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Cancer(s) : Les mitochondries sentinelles de la vie, mais…

Des sentinelles de la vie d’organismes à cellules eucaryotes qui se transforment en cellules cancéreuses si leur vie est menacée, c’est ce dont nous débattons.     Les mitochondries autonomes il y a 1 500 millions d’années vivaient isolées. Après l’ère du Cambrien qui désigne l’apparition de la plupart des grands embranchements des métazoaires (animaux pluricellulaires) […]

Ecrit par Frédéric Paulus, Directeur du CEVOI (Centre du Vivant de l’Océan Indien) – le vendredi 17 juillet 2020 à 11H21
Des sentinelles de la vie d’organismes à cellules eucaryotes qui se transforment en cellules cancéreuses si leur vie est menacée, c’est ce dont nous débattons.  
 
Les mitochondries autonomes il y a 1 500 millions d’années vivaient isolées. Après l’ère du Cambrien qui désigne l’apparition de la plupart des grands embranchements des métazoaires (animaux pluricellulaires) et qui aura initié une grande diversification du vivant, les mitochondries, elles, se sont progressivement compactées pour donner naissance à des cellules végétales, animales et humaines appelées dès lors eucaryotes. Les mitochondries sont souvent décrites comme les « centrales énergétiques » des cellules. Elles contribuent à l’essentiel de la production cellulaire d’ATP (adénosine triphosphate) la molécule énergétique utilisée dans un très grand nombre de réactions chimiques du métabolisme, notamment de l’anabolisme. Les mitochondries sont impliqués également dans de nombreux processus telles que l’apoptose (la  mort des cellules), la thermogénèse, la signalisation cellulaire, le stockage du calcium, la prolifération de cellules saines et tumorales ou le vieillissement… Le nombre de mitochondries est proportionnelle à la consommation énergétique de la cellule, plus un organe a besoin d’énergie plus il y aura de mitochondries, les cellules musculaires, cardiaques, hépatiques et neuronales étant les plus riches en mitochondries. Elles méritent bien l’attribut de SENTINELLE DE LA VIE. Ces organites que l’on croyait intracellulaires, que l’on retrouve dans le sang (voir plus bas) font actuellement l’objet d’une série d’observations et de considérations qui évoquent leurs fonctions vitales essentielles tout en les localisant lors de processus pathologiques tels que le cancer (1). Notre démarche consiste à en rechercher la logique évolutionniste sous-jacente lorsqu’elles sont supposées dysfonctionner. Ayant conservé leur génome, elles devraient profiter d’une certaine autonomie génétique. 
 
La compétition que nous avons imaginée (2) dans une précédente contribution est certainement abusive. Le génome des mitochondries est rudimentaire en comparaison du génome cellulaire. Notre hypothèse serait que les mitochondries, poussées par une sorte de dynamique vitale semblable à un instinct de vie, chercheraient à se maintenir en vie tout en assurant les fonctions résumées plus haut. Lorsque leur environnement est menaçant pour leur vie elles chercheraient à « retrouver » leur  logique d’avant l’ère symbiotique. D’après notre hypothèse centrale le(s) cancer(s) émergerai(en)t d’une « compétition inégalitaire » entre le génome des mitochondries et celui des cellules en général. Et ce, du fait d’un environnement insatisfaisant homéostatiquement et d’un génome limitant. Les mitochondries, « maillon faible », veulent alors  quitter la cellule pour retrouver leur autonomie d’il y a 1 500 millions d’années, selon une pulsion de vie qui précipite l’organise vers la mort. Nous savons que lorsque l’on extrait un nodule cancéreux, les cellules prélevées sont immortelles en boîte de culture.  
 
Cette hypothèse semble recevoir un soutien en crédibilité depuis la découverte , par l’équipe d’Alain Thierry, de l’Institut de Recherche en Cancérologie de Montpellier (IRCM), d’ADN mitochondrial tumoral circulant au niveau du sang. Dès 2014, les travaux de cette équipe sont couronnés de succès. Elle réalise la première validation clinique de l’analyse de l’ADN mitochondrial circulant en oncologie (publication dans la prestigieuse revue Medecine Nature), puis la première démonstration de son utilité pour la prise de décision thérapeutique chez les patients atteints d’un cancer colorectal métastatique. L’équipe d’Alain Thierry propose une simple prise de sang (ou biopsie liquide) pour détecter et analyser les ADN circulants qui portent les mutations génétiques des cellules cancéreuses dont ils sont issus. 
 
L’expression « se faire du mauvais sang » prendrait tout son sens
 
Cette « migration » des organites mitochondriales dans le sang, révélant ou non un début de cancer, nous renseigne sur leur mobilité potentielle. Nous ne devrions pas être surpris  si la découverte de cette « mobilité » nous conduit à la transposer  dans la prolifération des cancers, pathologies nomades par excellence. 
 
Du fait de la « porosité » des  deux membranes des mitochondries, celle-ci les rendent sensibles  (ce que nous imaginons) à appréhender qualitativement leur environnement en les transformant en  « sentinelles » de la santé ou de la pathologie des organismes, bien que leurs capacités sensibles « intrinsèques » soient difficilement objectivables pour l’instant. Cette sensibilité leur ferait percevoir la réalité biochimique et énergétique de leur environnement et signerait, chez elles,  l’obligation de fuir l’organisme pathogénique pour leur survie. Elles deviendraient ainsi cancéreuses  suivant un processus d’exosymbiotisation, en changeant de phénotype. 
 
L’analyse de l’ADN circulant mitochondrial étend ainsi le champ d’application de la médecine personnalisée. La suite thérapeutique différera selon les présupposés théoriques et l’interprétation que l’on pourrait porter sur le phénomène « cancer ». En complément de soins médicaux, l’aspect écologique et thérapeutique environnemental alternatif serait de valoriser des moments de vivre avec plaisir, de respirer le bon air, de pratiquer un sport sans excès, de manger de la nourriture saine avec plaisir, de ne pas se focaliser sur le négatif de la vie, de percevoir le côté positif des choses, d’éviter les situations générant l’inhibition de l’action autant que faire se peut, et d’éviter les pièges de la société de consommation qui valorise l’avoir plutôt que l’être. La psychologie devrait également apporter son intelligence en clinique médicale.  
 
Réf 
1) NEUZIL Jiri,  « Prolifération des cellules cancéreuses : une nouvelle voie biochimique », 28.01.2019, voir : https://www.pasteur.fr/fr/journal-recherche/actualites/proliferation-cellules-cancereuses-nouvelle-voie-biochimique-impliquee
2) PAULUS Frédéric, « Le(s) cancer(s) : Compétition entre le génome de la cellule et celui des mitochondries ? » , le 13/07/2020. https://www.zinfos974.com/Le-s-cancer-s-competition-entre-le-genome-de-la-cellule-et-celui-des-mitochondries_a157392.html
3) GRACCI  Florenza, « Découverte : Le sang contient des milliards de mitochondries passées inaperçues jusqu’ici ! », Science et Vie, mise à jour le 03/07/2020 ; «  Chaque millilitre de plasma sanguin contient entre 200 000 et 3,7 millions de mitochondries circulant librement ! » Cet article rend hommage aux travaux de l’équipe d’Alain Thierry. 
https://www.science-et-vie.com/corps-et-sante/decouverte-le-sang-contient-des-milliards-d-organites-passes-inapercus-jusqu-ici-53992

 

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