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Ca cogne dur entre le MEDEF et la CPME…

La CPME a annoncé lors de sa dernière assemblée générale être devenue la première organisation patronale de la Réunion, en terme de nombre d'adhérents. Ce que conteste bien évidemment le MEDEF. L'occasion pour nous de faire un tour des forces -et surtout des faiblesses- des deux protagonistes, grâce aux avis éclairés d'un groupe de chefs d'entreprises adhérents de l'une ou de l'autre organisation. Et parfois des deux...

Ecrit par zinfos974 – le lundi 19 mars 2018 à 05H00

J’ai eu la chance ce week-end d’être invité par un groupe de chefs d’entreprises qui se réunissent régulièrement de façon informelle dans un cercle privé, pour réfléchir à l’avenir de la Réunion et à son développement économique. Ce qui m’a permis d’y voir un peu plus clair dans le combat que se livrent actuellement la CPME et le MEDEF.

Un groupe de patrons très critiques

Ce groupe n’a pas de nom. On y trouve des jeunes et des moins jeunes, des femmes et des hommes, des membres de grandes familles mais pas que, et de toutes les communautés. Ils sont tous très agacés par les batailles d’égo qui bloquent, à leur avis, l’économie réunionnaise. Pour eux il est plus que temps que tout ceci s’arrête !

La discussion démarre par un « moucatage » des administrateurs et adhérents historiques du MEDEF qui auraient, selon eux, découvert dans la presse les chiffres de la CPME Réunion. Celle-ci, profitant de la présence de son président national, a annoncé fièrement lors de son assemblée générale qu’elle serait « forte de 600 adhérents et 24 syndicats partenaires ».

Des chiffres annoncés par Dominique Vienne, son président local, en présence de la presse, de façon à bien enfoncer le rival de toujours, le MEDEF. 

Selon Dominique Vienne, la CPME serait devenue le premier syndicat patronal à la Réunion. En entendant ou en lisant ces chiffres, les responsables du MEDEF ont failli s’étrangler.

Bientôt un nouveau président pour la CPME
 
Cette annonce arrive au bon moment pour Dominique Vienne, qui vient d’être élu président du CESER (Conseil économique et social de la Réunion), et qui va certainement passer la main prochainement à la CPME.

« Ces chiffres lui font du bien » disent, amusés, les chefs d’entreprises estampillés CPME que j’ai rencontrés. « Nous l’avons vu grandir et aussi grossir  au sein du syndicat : Dominique avait déjà un peu les chevilles qui gonflaient depuis deux ans. L’heure est venue pour lui de passer la main« . Bien qu’ils reconnaissent l’énorme travail qu’il a abattu, ils ont malgré tout la dent dure avec leur président.

Et un proche du MEDEF de m’expliquer que « Dominique Vienne n’a rien inventé. Le SBA existait ailleurs, tout comme la démarche sur les fuites économiques. Dominique les a importés et les a adaptés à La Réunion ». Possible. Mais encore fallait-il le faire, ce que n’a pas fait le MEDEF. Et ce n’est déjà pas si mal.
 
Plusieurs noms circulent pour son remplacement à la tête du syndicat. Il en est un qui revient avec insistance, celui de Gérard Lebon qui vient d’échouer à prendre la présidence de la Sécurité sociale. Après devinez quoi ? Un coup de Trafalgar du MEDEF. « Au lieu de travailler ensemble, on se tire dessus », tient à préciser un des poids lourds de l’économie locale.

A moins que le futur président de la CPME ne soit Jérôme Gonthier, un yab du sud, tout comme Dominique Vienne, qui a fait une entrée remarquée au bureau de l’organisation. Le Président de la CILAM comme administrateur, un joli coup de Dominique Vienne qui relègue du même coup dans le passé son précédent président, Paul Martinel, ex-baron actif du MEDEF. Il n’y a pas de petites victoires…

Une cible, la déléguée générale du MEDEF
 
Au sein du MEDEF me disent ces patrons, ça râle dur car l’annonce de la primauté de la CPME a agacé, pour ne pas dire enragé les piliers. Et plusieurs ciblent particulièrement Sandrine Dunand Roux, la déléguée générale.

« Du temps de Catherine D’Hanens, nous avions une organisation puissante et écoutée au plus haut niveau. Les chefs d’entreprises de La Réunion parlaient à Paris d’une seule voix, aujourd’hui à Paris ils s’amusent quand il nous voient arriver. Nous critiquons les politiciens quand ils sont incapables de se mettre d’accord pour défendre les dossiers importants de La Réunion, et nous faisons comme eux« , lâche, désabusé, un de ces patrons.
 
On vous l’avait annoncé, ça tape en ce moment au Medef. 
 
« Qu’elle force à le MEDEF sur l’île aujourd’hui ? » demande un autre, visiblement découragé. « Nous avons besoin d’une personne qui soit franchement en mesure de rentrer dans les dossiers stratégiques, qui sache les défendre et travailler avec les autres. On a plein de Réunionnais compétents, bardés de diplômes. Le Medef est en hibernation depuis trop longtemps maintenant ! »
 
Pourtant pour certains il n’y aurait pas de compétences plus prononcées du coté de la CPME. Seulement des manques plus évidents du coté du MEDEF.
 
« Qu’est-ce que le MEDEF a présenté pour le territoire, qu’est-ce qu’on a proposé pour les assises des outre-mer« , glisse un autre.

Les critiques fusent de toutes parts mais tous préfèrent encore conserver l’anonymat, « pour ne pas tuer l’organisation », disent-ils.
 
Mais que le MEDEF se rassure tout de même. Un des adhérents de la CPME, qui est aussi adhérent du MEDEF (eh oui, ça existe…), m’explique qu’on juge la force d’une organisation à la qualité des personnalités assises au premier rang dans les assemblées générales. Or, au MOCA ce jeudi 15 mars selon lui, « et ben, on les a cherchées les personnalités de premier plan ».

Une mince consolation pour le MEDEF…

 

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