À trois jours du premier tour des élections départementales, nouvelle formule (binôme paritaire obligatoire et redécoupage des cantons), La Réunion fête aujourd’hui le 69ème anniversaire de sa départementalisation.
L’île devient le 19 mars 1946, le 87ème département français. La loi de départementalisation est votée à l’unanimité et s’applique également à la Guadeloupe, la Guyane et la Martinique. Une émancipation qui marque la transformation de ces « vieilles colonies » et implique une démarche d’égalité entre ces populations et celle de l’hexagone.
La Réunion entame alors une départementalisation lente et progressive. « Les mesures nécessaires ont un coût car les besoins sont considérables. La Réunion est à l’agonie. Un rapport alarmant est même établit, qui s’inquiète de la capacité de la population de survivre », explique Raoul Lucas socio-historien.
« Cette réalité apparaît dans un contexte particulier. La France est en difficulté financière, car elle sort de la guerre. Sur le plan politique on bascule dans la guerre froide. Donc ces nouveaux départements ne sont pas la priorité. « En résulte alors un fossé entre « une espérance forte localement et un contexte national qui n’est pas propice à des engagements dans ces territoires », souligne Raoul Lucas.
Les premières années qui suivirent la départementalisation mettent le rattrapage sanitaire au cœur des priorités. « La malnutrition est élevée, il faut soigner les gens et leur donner à manger. »
À la fin des années 1950, les premières infrastructures voient le jour. « Les nouveaux équipements sont des écoles, des cantines scolaires. C’est une véritable révolution à ce niveau là », rappelle le socio-historien. Puis vient le tour des routes, du port, de l’aéroport.
Le 69ème anniversaire de la départementalisation, c’est aussi l’occasion pour l’actuelle présidente du département de publier une tribune dans la presse écrite du jour. Nassimah Dindar rappelle notamment les premières actions de la collectivité « sur le plan de l’éducation, de la santé, du développement économique, de lutte contre l’habitat insalubre… « , et estime être aujourd’hui sur le plan politique et économique à un « tournant de notre histoire », en référence à la réforme territoriale.
Ainsi, Nassimah Dindar qui joue sa place à la tête de l’hémicycle ce dimanche 22 mars, entend « réfléchir différemment ». « Nous avons toujours pensé les projets de manière générale, non individualisée. (…) Aujourd’hui, les grandes poches d’habitat insalubres que La Réunion connaissait il y a encore vingt ans, ont disparu. Mais en revanche il reste encore 22 000 logements diffus qui sont considérés comme absolument indignes. »
L’habitat en guise d’exemple, pour la présidente du conseil général, il est désormais « essentiel » d’individualiser les politiques publiques.