Actuellement la Chambre de métiers ne priorise pas les petites entreprises. C'est de ce constat que part Jean-François Maillot, candidat à la chambre consulaire. Selon lui, les artisans sont démunis dans cette période de crise sanitaire et l’artisanat local est asphyxié par les restrictions et par les caisses de sécurité sociale. Voilà l’expérimenté chef d’entreprise lancé sur un terrain qu'il connaît bien depuis son combat contre le RSI.
Jean-François Maillot veut proposer une autre voie : "la santé des entreprises est fragile aujourd’hui et la crise les met en péril. Elles n’ont plus la liberté d’entreprendre. Elles n’ont plus beaucoup d’activité, moins de trésorerie voire plus du tout pour certaines. Donc ce que nous constatons, c’est un impact physique et psychologique chez les entrepreneurs. Ils n’ont pas de carnet de commandes pour les jours ou les mois qui viennent. Quant aux salariés, ils auront toujours des aides: la couverture maladie, le chômage, des allocations etc. Les chefs d’entreprise, eux, sont sans filet. Et que fait la chambre pour toutes ces PME et TPE ? Quelle proposition pour les aides ? Pour les salariés comme pour les patrons ? Rien du tout !", juge-t-il sévèrement.
Retraite : "150€ par mois, c’est inacceptable"
Plus calmement, iI commente un slogan qui mériterait selon lui plus de considération. "L’artisanat est la première entreprise de France. C’est ce qu’ils disaient dans une annonce dernièrement. Mais cet artisanat, ce savoir-faire, il faut le valoriser et le protéger.“
Pour rappel, les très petites entreprises (TPE) et les petites et moyennes entreprises (PME), représentent près de 94% des sociétés réunionnaises.
La situation empire à cause du pass sanitaire selon le gérant dans le BTP : "On impose le pass sanitaire partout. Dans les hôpitaux, en tant que malade, que vous ayez ou non le pass; dans les restaurants, vous ne pouvez pas y accéder sans pass; c’est pareil pour les taxis, les ambulances, les infirmiers… Les restaurants sont à l’agonie à cause de ça. Et le 15 septembre, si vous n’avez pas le pass ou si vous n’avez pas entamé la démarche vaccinale, vous pouvez perdre votre agrément. Il y en a qui ne peuvent pas tenir et qui vont déposer le bilan. J’ai demandé audience au préfet mais je suis sans réponse depuis 3 mois", rapporte-t-il
Le candidat veut aussi faire parler son ancienneté. Cela fait 25 ans qu’il est dans le BTP et depuis 2008 qu’il est dans l’opposition à la chambre consulaire. Entretemps, il s'est largement fait connaître pour sa lutte contre le RSI (le régime sociale des indépendants), et aujourd’hui la SSI (la sécurité sociale des indépendants). "Depuis 2008 que je suis à la chambre de métiers et de l’artisanat, je suis dans l’opposition et je lutte contre cette caisse de cotisation. Écoutez, donner 30% de ses bénéfices à la couverture sociale alors que la retraite tournera autour de 150€ par mois, c’est inacceptable. C’est ce que nous essayons de changer au collectif des syndicats et association professionnelles de La Réunion (CSAPR).“
"Cette année nous allons devoir payer les cotisations de l’année 2019"
Il en vient ensuite au cœur de ses actions. "On va demander une annulation des cotisations sociales et fiscales pour cette année. Non, un report n’est pas suffisant, c’est comme un cumul des dettes pour les petites entreprises. Nous voulons l’annulation des cotisations cette année. Les taxes sont calculées sur l’année N-2. Nous sommes en 2021 et en 2020, nous n’avons pas du tout, voire peu travaillé. Et là, cette année, nous allons devoir payer les cotisations de l’année 2019. Vous voyez bien que ce n'est pas possible“, argumente-t-il.
"Nous voulons remettre les compteurs à zéro. Avec les restrictions d’aujourd’hui, un report n’est pas utile, pourquoi pas un report du pass sanitaire plutôt ? Ce pass sanitaire et la vaccination sont les priorités de l’État, pourquoi pas la santé des entreprises ? Il y a 40% de la population à La Réunion qui est sous le seuil de pauvreté, c’est bien ça ? S’ils veulent rajouter 20% de plus, il faut nous le dire tout de suite", poursuit-il sa charge contre l'Etat et la Sécu.
"Il faut un accompagnement ciblé, mettre en place un dispositif exceptionnel dans cette crise exceptionnelle. De toute façon, nous le savons, la durée de vie moyenne d’une entreprise, quand elle se lance de nos jours, est de 3 ou 5 ans. Sans accompagnement, on voit qu’elle n’ira pas très loin. Dans le contexte actuel, c’est encore pire", fait-il remarquer
Pour finir, le candidat n’hésite pas à critiquer la gestion actuelle de la chambre consulaire. "La chambre de métiers et de l'artisanat manque de projets. C’est à elle de proposer des projets pour aller chercher de l’argent et faire avancer les choses. Le budget de la chambre a toujours été constant : 22 millions d’euros par an. Mais 60% -70% part dans la masse salariale. On ne peut rien construire avec ça. "La chambre consulaire n’est pas ouverte aux artisans. Nous allons faire en sorte de l’ouvrir et d’accompagner les chefs d’entreprise", promet-il.
Un promesse qu'il compte tenir sur une liste elle aussi ouverte. Le candidat indique que plusieurs unions sont en cours et qu’il veut cette union la plus large possible.
