Les mauvaises habitudes ont la vie dure dans les plus hautes sphères de l’Etat, à Paris.
Contraint de faire marche arrière à plusieurs reprises devant la pression populaire après avoir refusé de nommer un Réunionnais à un poste à responsabilité, alors même qu’il remplissait tous les critères de compétence et de connaissance du milieu pourtant édictés par François Hollande lui même au travers des fameux « centres d’intérêt matériels et moraux« , certains ministres continuent à vouloir imposer leurs copains à la tête d’organismes locaux.
Cette fois, c’est Patrick Kanner, le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, qui essaie de caser un certain Jean-Paul Bruna, un professeur de sport alsacien, à la tête du CREPS de la Réunion.
Un CREPS est, rappelons-le, un établissement public qui a vocation à former les éducateurs sportifs et à accueillir les sportifs de haut niveau.
Tout a démarré avec le départ à la retraite annoncé du directeur en poste, Régis Bertogli, il y a de cela cinq mois. En prévision, le ministère avait lancé un appel à candidature il y a dix mois, duquel était sortie une short list de quatre noms. En fait, très vite, le débat a porté sur un choix entre ce Jean-Paul Bruna, la soixantaine et proche de la retraite, et Jean-Yves Morel, 55 ans, qui dispose de tous les diplômes requis et qui bien sûr, en tant que Réunionnais, connaît parfaitement le tissu sportif de l’île… Pour mémoire, son dernier poste à la direction de la Jeunesse et des Sports de la Réunion est actuellement celui de correspondant interrégional anti-dopage.
Alors que le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports aurait dû consulter la Région, elle évite soigneusement de le faire, sachant sans doute qu’elle allait recommander le candidat réunionnais, et annonce son choix : le professeur alsacien.
Devant le tollé de la Région, le ministre est obligé de faire marche arrière et de revenir au point de départ, en lançant une consultation officielle de l’instance régionale.
Les choses en sont là, même s’il se murmure que la décision pourrait être prise très rapidement. Il est en effet urgent pour le gouvernement de caser ses copains avant de quitter définitivement le pouvoir dans deux mois.
Peut-être faudrait-il une mobilisation populaire à la Réunion, comme celle qui avait poussé au retrait de la nomination de Virginie Chaillou-Atrous de l’université ou la désignation de Velayoudom Marimoutou au poste de recteur… Celle-ci a déjà commencé semble-t-il, sous la pression d’acteurs influents du monde sportif, culturel et syndical. Plusieurs réunions ont déjà eu lieu, qui devraient prochainement déboucher sur des actions plus visibles.
Un nouveau bras de fer en perspective…