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Changement climatique: Quel scénario à envisager pour La Réunion ?

Françoise Vimeux est en mission à La Réunion dans le cadre de ses recherches sur l'étude de la formation des orages tropicaux et des cyclones. La climatologue nous explique l'objet de ses recherches qui offrent des projections sur l'évolution du climat à La Réunion.

Ecrit par zinfos974 – le lundi 24 septembre 2018 à 22H48
Françoise Vimeux, climatologue au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement à Gif-sur-Yvette (Ile-de-France), vient en mission tous les ans durant un mois et demi, depuis 2013. La chercheuse est spécialiste de la variabilité des climats tropicaux et sub-tropicaux. Elle est directrice de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement. 

 

Un instrument de mesure est à demeure à l’Observatoire atmosphérique du Maïdo. Il recueille des données quant à la concentration des différentes molécules d’eau dans l’atmosphère. Il s’agit de mieux comprendre par exemple  les phénomènes d’évaporation au sein des cyclones ou des orages. En effet, précise la climatologue, « Il y a des processus internes au cycle de l’eau qu’on connait peu ». L’évaporation joue un rôle important dans la genèse des cyclones, celle de l’eau de mer d’abord, dont on sait qu’il faut qu’elle atteigne en surface un minimum de 26°C pour qu’un cyclone se forme. L’évaporation des gouttelettes d’eau dans les bandes précipitantes du cyclone joue elle aussi un rôle d’auto-alimentation des phénomènes cycloniques. Elle serait une des clefs pour comprendre leur intensification rapide.

Des cyclones plus intenses

Les informations obtenues à l’Observatoire du Maïdo permettront de mieux comprendre des processus physiques mal connus concernant les systèmes orageux ou cycloniques, avec pour objectif final l’amélioration des modèles de climat. C’est en partie à l’aide de ces modèles que les chercheurs peuvent effectuer des projections sur le changement climatique. S’il est relativement aisé de prévoir l’évolution des températures, l’évolution des pluies est plus complexe à appréhender. « A ce jour, sur les régions tropicales et subtropicales, une partie des modèles de projection du changement climatique prévoit une augmentation des pluies, tandis que l’autre prédit une diminution des précipitations. », précise Françoise Vimeux. D’où la nécessité d’affiner les modèles, afin de s’adapter au mieux au changement climatique prévu pour notre planète.

Globalement, les projections climatiques les plus pessimistes estiment qu’à la fin du siècle, la température moyenne devrait augmenter de 6°C environ, avec des différences selon les régions. Les pôles verraient leur température augmenter de 10°C voire plus, quand celle des régions tropicales augmenterait de 3 à 4°C. A La Réunion, la température moyenne n’est mesurée de manière robuste que depuis les années 1950, et pourtant, elle a depuis lors augmenté d’un degré environ. 

Des changements sont déjà observables, Météo France ayant constaté que les zones d’intensité des cyclones se déplacent vers le Sud, augmentant le risque cyclonique à La Réunion, qui se trouve désormais en pleine zone d’intensité. « On sait  qu’à l’avenir les cyclones seront plus pluvieux du fait de l’augmentation de la température atmosphérique qui permet une augmentation de la concentration d’eau dans l’air », prévoit la chercheuse.

L’été austral pourrait durer plus longtemps

Les phénomènes cycloniques ne sont observés que depuis les années 1970, via les images satellitaires, c’est donc une science jeune. Néanmoins, depuis le début de leur étude, il est constaté non pas une augmentation du nombre de cyclones mais de leur intensité sur certains bassins océaniques comme dans l’Atlantique. Il est désormais à craindre que les cyclones de catégorie 4 ou 5 soient plus fréquents. La Réunion devrait donc subir, comme toutes les zones tropicales, des cyclones plus intenses à l’avenir.

La climatologue précise que, localement, les projections du changement des pluies s’orientent vers une intensification du clivage Est/Ouest. L’Ouest de l’île deviendrait encore plus aride durant l’hiver austral avec une diminution de 10 à 20% des précipitations tandis que l’Est serait plus souvent sous la pluie. En revanche, l’été austral durerait plus longtemps, ainsi la saison des pluies s’achèverait vers avril-mai.

Enfin, Françoise Vimeux rappelle que les 3 dernières années sont les plus chaudes jamais observées depuis la fin du 19ème siècle. De quoi ajouter des paramètres supplémentaires dans son objet d’étude.

 

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