
Dominique Voynet : "Nous savons ce que nous allons trouver, contrairement au territoire métropolitain ou à La Réunion" (photo d'archives ARS de Mayotte)
« La période d’isolement pour une personne positive reste fixée à 7 jours à Mayotte, et non 10 comme le prévoit le document national. Il n’y a, également, pas d’indication à contrôler un test antigénique positif par une PCR en seconde intention. Il n’est pas non plus nécessaire de réaliser un test en fin de septaine, donc en sortie d’isolement », expose ce mail de l’ARS Mayotte que nous avons pu consulter.
Ces trois assouplissements du cadre national ont pu surprendre des professionnels de santé à qui ces adaptations ont été présentées en début de semaine dans le 101ème département français. Mais Dominique Voynet nous explique les ressorts de la décision de ses services.
Zinfos974 : Pourquoi ces exceptions ont été prises ?
Dominique Voynet : "Comme vous l'aurez noté, les instructions nationales sont destinées à éviter la dissémination de ce virus très contagieux sur un territoire largement épargné jusqu'ici. Nous n'en sommes hélas plus là à Mayotte, en dépit de toutes les précautions prises (dépistage massif dans les centres de dépistage et via des équipes allant à la rencontre des populations isolées, dans les villages et les quartiers ; test systématique chez les passagers revenant de l'étranger dès début janvier ; diagnostic et suivi des clusters professionnels et familiaux...), l'isolement des patients restant "le maillon faible" de notre dispositif, tant sont nombreux ceux qui vivent dans des conditions précaires, où la cohabitation de plusieurs générations dans un espace restreint est fréquente. Nous disposons en revanche d'équipes de terrain, soutenues par des associations et des médiateurs de lutte contre le covid, formés par l'ARS, pour aller au domicile des personnes infectées (éducation sur les gestes barrière, incitation à l'isolement et, si nécessaire, test de l'entourage).
L'épidémie fait rage à Mayotte, où on note un taux d'incidence de plus de 800 cas/100 000 habitants/semaine et où près d'un test sur trois revient positif dans les centres de dépistage (hôpital, labo et pharmacies). Les opérations conduites dans les villages montrent que 10 % de la population est à l'instant T porteuse du virus...
Le virus variant sud-africain s'est largement imposé : il est présent dans plus de 70 % des tests PCR analysés. En accord avec l'Institut Pasteur et la direction générale de la santé, nous avons considéré qu'il n'était pas utile de tester en PCR tous les cas positifs au test antigénique, dans la perspective d'un éventuel séquençage du génome viral : nous savons ce que nous allons trouver, contrairement au territoire métropolitain ou à La Réunion où on cherche où et comment circule le variant, pour tenter de le contenir par l'isolement des cas et foyers.
Je vous rappelle par ailleurs que Mayotte est confinée depuis deux semaines : la fermeture des écoles, mesure radicale s'il en est, celle des mosquées, celle des commerces, les seuls commerces alimentaires restant autorisés et fermant à 18 H, nous aideront à juguler l'épidémie.
Soyez en tout cas certains que notre position relève d'une volonté de coller à la réalité du terrain et en aucun cas d'une distance ou d'une négligence face à des mesures dont la légitimité n'est pas discutable, dans un territoire où contenir la diffusion virale resterait possible."
Ces trois assouplissements du cadre national ont pu surprendre des professionnels de santé à qui ces adaptations ont été présentées en début de semaine dans le 101ème département français. Mais Dominique Voynet nous explique les ressorts de la décision de ses services.
Zinfos974 : Pourquoi ces exceptions ont été prises ?
Dominique Voynet : "Comme vous l'aurez noté, les instructions nationales sont destinées à éviter la dissémination de ce virus très contagieux sur un territoire largement épargné jusqu'ici. Nous n'en sommes hélas plus là à Mayotte, en dépit de toutes les précautions prises (dépistage massif dans les centres de dépistage et via des équipes allant à la rencontre des populations isolées, dans les villages et les quartiers ; test systématique chez les passagers revenant de l'étranger dès début janvier ; diagnostic et suivi des clusters professionnels et familiaux...), l'isolement des patients restant "le maillon faible" de notre dispositif, tant sont nombreux ceux qui vivent dans des conditions précaires, où la cohabitation de plusieurs générations dans un espace restreint est fréquente. Nous disposons en revanche d'équipes de terrain, soutenues par des associations et des médiateurs de lutte contre le covid, formés par l'ARS, pour aller au domicile des personnes infectées (éducation sur les gestes barrière, incitation à l'isolement et, si nécessaire, test de l'entourage).
"10 % de la population est à l'instant T porteuse du virus..."
L'épidémie fait rage à Mayotte, où on note un taux d'incidence de plus de 800 cas/100 000 habitants/semaine et où près d'un test sur trois revient positif dans les centres de dépistage (hôpital, labo et pharmacies). Les opérations conduites dans les villages montrent que 10 % de la population est à l'instant T porteuse du virus...
Le virus variant sud-africain s'est largement imposé : il est présent dans plus de 70 % des tests PCR analysés. En accord avec l'Institut Pasteur et la direction générale de la santé, nous avons considéré qu'il n'était pas utile de tester en PCR tous les cas positifs au test antigénique, dans la perspective d'un éventuel séquençage du génome viral : nous savons ce que nous allons trouver, contrairement au territoire métropolitain ou à La Réunion où on cherche où et comment circule le variant, pour tenter de le contenir par l'isolement des cas et foyers.
"Notre position relève d'une volonté de coller à la réalité du terrain"Nous procédons en revanche à des séquençages sur des tests ciblés (sur les cas graves, sur les patients réinfectés, sur les clusters inexpliqués)
Je vous rappelle par ailleurs que Mayotte est confinée depuis deux semaines : la fermeture des écoles, mesure radicale s'il en est, celle des mosquées, celle des commerces, les seuls commerces alimentaires restant autorisés et fermant à 18 H, nous aideront à juguler l'épidémie.
Soyez en tout cas certains que notre position relève d'une volonté de coller à la réalité du terrain et en aucun cas d'une distance ou d'une négligence face à des mesures dont la légitimité n'est pas discutable, dans un territoire où contenir la diffusion virale resterait possible."