Il est de tradition dans la presse de ne pas évoquer les suicides, sauf lorsqu’il s’agit de personnalités très connues. Et à fortiori de ne pas passer les photos des personnes suicidées.
A la Réunion, c’est un peu différent puisque Freedom fait régulièrement son beurre de tous les désespérés qui jettent leur corps des différents ponts de l’ile, et en particulier de celui de l’Entre-Deux. La radio de la rue Jules Auber se délecte des témoignages des personnes ayant vu la victime sauter, et des interviews larmoyantes des proches de la victime qui étalent à l’antenne les supposées raisons qui auraient poussé le malheureux ou la malheureuse à mettre fin à ses jours. Sans oublier d’insister, comme il m’a été donné de l’entendre récemment, sur la description faite du corps « crasé« , par celui qui a retrouvé le corps dans le lit de la rivière…
Mais il y avait jusqu’ici un tabou absolu : jamais on n’avait publié la photo d’un mineur venant de mettre fin à ses jours. Et il y a une bonne raison à celà puisque l’article 39 bis de la loi du 29 juillet 1881 précise qu' »est puni de 15.000 euros d’amende le fait de diffuser, de quelque manière que ce soit, des informations relatives à l’identité ou permettant l’identification : d’un mineur ayant quitté ses parents, son tuteur, la personne ou l’institution qui était chargée de sa garde ou à laquelle il était confié ; d’un mineur délaissé dans les conditions mentionnées aux articles 227-1 et 227-2 du code pénal ; d’un mineur qui s’est suicidé ;- d’un mineur victime d’une infraction« .
15.000 euros d’amende ! La gravité de la sanction est proportionnelle à celle du dommage causé.
Et pourtant, le JIR d’aujourd’hui n’a pas hésité à publier aujourd’hui en page 4 la photo de Cédric, ce mineur de 12 ans qui s’est suicidé dimanche avec les lacets de ses chaussures.
Qu’il en parle, c’est compréhensible dans la mesure où un suicide d’un jeune de 12 est suffisamment hors norme pour qu’il devienne un fait de société sur lequel il convient de s’interroger. D’ailleurs, Zinfos l’a également évoqué, de façon très sobre. Mais de là à publier la photo du gamin, en violation de la loi, il y a un grand pas que le JIR a malheureusement franchi…
Je m’étonne qu’un grand professionnel comme Jérôme Talpin, le « patron » des « faits div« , ait pu laisser passer une telle bourde !
Le JIR aurait d’autant plus dû se montrer extrêmement prudent sur ce dossier qu’il a déjà été très lourdement condamné, il n’y a pas très longtemps, pour avoir publié à la Une la photo d’une magistrate victime d’un viol à Mayotte…
La chasse au scoop n’excuse pas tout…
