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Chronique du football péi : Les pionniers du haut niveau

Les années 2010 ont vu l’éclosion de plusieurs Réunionnais dans le monde du football. Si certains ont eu la chance de revêtir la tunique bleue, d’autres ont connu d’incroyables carrières au sein de leurs clubs respectifs. Ces joueurs ont permis de placer La Réunion sur la carte du football français en partant de la formation locale. Avant d’aborder les moyens que se donnent les institutions réunionnaises pour assurer une relève pérenne, retour sur ces joueurs retirés du circuit professionnel qui ont marqué l’histoire.

Ecrit par 1776023 – le lundi 05 décembre 2022 à 11H09

Devenir footballeur professionnel fait rêver bien des enfants à travers le monde. Nombreux sont ceux qui se sont imaginés vivre un match de Coupe du monde lors de parties endiablées durant la récréation. Mais si le talent et la motivation sont là, la possibilité d’arriver à atteindre ses rêves est également une question de chance. Car à niveau égal, un jeune de région parisienne a plus de chance de se faire repérer qu’un Ultramarin.

Les footballeurs réunionnais sont très longtemps restés sous les radars du football professionnel. Là où les Antilles (Marius Trésor, Jocelyn Angloma, Lilian Thuram, Thierry Henry), la Nouvelle-Calédonie (Christian Karembeu), la Polynésie française (Pascal et Marama Vahirua), la Guyane (Bernard Lama, Florent Malouda, Jean-Claude Darcheville) ont eu d’illustres représentants durant les années 80-90, La Réunion a eu peu de porte-drapeaux au siècle dernier. 

Une absence de présentation qui semble aujourd’hui lointaine avec des joueurs et des joueuses qui évoluent dans les compétitions les plus prestigieuses. Mais si les footballeurs péi sont à présent considérés à leur juste valeur, c’est grâce à un travail de fond des instances réunionnaises, à la passion des éducateurs, mais surtout grâce à des pionniers qui ont permis de faire découvrir que l’océan Indien avait un potentiel footballistique, aidé par nos cousins mauriciens (Vikash Dhorasoo), malgaches (Éric Rabesandratana) et mahorais (Toifilou Maoulida).

Grâce au talent de quelques pionniers, un marmaille qui prend sa licence de poussin à Cilaos ou Bras-Panon peut dorénavant rêver de briller dans les plus grands stades du monde. Petit tour d’horizon de ces joueurs qui sont partis des clubs locaux pour atteindre l’élite du football français.

Jean-Pierre Bade : Le bâtisseur

Si le football réunionnais devait avoir un synonyme, ce serait Jean-Pierre Bade. Avant de devenir l’iconique entraîneur qui remporte des titres avec chaque équipe qu’il dirige, le natif de Saint-Louis a été le premier à sauter la mer pour devenir joueur professionnel dans l’élite française.

Formé à Saint-Louis, le latéral gauche est recruté par le Red Star en 1977, qui évolue alors en 2e division. L’année suivante, il est transféré au RC Lens qu’il aide à remonter en 1re division. Durant six saisons, il fera les beaux jours des sangs et ors. En 1984, il prend la direction de Marseille. Jean-Pierre Bade reste 3 saisons sur la Canebière, où il voit arriver un certain Bernard Tapie en 1986.

Il enchaîne ensuite avec le FC Nantes, le RC Strasbourg, le Matra Racing avant de terminer son aventure métropolitaine avec les Girondins de Bordeaux sur un titre de champion de 2e division. S’il n’a pas réussi à obtenir de trophée majeur sur la scène nationale, il s’est largement rattrapé depuis sa reconversion en tant qu’entraîneur.

Claude Barrabé : L’infranchissable

Formé dans ses jeunes années au Stade tamponnais, le jeune gardien de but s’envole à 16 ans pour passer des tests d’entrée à l’INF Vichy. En 1986, âgé de 19 ans, le PSG le recrute comme doublure du légendaire Joël Bats durant deux ans. En 1988, remporte le Championnat d’Europe espoirs aux côtés de Laurent Blanc, Christophe Galtier, Jocelyn Angloma et Eric Cantona.

Désireux de gagner du temps de jeu, il part faire ses armes du côté du Brest Armorique FC, où il reste deux saisons. En 1990, il rejoint ensuite le club le plus important de sa carrière : le Montpellier HSC. Durant six saisons, il sera le rempart infranchissable du stade de la Mosson. Lors de sa 1re saison, il participe à la belle aventure du club héraultais en Coupe de vainqueurs des Coupes, éliminé par Manchester United en 1/4 de finale.

Entre le 7 décembre 1991 et le 16 février 1992, il garde ses cages inviolées pendant 743 minutes, ce qui reste aujourd’hui la 9e plus longue série d’invincibilité pour un gardien de but en Ligue 1. Malgré cette performance, Michel Platini ne le sélectionne pas pour l’Euro 1992, ratant de peu d’être le 1er Réunionnais en équipe de France.

Il termine sa carrière en 1999 après des passages au SM Caen et à l’US Créteil. Il se tourne alors vers le Beach Soccer où il devient le gardien de l’équipe de France, dont il est actuellement l’entraîneur.

Laurent Robert : Le rêve bleu

Le 18 août 1999, l’équipe de France, championne du monde en titre, se déplace en Irlande du Nord pour un match amical. Une rencontre sans enjeu qui va pourtant maintenir La Réunion en éveil. En effet, parmi les joueurs convoqués par Roger Lemerre se trouve un certain Laurent Robert. Celui qui vient de s’engager au PSG honore sa première sélection à la 56e minute lorsqu’il remplace Sylvain Wiltord. Pour la première fois, un Réunionnais devient international français.

Le Bénédictin ne parviendra pas à s’imposer durablement chez les Bleus, bloqué par une concurrence féroce à son poste. Il connaît tout de même neuf sélections et un but, mais surtout, il remporte la Coupe des Confédérations en 2001. 

Côté club, Laurent Robert aura connu des fortunes diverses. Formé par l’US Bénédictine, il est repéré par le Brest Armorique FC, il rejoint le Montpellier HSC où il explose. De quoi attirer l’intérêt du PSG qui le recrute en 1999. Après deux ans dans la capitale, il s’envole pour Newcastle où il devient la pièce maîtresse du légendaire entraîneur anglais Bobby Robson. Malheureusement, son successeur ne lui accorde pas la même confiance et il est transféré au Portsmouth FC en cours de saison 2005/2006.

Il prend ensuite la direction du mythique Benfica Lisbonne où les supporters se souviennent encore de son coup franc de 40 mètres face au FC Porto. Après des passages en Espagne (Levante), en Angleterre (Derby County), au Canada (Toronto FC) et en Grèce (AEL Larissa), il termine sa carrière en 2009. Il reste à jamais le premier à avoir vécu le rêve bleu.

Didier Agathe : Le Highlander

Le Saint-Pierrois intègre le centre de formation de Montpellier en 1992 à 17 ans. Il est prêté à l’Olympique Alès (National) pour faire ses gammes, mais il se blesse gravement. Après presque deux ans éloigné des terrains, il retourne à Montpellier qui ne le conserve pas. Il prend la décision de partir au Raith Rovers, petit club écossais de deuxième division. 

Là-bas, il se fait remarquer et le Hibernian FC lui propose un contrat de courte durée. Plus que convaincant, le club lui propose une prolongation, mais il refuse. Libre, il s’engage avec le mythique club du Celtic Glasgow. Rapidement, il devient un titulaire indiscutable en glissant du poste d’attaquant à milieu droit.

Durant 6 ans, il fait le bonheur des supporters. Il remporte trois championnats et trois Coupes d’Écosse. En 2003, il dispute la finale de la Coupe UEFA (ex Europa League), mais s’incline face au FC Porto de José Mourinho. Le sélectionneur écossais a même voulu le sélectionner. En 2004, la Juventus et le Valencia FC s’intéresse à lui, mais son entraîneur, Martin O’Neill, le déclare intransférable. Ce dernier va le faire venir à Aston Villa en 2006, mais l’aventure tourne court. 

Ne trouvant plus de club en Europe, il revient à la Saint-Pierroise en 2007. L’équipe remporte le championnat après 14 ans de disette. L’année suivante, il devient président de la JSSP, mais renonce au bout de quelques mois.

Guillaume Hoarau : Le goléador

Le 11 août 2011, c’est autre Réunionnais évoluant au PSG qui ramène La Réunion en équipe de France. Du haut de son 1m92, Guillaume Hoarau avait déjà été convoqué par Raymond Domenech un an plus tôt pour remplacer Nicolas Anelka, mais n’entre pas en jeu. Laurent Blanc lui donne enfin sa chance face à la Norvège. Il connaîtra 5 sélections en équipe nationale.

Si le natif de Saint-Louis n’est jamais parvenu à se faire une place chez les Bleus, il a par contre une armoire à trophées bien garnie : champion de France (2013), vainqueur de la Coupe de France (2010), champion de Suisse (2018,2019,2020), vainqueur de la Coupe de Suisse (2020). 

En plus de ces titres collectifs, Guillaume Hoarau a également été distingué sur le plan individuel. Élu meilleur joueur de Ligue 2 en 2008 avec Le Havre, il récidive en 2016 en devenant le meilleur joueur de la Super League suisse. En bonus, il fait la couverture de la version française de FIFA 10.

Après 19 ans au plus haut niveau européen, il est revenu jouer dans son club formateur cette année, la Saint-Pierroise, où il remporte la Coupe de La Réunion.

Tous ces joueurs ont permis de tracer un sillon pour les générations futures. Des joueurs comme Jérémy Morel ou Benoît Trémoulinas auraient pu en faire partie, mais ces derniers n’ont pas été formés à La Réunion. Ce dossier du football péi va se poursuivre avec les joueurs encore en activité.
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