Nous allons assister à la cérémonie d’ouverture au stade Maracana le 7 septembre et ensuite faire des matches amicaux contre des équipes du Brésil.
Notre délégation est composée de sept joueurs déficients visuels et sept accompagnateurs dont des parents d’élèves et un gardien voyant. Nous comptons également une infirmière et un kinésithérapeute.
Comment fonctionne le Cécifoot?
Le sport est une discipline paralympique depuis 2004 aux jeux d’Athènes. 5 contre 5 : 4 joueurs aveugles de catégorie B1, aveugles ou très malvoyants jouant avec un masque occultant pour que tout le monde soit à égalité.
Dans la zone offensive, il y a un guide derrière les buts qui oriente les joueurs, leur permettant de se diriger et marquer des buts.
À la Réunion en particulier, comment a été développée l’activité?
L’activité est soutenue par l’Union Nationale des Aveugles de Bordeaux et l’ancien sélectionneur de l’équipe de France, Toussaint Akpweh. Il avait pu emmener les jeunes de l’équipe de France aux jeux paralympiques face au Brésil. Je l’ai fait venir à la Réunion pour démarrer un programme d’entraînement en mai 2013. On a scellé un partenariat avec la ligue Réunionnaise de football, pour s’inscrire dans une action sportive et non pas une action uniquement tournée vers le handicap.
C’est un moyen pour les jeunes en situation de handicap de vivre autrement?
J’ai un joueur malvoyant qui habite à la Bretagne. Il ne prenait pas le bus et grâce à ce projet là oui il y a une motivation : faire du football, je lui ai appris à se déplacer tout seul et prendre le bus. L’idée est que le jeune trouve les ressources nécessaires pour venir pratiquer son sport. Sur le terrain ça se ressent et il est beaucoup plus autonome. La complexité de la déficience visuelle est liée aux déplacements, aux activités de la vie journalière. L’intellect va donc primer sur la cécité à un moment donné.
Quelle est l’évolution que vous avez pu observer chez les joueurs?
Le changement est surtout observé par les parents. Ils sont étonnés par la capacité de compensation de leurs enfants. La personne déficiente visuelle est seule sur le terrain. Le joueur va se déplacer et évoluer avec la voix et utiliser l’écholocalisation. C’est le principe de la chauve-souris, qui est notre emblème. Il va développer une appropriation de son environnement et donc de la confiance en lui et de l’estime.
Comment s ‘est monté le projet du voyage à Rio?
On a commencé en 2013 avec un sport qui n’existait pas à la Réunion. On a créé une association en pensant à un projet différent, qui permettrait de changer le regard, sur soi et chez les autres.
Le projet s’est fait à ce moment là. J’avais la projection de 2016 avec les jeux de Rio. À l’époque je voulais fédérer autour de ce projet. On a pris 3 ans pour monter le projet mais c’est surtout le cheminement qui est intéressant. On a créé de la cohésion sociale, du lien. On est reconnus aujourd’hui. On a pu mener à bien des actions qui nous ont permis de récolter les 37.000 euros nécessaires au voyage.
À quoi ressemblera l’après-Rio ? Il faudra trouver un autre projet pour fédérer les équipes?
On a un autre projet au mois de décembre avec Frédéric Villeroux, le meilleur joueur de Cécifoot Français. On l’appelle le « Messi du Cécifoot ». On a pour projet aussi de se déplacer en Asie l’année prochaine pour rencontrer l’équipe de la Malaisie qui est classée parmi le top mondial.
Aujourd’hui, quel est le niveau de l’équipe Cécifoot Réunion?
Nous avons une moyenne d’âge de 25 ans, sachant que la maturité chez les joueurs est 28 ans. On est vraiment sur un début d’apprentissage mais nous avons des joueurs qui à mon sens, tapent à la porte de l’équipe de France de Cécifoot. Si nous arrivons l’année prochaine à participer à un championnat ou une coupe de France, ces joueurs pourraient bien être repérés par les sélectionneurs. Aujourd’hui on essaie d’être là ou il y a du sport et pas là ou il y a du handicap.