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Christian Annette: Filière canne : chronique de rendez-vous manqués depuis 13 ans?

A l’approche de la visite du président de la République, la filière canne redevient un sujet d’actualité. Le PCR a appelé au cours d’une conférence de presse à une grande mobilisation  face à «  la plus grave crise économique, sociale, politique et environnementale de l’histoire de la Réunion » suite à l’annonce de l’ouverture du […]

Ecrit par zinfos974 – le lundi 21 juillet 2014 à 10H26
A l’approche de la visite du président de la République, la filière canne redevient un sujet d’actualité.
Le PCR a appelé au cours d’une conférence de presse à une grande mobilisation  face à «  la plus grave crise économique, sociale, politique et environnementale de l’histoire de la Réunion » suite à l’annonce de l’ouverture du marché sucrier européen à compter 1er octobre 2017. 
C’est un rude coup porté à la filière canne mais cela fait 13 ans que cette « ouverture du marché sucrier européen» était programmée, soit depuis les décisions de l’Organisation Mondiale du Commerce  (OMC) qui s’était réunie à DOHA en 2001 (142 pays représentés) . 
 
De quoi s’agit-il ?
Depuis le 1er juillet 1968, l’Europe a mis en œuvre un outil afin de protéger son marché sucrier : l’Organisation Commune du Marché « sucre » (OCM « sucre »). Cette organisation permet une garantie de prix minimum pour l’agriculteur et l’usinier, des quotas de production, des aides – à la production comme à l’exportation – et une garantie d’accès au marché européen pour une certaine quantité de sucre provenant des pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique).
Ces mesures qui certes faussent la concurrence nous étaient indispensables tant notre filière canne est peu compétitive par rapport aux producteurs asiatiques, sud américains ou africains. 
 L’OMC a donc décidé en 2001 (Doha) d’ouvrir, dans les années à venir, le marché sucrier européen en supprimant les barrières douanières, les aides à la production comme à l’exportation. 
L’Union Européenne qui n’avait d’autre choix que d’obtempérer décida l’ouverture totale du marché communautaire à partir du 1er octobre 2009. 
Cette décision a donc été prise dès 2001, depuis 13 ans! Nul ne pouvait l’ignorer, encore moins ceux qui aujourd’hui crient au loup ;
 
Nous avons tous (partis politiques, élus en charge de l’économie et plus particulièrement de l’agriculture, acteurs économiques, chambres consulaires …) une lourde responsabilité  à n’avoir pas suffisamment préparé l’après filière canne telle que nous la connaissons aujourd’hui, sous perfusion de subventions européennes.
 
Il est vrai que la situation est dramatique pour les planteurs d’abord, les ouvriers d’usine, les transporteurs et tous ceux qui travaillent indirectement dans la filière canne.
Elle est dramatique car peu d’actions concrètes  ont été entreprises depuis 2001. 
 
Depuis 2001 au lieu d’attendre et  espérer sauver, malgré les pressions de l’OMC, une activité peu compétitive et hautement subventionnée, il aurait fallu poser le problème de la filière canne dans la globalité de notre agriculture. 
La fin des aides, a été repoussée une première fois de 2009 à 2014 puis une seconde fois à 2017.
Quels choix auraient dû être faits depuis cette décision de 2001 : 
tout miser sur les sucres spéciaux  et garantir leur écoulement sur le marché européen 
ou alors passer de la monoculture de la canne à l’autonomie alimentaire et développer la filière de transformation des produits agricoles. 
 
Il est vrai que des efforts ont été réalisés dans le domaine de la recherche notamment pour améliorer les rendements et diversifier nos productions mais force est de constater qu’avec davantage d’ambition et  de volontarisme nous n’en serions peut-être pas là.
 
Les agriculteurs qui ont déjà consenti à beaucoup de sacrifices doivent aujourd’hui être soutenus. 
 
Deux actions sont engagées en direction de la commission européenne et de l’Etat français pour défendre la filière sucre; 18 300 emplois (dont 3500 exploitants et leur famille) sont concernés. 
Un pan entier de notre agriculture et de notre économie est en danger et pourtant, l’Union Européenne, sous la pression de l’OMC, pourrait refuser que la production du sucre de La Réunion continue à être subventionnée. 
Il faut donc se battre (et c’est ce que fait le gouvernement par le biais du Ministère de l’Outre-Mer) pour valoriser cette filière. 
 
Nous ne pouvons pas, pour autant, nous exonérer de cette réflexion globale sur l’avenir de notre agriculture et la consolidation de la filière canne.
Si aujourd’hui, nous espérons tous éviter ce mauvais scénario, il est urgent de se mettre au travail pour bâtir un projet réunionnais qui intègre, entre autres, cette problématique.
 
Christian Annette conseiller municipal PS de Sainte-Marie

 

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