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Citoyens réveillons nous ! Ce n’est ni la mère patrie ni l’Europe qui nous sauveront

Ni nos députés européens fraîchement élus, ni la presse n’en ont parlé, sans doute pour ne pas ajouter une crise à la crise et détourner définitivement les gogos d’électeurs vers Marine.   Pourtant le jugement  de la  Cour  suprême allemande, l’équivalent  de notre  Conseil  constitutionnel, du 5 mai dernier restera  dans les annales de la  construction européenne.    La  Cour de Karlruhe a contesté le  droit de la  Banque  Centrale  […]

Ecrit par Pierre BALCON – le mardi 26 mai 2020 à 11H48
Ni nos députés européens fraîchement élus, ni la presse n’en ont parlé, sans doute pour ne pas ajouter une crise à la crise et détourner définitivement les gogos d’électeurs vers Marine.
 
Pourtant le jugement  de la  Cour  suprême allemande, l’équivalent  de notre  Conseil  constitutionnel, du 5 mai dernier restera  dans les annales de la  construction européenne. 
 
La  Cour de Karlruhe a contesté le  droit de la  Banque  Centrale  Européenne à sortir  de sa mission en  rachetant , depuis  2015,  des titres  portant sur l’équivalent de  2000 milliards d’euros .
 
Il fallait  vite  circonscrire l’incendie  . La Cour de Justice de l’UE  s’y  est employée en déclarant trois jours plus tard qu’elle était la seule compétente pour juger de l’action de la BCE. 
 
N’empêche,  il  y avait le feu à la maison et il fallait  sortir la grande  échelle.
 
Nos  deux pompiers de service ,Macron – Merkel ,  se sont  précipités  sur les lieux  du drame mais  avec un bien petit  camion. Ils  ont  proposé  la création temporaire, d’un fonds  doté de 500 milliards d’euros pour surmonter la crise du coronavirus. La grande nouveauté  était  que,  pour rassembler cette somme, c’était  l’Union européenne  qui  allait  devoir emprunter sur les marchés financiers . 
 
Bien sûr, le chiffre de 500 milliards pouvait donner  l’impression d’un « effort colossal  », pour reprendre les mots de la chancelière allemande. 
 
Mais il faut relativiser. D’abord, le PIB de l’UE tourne autour de 15 000 milliards d’euros. Le fonds proposé n’en représentait donc que 3%,  alors que les pays mettent en un an   à titre domestique, 10 ou 20% de leur propre  PIB sur la table pour relancer leur économie : l’Allemagne a ainsi  engagé, seule,  995 milliards d’euros d’aides publiques ; la France a engagé , de son  côté  et  pour son  propre  compte,  environ 400 milliards d’aides publiques pour lutter contre la crise. 
 
De l’autre côté de l’Atlantique  les choses  sont prises  avec  plus de sérieux et on y voit les choses en plus grand: le CARES Act vient d’être signé par l’affreux  Donald . Un  plan de sauvetage massif de l’économie américaine d’un montant supérieur à 2.000 milliards de dollars (1.842 milliards d’euros).
 
L’ initiative européenne  franco allemande , bien que dérisoire,  a  fait  long  feu.
 
Les «quatre pays frugaux», et qui ont  plus sagement  su gérer  l’épidémie , (Pays-Bas, Autriche, Suède et Danemark) ont adressé samedi matin 23 mai à la Commission européenne  une proposition  alternative, aux antipodes de ce que souhaitent Paris et Berli : ils rejettent le principe des dettes mutualisées et l’option selon laquelle le soutien de l’UE aux pays les plus affectés par la crise du coronavirus prendrait la forme de dons comme le souhaitaient Paris et Berlin . Ils sont  même allés  plus loin  en  posant, par ailleurs, leurs conditions en ce qui concerne le budget européen pour la période 2021-2027 (1) . Ce budget est  déjà  fortement  écorné  par le départ  de Londres qui  obligera  les États  membres   à sacrifier   la  politique  agricole  commune  ( baisse de  14 % )  , dont bénéficie largement  la  France et La Réunion ,  et  donc  le  soutien à nos productions. Hors de question pour eux d’augmenter   le  budget  européen pour  tenir compte de la crise du coronavirus. ! 
 
On peut  compter  sur nos florentins  de Bruxelles pour sauver la face  et trouver un compromis  avec les récalcitrants . 
 
Mais ne nous faisons pas  d’illusions . Ce n’est pas ce qui restera de  ce plan qui sera  de nature  à sauver  nos économies sinistrées.
 
Pouvons  nous alors attendre  notre salut  de Bercy ? 
 
Nous serions  bien naïfs  d’y compter . Les caisses de l’Etat  sont  vides  et  les chèques  signés au plus fort  de la  crise devront être  honorés. Notre Ministre des Finances  va  vite  retrouver  ses esprits.  
 
On sait  que dans le partage  ce ne seront pas  les plus nécessiteux  qui  émargeront   mais  ceux  qui  sont près du  coffre .
 
A  La  Réunion  , sidérés  par le matraquage  médiatique ,   et  les yeux  rivés chaque  soir    sur  les chiffres  morbides  des nouveaux  contaminés , nous  n’avons pas  pris  conscience  de l’ampleur  de la tragédie  économique  qui  est  en train  de se nouer et sommes incapables de faire entendre  notre   voix  . 
 
Ce sont   plus  de 20 000 emplois  qui  se trouvent  menacés , notamment  dans les secteurs  de l’hôtellerie  , de la restauration  , du  tourisme ,   des transports . 
 
Faudra-t-il nous en remettre  au dérisoire  appel de  Patrick Karam et  de ses joyeux  saltimbanques  pour ouvrir .les  yeux  de Mme Girardin et les poches  de Bruno Le maire . 
 
L’ancien délégué  interministériel  de Sarkosy propose un « plan d’investissements massifs »  se résumant   à ne plus payer  d’impôts  ni de charges sociales . Ce genre de revendication  n’a  généralement  pas  d’écho  auprès  de nos  inspecteurs  des finances.  Il ferait  mieux  de proposer  de basculer  tous les DOM dans  l’article   74 de notre  Constitution. Ce serait plus  cohérent ! 
 
Plus modestement  , j’ai  suggéré  que nous mettions  en œuvre  un vaste  plan  de départ  anticipé   à la retraite  pour sauver  notre jeunesse du désastre . Mais  manifestement  les esprits  sont ailleurs . Chacun veut sauver  sa peau et ses bronches . 

Trois petites  consolations pour ces temps  troublés : 

 
les offices reprendront dès  qu’aura  été réglée l’épineuse  question de  l’eucharistie  non contaminante ,
Macron a  téléphoné  à Bigard   pour le rassurer  sur la date prochaine d’ouverture  des bars  où on pourra  communier  sous les deux  espèces ;
le nombre  de nouvelles contaminations  en France du  Covid, bien loin  de s’envoler après  le  déconfinement , continue  de régresser en Métrople comme  à La Réunion   , preuve  qu’on aurait  peut  être  pu  nous laisser  sortir  plus  tôt , parce  qu’il n’est  pas  exclu   que  c’était  l’enfermement ,  plus que le virus  , qui rendait les gens malades. 
 
(1) notons  au passage  que la programmation  des fonds  européens  pour la période2021-2027 est déjà arrêtée et que nos futurs élus  municipaux  seraient bien naïfs de croire  qu’ils pourront  la modifier à leur guise. Exit donc le projet de tram train de la CINOR  – Ville de Saint Denis  (TAO) contre celui de la Région (Run rail). 

 

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