RUP a repris dans l’après-midi au CTG avec la présence du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et Emmanuel Macron, président de la République. La présence simultanée d’un chef d’Etat et de la plus haute autorité européenne est une grande première pour une conférence des RUP.
Juncker : "Je ne suis pas le frère du père Noël"
Premier à prendre la parole, Jean-Claude Juncker a tout d’abord rappelé que la nouvelle stratégie mise en place par la Commission est le fruit des "propositions concrètes" apportées par les régions dans le Mémorandum. Il a également insisté sur le fait que cette stratégie doit être mise en oeuvre sans aucun accroc avec les Etats, les régions et l’Europe. Sur ce point, il a "apostrophé" le président français, provoquant un fou rire dans l’assemblée en affirmant qu’il n’était "pas le frère du père Noël". Un moyen pour lui de rappeler à Emmanuel Macron que si la France "ne pouvait pas tout faire", "la Commission européenne non plus".
"Je crois aussi qu’en dépit des milliers de kilomètres qui séparent les RUP de l’Union européenne, vous appartenez à 100% à l’Europe", a-t-il lancé, avant de lancer une véritable déclaration d’amour à l’attention des RUP, un terme qu’il souhaiterait voir à terme "disparaître" : "Sans vous l’UE serait moins riche, moins influente, moins puissante, moins tournée vers l'avenir. En un mot : elle ne serait pas complète (…) Vos régions représentent 80% de la biodiversité européenne et sans vous, elle aurait moins de couleurs, de verdure, d’enthousiasme. Grâce à vous, le soleil ne se couche jamais sur l’UE".
Avant de laisser la parole à Emmanuel Macron, le président de la Commission européenne a martelé auprès des présidents des RUP qu’à chaque fois que l’une d’elles "le trouvera nécessaire", l’Europe déploiera une "task force" pour l’aider à surmonter ses problèmes.
Très attendu, Emmanuel Macron n’a pas déçu les présidents présents dans l’hémicycle. Durant 34 minutes, le chef de l’Etat a prononcé un véritable plaidoyer pour une Europe "souveraine, unie et démocratique qui se construit avec ses régions ultrapériphériques".
E. Macron réaffirme son "amour" pour les territoires ultramarins
Dans son discours, Emmanuel Macron a relevé trois axes de travail sur le partenariat renouvelé entre Bruxelles et ses RUP. La première est la réussite économique, qui passe par un développement du secteur privé et des PME et à un assouplissement des règles de concurrence dans ces territoires. Le locataire de l’Elysée a réaffirmé que les 15 milliards d’euros alloués à la formation professionnelle et à la garantie jeunes "seront fléchés vers nos RUP en particulier".
Deuxième axe important pour le Président de la République : un assouplissement des normes aux différents contextes régionaux de ces territoires. Il a pour cela cité l’article 349 du traité FUE, en demandant à ce qu’il soit appliqué de manière plus innovante, sans oublier la prise en compte de l’arrêt Mayotte. Enfin, Emmanuel Macron a appelé à la "responsabilité partagée" entre l’Europe et ses RUP avec une plus grande cohérence des différentes politiques publiques. "Cette inscription des régions ultrapériphériques dans leur environnement régional pourrait être encouragée par des outils de simplification".
Le chef de l’Etat a terminé son plaidoyer en réaffirmant son "amour" pour les territoires ultramarins : "J’aime tous ces territoires que vous représentez parce qu’ils portent nos valeurs, notre fierté, notre jeunesse (…) Dites-vous bien que vous êtes au coeur de l’Europe (…) parce que les territoires dits ultrapériphériques c’est l’Europe plus grande qu’elle. C’est l’Europe d’une jeunesse, d’une ambition à repenser ».