Revenir à la rubrique : Océan Indien

Chômage dans la zone : Les Seychelles en tête, Mayotte et la Réunion derniers

Alors que la Réunion connaît une hausse spectaculaire du nombre de ses demandeurs d'emplois avec +14,7 % sur un an, Z'infos974 a voulu faire l'état des lieux de la zone Océan indien en matière d'emploi. Les Seychelles récoltent largement la palme du meilleur élève de la zone avec seulement 2,7 % de taux de chômage. Sa faible population n'y est sans doute pas étrangère. Viennent ensuite Madagascar (2,8%), l'île Maurice (7,5%) et Mayotte (26,4%) qui se dispute la dernière place avec la Réunion (27,2%). Autre économie et autre réalité, l'Afrique du Sud n'est pas mieux placée avec ses 23,5% de chômage. Un peu plus loin de nous, l'Australie (5,1%), où de nombreux réunionnais s'expatrient, connaît une période de plein emploi qui laisse rêveur vue d'ici. Le pays-continent a ainsi créé 50.000 emplois au cours du seul mois de juillet 2010. Presque la moitié du nombre total des sans-emplois de la Réunion.

Ecrit par Ludovic Grondin – le mercredi 03 novembre 2010 à 07H36

Les Seychelles connaissent le plein emploi

Avec un taux de chômage aux Seychelles qui s’élève à 2,7 % de sa population active, selon une publication du ministère de l’Emploi et des Ressources humaines seychellois parue en octobre 2010, les Seychelles récoltent haut la main la palme du meilleur élève de la zone.

Cependant, cet excellent classement doit être relativisé en fonction du nombre d’habitants. La population de l’archipel, qui compte pas moins de 115 îles, était estimée à 86 500 habitants en juillet de cette année.

Bien que faible, ce chômage touche davantage les femmes et les jeunes. Sur les 1.387 demandeurs d’emploi que recense le ministère, 727 sont féminins et 67% sont dans la tranche d’âge de 15 à 30 ans, un phénomène que l’on retrouve également à la Réunion. Il est à noter qu’aux Seychelles, la bourse de l’emploi (ndlr : l’équivalent de notre Pôle Emploi) a été privatisée. Seules trois agences « prospèrent » aux Seychelles.

 

Madagascar : un chômage bas mais une réalité économique incomparable

A Madagascar, la situation de l’emploi est favorable si l’on en croit les chiffres annoncés par l’Institut national de la statistique de Madagascar (INSTAT). Le taux de chômage dans la grande île serait de 2,8% (juin 2009).

Des 22 régions administratives que compte la grande île, Diana, située dans la province de Diego-Suarez dans le nord de l’île, est la plus touchée avec 7,6% de chômage. Suivent la région de Boeni (5,3%) et d’Analamanga (5,1%).

En concentrant une bonne part de l’activité économique de l’île, Antananarivo, la capitale, reste pourtant le véritable indicateur de la situation économique de l’île.

Selon un rapport de l’INSTAT, le taux de chômage dans la capitale a atteint un niveau assez élevé de l’ordre de 6,8% de la population active. Un nette progression de 1,5 points par rapport à 2006. L’effectif des chômeurs a augmenté de près de 20.000 individus entre 2006 et 2010. Cette arrivée massive de chômeurs est essentiellement due à la perte d’un emploi, plus qu’à une poussée démographique importante selon le même rapport.

Malgré des chiffres que l’on pourrait qualifier de plein emploi (avec 2,8% sur l’ensemble du territoire), la situation du chômage de la grande île ne peut être comparée à celle de la Réunion. En effet, là où Madagascar repose l’essentiel de son économie sur le secteur primaire, grand consommateur de main-d’œuvre, le chômage de la Réunion est, lui, tertiaire et persistant. De plus, la comparaison avec l’ensemble des îles de la zone s’arrête très vite du fait de la faiblesse de la monnaie malgache.

 

Maurice, un taux de chômage qui reste acceptable

Troisième sur le podium, Maurice comptait 48.000 chômeurs à la fin du premier trimestre 2010 pour atteindre les 7,5%. Un chiffre honorable si l’on considère le chemin parcouru. L’île avait en effet atteint des sommets en 2006 avec ses 9,1% de chômeurs.

Cependant, sur une courte période, le taux de personnes au chômage est en hausse. Une augmentation de 8,4 % par rapport à l’année 2009 est ainsi constatée. L’île comptait alors 42.700 chômeurs. 1.200 personnes sont donc venues grossir les rangs des chômeurs en une année. Cette augmentation est à relativiser. Les conséquences de la crise financière se font toujours ressentir.

Le Bureau central des statistiques (BCS) de Maurice indique par ailleurs que 19 300 (soit 40 %) de ces 48 000 chômeurs étaient des hommes, et 28 700 des femmes (soit 60 %). Environ 20 200 sans-emploi étaient âgés de moins de 25 ans.

Ramené à une population de 1 280 000 million habitants (chiffres de 2008), le taux de chômage de l’île soeur reste acceptable.

 

Mayotte n’a pas attendu la départementalisation pour se « tertiariser »

Les derniers tickets se disputent entre Mayotte et la Réunion, à la différence près que l’île aux parfums possède une statistique publique essentiellement basée sur des valeurs déclaratives obtenues lors de recensements. C’est donc avec prudence que ces chiffres doivent être considérés.

Ainsi, selon le dernier recensement en date effectué par l’INSEE en 2007, sur 186.452 habitants, le taux de chômage de l’île atteint les 26,4%.

Lors de ce recensement, la population se déclarant active (y compris par intermittence) était de 29.300 personnes, celle se déclarant sans travail (y compris saisonniers et intermittents) était de 10.300, celle se déclarant inactive (étudiants, femmes au foyer, retraités, autres inactifs) de 68.500 personnes (source INSEE avril 2009).

Cependant, selon l’Institut national de la statistique, la notion « d’actif » recouvre une réalité souvent complexe à Mayotte, pas toujours bien appréhendée par les personnes recensées. Les variables du recensement concernant la situation des personnes en âge de travailler (actifs occupés, chômeurs, inactifs) ont donc fait l’objet d’un important travail de redressement, destiné à rendre les résultats compatibles avec les définitions standards de l’activité et de l’emploi.

Le secteur public reste le premier employeur de Mayotte, même si le secteur privé est en pleine expansion. Les secteurs qui ont le plus progressé sur la période récente sont ceux du tertiaire, avec 4 000 emplois créés depuis 2002. L’emploi a particulièrement augmenté dans l’administration publique (+ 1 780 emplois). Le taux d’emploi des femmes a progressé à tous les âges depuis cinq ans : en 2007, 36 % des femmes de 15 à 64 ans déclarent avoir un emploi, soit six points de plus qu’en 2002.

Les « petits boulots », qui représentent 15 % de l’emploi total, concerne 32 % des actifs occupés de Mayotte, contre 17,5 % à la Réunion par exemple.

En pleine transition statutaire, l’île est promise à un développement encore plus soutenu de son secteur tertiaire dans les prochaines années.

 

La Réunion ferme la marche en compagnie de l’Afrique du Sud

Avec 27,2% de chômeurs au deuxième trimestre 2009, la Réunion fait partie du peloton final. Un taux sensiblement identique à celui de la toute proche Afrique du Sud (23,5% de chômage au cours du premier trimestre 2009).

Fin septembre 2010, 112.160 réunionnais sont inscrits à Pôle emploi en catégorie A (en recherche active d’emploi, disponibles et sans aucune activité), soit une hausse de 1,8 % sur un mois et de 14,7 % sur un an. Une envolée qui représente pas moins de la moitié de la progression des demandeurs d’emplois sur toute la France, un record réunionnais…à sa manière.

 

Sur la pyramide des âges, les femmes restent les plus fragiles. Ainsi, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A augmente de 1,5 % pour les hommes (12,8 % sur un an) et de 2,1 % pour les femmes (16,8 % sur un an).

Pour la première fois depuis six mois, le nombre de jeunes demandeurs d’emploi de moins de 25 ans augmente. Fin septembre, cette hausse est de 1,5 %. Le nombre de jeunes hommes demandeurs d’emploi augmente sensiblement moins vite que celui des jeunes femmes (+ 0,7 % contre + 2,4 %). Les demandeurs d’emploi de 50 ans et plus augmentent le plus, avec une hausse de 2,8 % en un mois.

Une situation peu honorable qui peut cependant s’expliquer par une croissance démographique impressionnante. La population de l’île est estimée à 817.000 en 2009. L’accroissement naturel reste le moteur de la croissance démographique réunionnaise, puisqu’il constitue 95 % de l’augmentation de la population depuis 1999.

 

Là où l’Australie crée 50 000 emplois en… un mois

Derrière cette photographie très disparate, certains points se retrouvent malgré tout dans toutes les îles de l’Océan indien. Le chômage reste marqué par l’âge (les jeunes de moins de 25 ans) et par le genre (les femmes) quel que soit le pays concerné. Autre certitude, la courbe du chômage semble parfaitement se calquer sur le niveau de tertiarisation des économies concernées. Dit autrement, plus l’économie est « tertiarisée », plus le chômage s’accroît. Un mal bien occidental. Mayotte, qui commence sa transition « à l’européenne« , aurait de quoi en tirer des enseignements.

Une situation qui vient en contraste avec l’insolente réussite de nos voisins australiens qui, avec un confortable 5,1% de chômage en août 2010, connaissent une situation idéale de plein emploi. Même si les ordres de grandeur sont différents, un chiffre peut laisser rêveur : en l’espace d’un seul mois, celui de juillet 2010, l’Australie a créé 53.000 emplois. Soit près de la moitié du nombre de chômeurs réunionnais.

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

Forte houle : Trois noyés et trois disparus à Maurice

Un épisode de forte houle a concerné ce week-end les Mascareignes. Si aucun dégât d’ampleur n’a été signalé à La Réunion, l’île sœur a connu plusieurs drames. Trois personnes sont mortes noyées et trois autres sont portées disparues.