Si les tensions entre les deux familles remontent à longtemps, c’est le 26 septembre 2020 que l’étape de la violence est franchie. Sandra nettoie simplement la location saisonnière qu’elle loue, mais le fait en pleine nuit avec la musique à plein régime. Vers 1h du matin, la famille voisine finit par appeler les gendarmes pour le tapage.
Lorsque les militaires arrivent sur les lieux, Sandra réalise qu’elle a oublié d’éteindre la musique dans la maison de location et va l’éteindre. Cependant, elle refuse de présenter ses papiers d’identité. La tension monte, mais les gendarmes préfèrent repartir, tout en restant sur le qui-vive.
Une décision judicieuse puisque Sandra se rend chez ses voisins pour leur reprocher d’avoir appelé les gendarmes. Elle jure de tuer la famille, dont les enfants, avant de jeter une poubelle sur la tête de la voisine et de menacer de mettre le feu à la maison.
Les gendarmes reviennent en urgence et tentent de calmer la sexagénaire. Celle-ci file dans sa cuisine pour se munir d’un couteau qu’elle menace d’utiliser contre elle. De plus, elle refuse catégoriquement de signer le papier de convocation pour une future audition. Le tout sous un flot d’insultes digne d’une grossiste en poissonnerie.
Les gendarmes conseillent à la famille de déposer plainte, ce qui sera fait.
Round 2
Le 19 novembre suivant, les militaires se rendent chez Sandra pour lui rappeler qu’elle est convoquée à la gendarmerie. Connaissant le caractère de la mise en cause, ils préfèrent y aller à quatre. Encore une fois, c’est un torrent d’insultes qui les attend.
À peine les gendarmes se sont-ils éloignés que Sandra veut aller en découdre avec les voisins. Elle va les insulter et les menacer à nouveau avant de repartir. Au passage, elle met un coup de poing dans la boîte aux lettres.
Les militaires reviennent et la colère de la Cilaosienne atteint son paroxysme. Elle tente d’abord de se jeter sous un bus qui passe, mais heureusement, celui-ci parvient à s’arrêter à temps. Sandra part se réfugier chez elle et s’accroche à une table pour ne pas être interpellée. Les gendarmes finissent par se décider à employer la force pour la maîtriser et la plaquent au sol pour la menotter.
Les forces de l’ordre ont tant de mal à la maîtriser qu’ils appellent les pompiers. Ces derniers doivent lui injecter un calmant. C’est finalement arrivée à l’hôpital qu’elle commence à se calmer.
Les voisins ont préféré s’éloigner de la maison durant six mois.
« Vous n’êtes pas folle, mais vous êtes très obtuse »
À la barre du tribunal, Sandra tente de se contenir, mais n’y arrive pas toujours. Elle coupe sans cesse la parole aux magistrats et avocats lorsque les débats ne lui plaisent pas. « Vous n’êtes probablement pas folle, mais vous êtes très obtuse », finit par lui dire le juge.
Chose rare, un des gendarmes présents est descendu de Cilaos pour témoigner. « J’ai 20 ans de carrière et je n’ai jamais vu autant d’insultes et d’hystérie de la part d’une personne. Elle était dans un état de folie extrême », témoigne-t-il.
Me Brigitte Hoarau, qui défend les victimes, souligne que « la prévenue ne reconnaît rien. C’est une voisine qui pourrit la vie de ses voisins. Ils ont vécu l’enfer, les enfants ne veulent plus sortir de peur de la croiser ». Elle explique les troubles psychologiques que cette histoire a développés chez les enfants, dont la fille est à présent suivie de manière constante suite au développement d’une pathologie.
Un point important que met en avant la procureure : « Elle a une colère très forte en elle, mais derrière cette colère, elle crée des traumas. Il est essentiel que ces faits s’arrêtent », explique-t-elle avant de requérir 6 mois de prison avec sursis, une obligation de soins et l’interdiction d’entrer en contact avec les victimes.
« Il y a un trop-plein »
Me Béatrice Fontaine a dû intervenir à plusieurs reprises pour tempérer sa cliente. Lors de sa plaidoirie, elle explique que cette colère est due aux gestes qu’elle a faits en faveur de ses voisins lors de leur arrivée et dont elle se sent injustement récompensée.
De plus, la robe noire explique la situation familiale dans laquelle se trouve sa cliente. Son mari étant tétraplégique, elle doit lui prodiguer des soins toutes les deux heures, nuit et jour. « Il y a un trop-plein. Tout ceci est arrivé parce qu’elle ne dort pas. Elle doit être H24 avec son mari. Quand elle a demandé de l’aide aux institutions, elle a obtenu une fin de non-recevoir », indique-t-elle avant de préciser que les experts médicaux ont diagnostiqué chez sa cliente un état de stress intense et des réactions anxio-dépressive.
Malgré ces explications, elle est condamnée à six mois de prison avec sursis. Elle doit de plus verser environ 7.500 euros de dédommagements pour les préjudices commis envers les différentes victimes. Enfin, elle a interdiction d’entrer en contact avec ses voisins pendant une durée de 3 ans.
* Prénom d’emprunt