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Cavillot : « Il faudrait interdire aux pétroliers d’être grossistes et distributeurs »

A quelques heures du dernier atelier portant sur la formation des prix des hydrocarbures à la Réunion, Jocelyn Cavillot, délégué régional Solidaires, a souhaité donner son avis sur les trois rencontres qui se sont déroulées au sein de la CCIR entre acteurs économiques, transporteurs, Etat, collectivités et pétroliers. Un bilan en demi teinte pour le délégué syndical. Ce dernier attend désormais le rapport de synthèse et la conclusion de cet atelier sur la formation des prix des carburants. Interview.

Ecrit par zinfos974 – le mardi 26 juin 2012 à 07H07

Zinfos974: La mise en place des ateliers sur la formation des prix de hydrocarbures à la Réunion vous ont-ils permis de voir plus clair sur le dispositif de formation de prix de l’achat à la pompe ?

Jocelyn Cavillot : « Ces ateliers ont eu un aspect positif, on a pu avoir une vision plus précise sur les coûts après achat à Singapour. Mais un problème reste, celui des cotations et de la manière dont les coûts d’achat sont établis avant Singapour. Ça on ne sait rien (…). Sur le transport, on a pu réellement décortiquer les prix et devant la multiplication des acteurs, on arrive selon mes calculs à un surcoût de 1 à 2 centimes (Ndlr : l’Etat de son côté a estimé que le surcoût était estimé à 1/4 ou 1/2 centimes d’euros par litre). Mais je dois rappeler que un centime de surcoût représente 5 millions d’euros par an à la Réunion, de l’argent qui pourrait servir aux collectivités.

Sur les ateliers, on a montré des marges manoeuvres très réduites pour faire baisser les prix à la pompe. Selon le rapporteur public, le seul moyen d’avoir un prix plus bas serait la libéralisation des prix à la pompe et donc la probable disparition des pompistes. Qu’est ce que vous pensez de cette piste ?

« Est-ce que je dois vous rappeler que les pétroliers possèdent les 3/4 des stations de l’île et qu’ils les proposent en location gérance. Sur l’aspect de l’emploi, c’est simple, d’un côté vous avez les distributeurs (stations-services) qui représentent 1.800 emplois et de l’autre les grossistes (pétroliers) qui représentent 300 emplois, comment peut-on avancer la libéralisation des prix comme moyen de faire baisser les prix, au risque de voir des emplois disparaitre, alors que le niveau de marges dégagé d’un côté comme de l’autre est le même pour un nombre d’emploi bien inférieur du côté des grossistes (…). Les pétroliers sont au courant des coûts et des charges des stations services et ils modulent les loyers. Ainsi, ils captent la majeure partie de la marge du distributeur (…) Pour arrêter cela, il faudrait une action forte de l’Etat et qu’il interdise aux compagnies pétrolières de pratiquer les deux activités en même temps, à savoir la fonction de grossiste et de distributeur. En interdisant le cumul de ces activités, les distributeurs pourront choisir leur grossiste et on pourra avoir une vraie concurrence (…) Total à lui seul est grossiste, distributeur, fait du stockage, fait de l’importation et intervient sur le transport. On ne peut pas dire qu’il n’y a pas de cumul créant une synergie. Ce matin j’attends avec impatience les conclusions du rapport de synthèses sur les carburants, mais j’espère qu’il ne reprendra pas la synthèse des pétroliers ».

La Région doit annoncer mardi la fin du gel des prix des carburants à la pompe. Qu’est ce que vous avez pensé de ce dispositif ?

« On était dans le cadre d’une action menée en fonction de la conjoncture. La Région est une collectivité dont les élus représentent la population. Ce dispositif ne peut être que limité dans le temps, car c’est bien le contribuable qui paie pour la baisse des carburants. Maintenant ce doit être aux pétroliers de faire des efforts, mais malheureusement ces derniers n’en font pas.

Selon vous quel serait la solution à mettre en place pour faire baisser le carburant ? Ou faudrait-il changer nos modes de déplacements, privilégier les transports en commun ?

« Trouver une solution n’est pas simple sans évaluation et le modèle actuel donne la part belle aux pétroliers. Aujourd’hui, quand le baril augmente il est répercuté à la pompe, mais quand il baisse cela n’est pas prise en compte. Mais la solution et je le répète, c’est d’interdire le cumul des activités de grossiste et de distributeur. Après à plus long terme, il faut sortir du tout voiture et penser à un développement des transports en commun en privilégiant le modèle du rail.

 

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