Cela fait plusieurs semaines que nous faisons face à une crise d'ampleur mondiale. Et nous n'y avions pas été préparés. De quoi mettre à l’épreuve notre capacité de tolérance et nos résiliences personnelles, souligne Geneviève Payet, psychologue clinicienne et présidente du Réseau VIF (Violences Intra Familiales).
"Une épidémie mondiale est en soi un événement traumatogène", explique-t-elle. "Cela nous confronte directement à la mort, ou du moins à une menace de mort, individuelle et collective à la fois". Ce qui peut générer une forte charge émotionnelle, difficile à contrôler, pouvant avoir de nombreuses répercussions sur le plan psychologique.
De l'agacement à la violence
Passé la phase de sidération, où chacun s’est organisé comme il a pu, "il a fallu se projeter dans un temps incertain (sans durée ni visibilité), angoissant", indique-t-elle, pointant du doigt la "tyrannie" des chiffres. "Ces chiffres sont perçus comme insupportables : décompte incontrôlable du nombre de morts et des admissions en réanimation, évaluation de la surmortalité et, à l’opposé, un inventaire inouï mettant en relief le manque en personnel et en moyens (pas de masques, pas de tests de dépistage, pas de visières, pas de gel hydroalcoolique et, plus grave, pas de médicaments, manque de lits d’hôpitaux et de respirateurs artificiels)." Et à cette impuissance face à ce compteur infernal s’est ajoutée une colère envers les institutions et ses représentants, rappelle-t-elle.
Or, en vase clos, ce qui auparavant pouvait être considéré comme acceptable peut facilement "devenir problématique et susceptible de faire naître des tensions, de l’irritabilité, voire (mesures de distanciation obligent) la peur des autres". Geneviève Payet met en garde : "Au bout d’un mois, coupé de lien familial, social et professionnel, et condamné à l’inactivité, le manque de patience peut se faire sentir, se manifester par des signes allant crescendo, de l’agacement à l’agressivité et même jusqu’à la violence."
"Créer un nouveau rapport au monde et aux autres"
Certains sont plus à risque. C'est notamment le cas des personnes déjà fragiles (anxiété, dépression, alcoolisme), de celles qui élaborent une interprétation irrationnelle (adhérant à théorie du complot), des personnes démunies ou encore de celles qui sont confrontées à des violences intra-familiales. Car tout cela peut entraîner des angoisses insupportables, des réactions inadaptées, voire des situations dangereuses. Mais les retentissements nous concernent tous : "Pour tous, vraiment pour tous, inutile de le nier, cette situation exceptionnelle que nous subissons a inévitablement des retentissements sur notre vie psychique et émotionnelle."
Mais alors que faire ? "Pour limiter l’impact de telles retombées sur notre personne, un cap est à franchir, celui de faire le deuil de notre vie d’avant sans chercher à l’idéaliser et celui de ne pas baisser la garde tout en redoutant déjà une nouvelle vague", estime la psychologue.
"Savourer le plaisir de faire ce que l’on a toujours remis à plus tard"
Il peut être aussi conseillé pendant ce confinement de conserver malgré tout un rapport au temps et à l’activité : "Essayer de maintenir le rythme d'une vie normale (se lever, se doucher, se préparer, organiser ses journées), savourer le plaisir de faire ce que l’on a toujours remis à plus tard, prévoir du temps de partage. Mais aussi se réserver du temps pour soi, ne pas s’enfermer dans un besoin illusoire de tout savoir, et savoir limiter le temps de prise d'informations", propose-t-elle.
Il ne faut pas hésiter non plus à avoir recours aux numéros verts et plateformes téléphoniques d'écoute, que ce soit pour un soutien psychologique ponctuel ou pour un relais vers une prise en charge.
"Il y a eu un avant et on n’a aucune visibilité sur l’après", résume la psychologue clinicienne, avant de conclure : "Nous revient désormais la responsabilité, individuelle et collective, de re-créer un nouveau rapport au monde et aux autres !"
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"Une épidémie mondiale est en soi un événement traumatogène", explique-t-elle. "Cela nous confronte directement à la mort, ou du moins à une menace de mort, individuelle et collective à la fois". Ce qui peut générer une forte charge émotionnelle, difficile à contrôler, pouvant avoir de nombreuses répercussions sur le plan psychologique.
De l'agacement à la violence
Passé la phase de sidération, où chacun s’est organisé comme il a pu, "il a fallu se projeter dans un temps incertain (sans durée ni visibilité), angoissant", indique-t-elle, pointant du doigt la "tyrannie" des chiffres. "Ces chiffres sont perçus comme insupportables : décompte incontrôlable du nombre de morts et des admissions en réanimation, évaluation de la surmortalité et, à l’opposé, un inventaire inouï mettant en relief le manque en personnel et en moyens (pas de masques, pas de tests de dépistage, pas de visières, pas de gel hydroalcoolique et, plus grave, pas de médicaments, manque de lits d’hôpitaux et de respirateurs artificiels)."
Or, en vase clos, ce qui auparavant pouvait être considéré comme acceptable peut facilement "devenir problématique et susceptible de faire naître des tensions, de l’irritabilité, voire (mesures de distanciation obligent) la peur des autres". Geneviève Payet met en garde : "Au bout d’un mois, coupé de lien familial, social et professionnel, et condamné à l’inactivité, le manque de patience peut se faire sentir, se manifester par des signes allant crescendo, de l’agacement à l’agressivité et même jusqu’à la violence."
"Créer un nouveau rapport au monde et aux autres"
Certains sont plus à risque. C'est notamment le cas des personnes déjà fragiles (anxiété, dépression, alcoolisme), de celles qui élaborent une interprétation irrationnelle (adhérant à théorie du complot), des personnes démunies ou encore de celles qui sont confrontées à des violences intra-familiales. Car tout cela peut entraîner des angoisses insupportables, des réactions inadaptées, voire des situations dangereuses. Mais les retentissements nous concernent tous : "Pour tous, vraiment pour tous, inutile de le nier, cette situation exceptionnelle que nous subissons a inévitablement des retentissements sur notre vie psychique et émotionnelle."
Mais alors que faire ? "Pour limiter l’impact de telles retombées sur notre personne, un cap est à franchir, celui de faire le deuil de notre vie d’avant sans chercher à l’idéaliser et celui de ne pas baisser la garde tout en redoutant déjà une nouvelle vague", estime la psychologue.
"Savourer le plaisir de faire ce que l’on a toujours remis à plus tard"
Il peut être aussi conseillé pendant ce confinement de conserver malgré tout un rapport au temps et à l’activité : "Essayer de maintenir le rythme d'une vie normale (se lever, se doucher, se préparer, organiser ses journées), savourer le plaisir de faire ce que l’on a toujours remis à plus tard, prévoir du temps de partage. Mais aussi se réserver du temps pour soi, ne pas s’enfermer dans un besoin illusoire de tout savoir, et savoir limiter le temps de prise d'informations", propose-t-elle.
"Il y a eu un avant et on n’a aucune visibilité sur l’après", résume la psychologue clinicienne, avant de conclure : "Nous revient désormais la responsabilité, individuelle et collective, de re-créer un nouveau rapport au monde et aux autres !"
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Numéro vert régional pour du soutien psychologique : 0800 200 840 (du lundi au vendredi de 9h à 18h pour la population mais aussi les soignants)
SOS solitude : 0262 97 00 00
Croix-Rouge Ecoute : 09 70 28 30 00, tous les jours, de 10h à 22h
Réseau VIF (violences intra-familiales) : 0262 96 04 24
3919 Violences femmes info (du lundi au samedi)
119 Allô Enfance en danger (7j/7)
Agri'écoute (pour les agriculteurs en difficulté) : 09 69 39 29 19
Plateforme nationale d'information sur le coronavirus : 0 800 130 000 (7j/7 24h/24)
La liste de tous les dispositifs accessibles sur Santé publique France