Alors que le fossé qui sépare les citoyens et décideurs ne cesse de s’agrandir, la CESER* a rendu sa contribution pour "faire de La Réunion du Millénium un Territoire Citoyenneté positive". Un travail qui s’inscrit dans la continuité de la réflexion entamée dans le cadre de la contribution réalisée en mars 2019 sur "notre manière réunionnaise d’agir pour faire territoire et faire société" à la suite du mouvement des gilets jaunes.
"Nous avons identifié quatre fractures : civique, sociale, territoriale et de sens, qui ont été le point d’entrée de nos travaux, afin de trouver comment les résorber", indique Dominique Vienne, président du CESER, lors du Café des territoire organisé ce mercredi après-midi à la pyramide inversée. "Il y a une pratique de la démocratie à revisiter".
Pour le CESER, faire de La Réunion un territoire à citoyenneté positive passe par la co-construction d’une "démocratie permanente" composée de trois dynamiques : la co-construction citoyenne "pour nourrir l’engagement des citoyens", la co-construction institutionnelle entre les corps représentatifs et les pouvoirs publics, et la co-construction territoriale "pour faire émerger des espaces d’intelligence territoriale pour expérimenter, réaliser des projets".
Démocratie permanente
"Le mot clé, c’est le sens du concernement (fait d'être concerné, ndlr). C’est ce qui manque le plus dans notre société", estime Jean-Pierre Rivière, vice-président du CESER. "On voit par exemple avec la consultation sur la NEO, malheureusement peu de gens s’intéressent. Il faut venir aiguiser ce sens de concernement".
Les membres du CESER proposent d'ailleurs aux pouvoirs publiques de s’appuyer sur l’échelle de participation d’Arnstein, une échelle de 8 niveaux qui va de la manipulation à la co-décision. "Parfois la consultation suffira (niveau 5), parfois, pour les sujets forts, il faudra aller vers les niveaux plus élevés", estime Dominique Vienne.
Pour le CESER, cette démocratie permanente repose sur ce sens du concernement mais aussi sur la capacité d’agir et la durabilité. À partir de ce triptyque, ils formulent des préconisations sur six axes : "engager une politique pour un territoire à citoyenneté positive", "intégrer la parole de la jeunesse dans le dialogue territorial", "former les citoyens, élus, représentatifs et engagés à la participation citoyenne", "faire connaître et promouvoir les pratiques vertueuses des entreprises et des collectivités du territoire", "mobiliser l’intelligence collective pour une co-construction efficiente des politiques publiques sur le territoire" et enfin "partager une vision commune de la gouvernance de la transition écologique à La Réunion".
Parmi les pistes concrètes avancées, le CESER propose de rédiger une charte de la concertation, de garantir la mise en place et les moyens de fonctionnement des Conseils locaux de développement dans les intercommunalités à La Réunion, d’assurer la formation civique du plus jeune âge jusqu’au premières années d’études supérieures ou encore de mettre en place une "coopérative de la démocratie permanente", laquelle "aurait vocation à construire des cas pratiques, à identifier les bonnes pratiques et les mettre à diffusion des associations, élus…". Cette coopérative serait composée d’acteurs de la société civile, de citoyens contributeurs et engagés, des citoyens élus et représentatifs, le tout avec l’ambition de "faire le lien avec les acteurs de la démocratie représentative, d’agir en cohérence avec les instances de la démocratie participative et d’être complémentaire aux formes de participation citoyenne."
Renforcer le sentiment d'appartenance
Pour élaborer leur contribution, les membres du CESER ont auditionné plusieurs acteurs pour échanger et réfléchir sur les enjeux et pratiques développer, parmi lesquels Martine Prevost, présidente de l’association Pti Colibri. Des actions ont notamment été menées à destination de jeunes issus de milieux défavorisés du Bas de la Rivière. Des ateliers, un voyage à Paris à la découverte de l’assemblée nationale, et les jeunes en sont sortis transformés. "On leur a expliqué que le patrimoine français leur appartenait en partie. On a renforcé leur sentiment d’appartenance à la France et fait découvrir les droits et devoirs des citoyens", explique-t-elle, ravie de voir que ces jeunes en sont sortis transformés.
Egalement représentée, l'association JB4 aiguise le "pouvoir d'agir" dans les quartiers prioritaires de la ville de Saint-Denis. Elle mène en effet des actions auprès de Conseils citoyens de la ville et les accompagne dans les domaines de la formation, de la communication et de l'éducation."Le pouvoir d'agir ne peut pas s'instituer", estime Benoit Maheux, directeur de l'association. "Si on singe le politique, si on formalise la chose, ça peut briser toute initiative", met-il en garde.
Le CESER a transmis sa contribution à toutes les collectivités de l’île, avec l'espoir que les décideurs en accusent réellement réception. "Ce n'est pas parce qu'on l'a envoyée qu'on est rassurés", glisse Dominique Vienne.
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* Conseil Economique Social Environnemental Régional. Il remplit une mission de consultation auprès des instances politiques de la région.
"Nous avons identifié quatre fractures : civique, sociale, territoriale et de sens, qui ont été le point d’entrée de nos travaux, afin de trouver comment les résorber", indique Dominique Vienne, président du CESER, lors du Café des territoire organisé ce mercredi après-midi à la pyramide inversée. "Il y a une pratique de la démocratie à revisiter".
Pour le CESER, faire de La Réunion un territoire à citoyenneté positive passe par la co-construction d’une "démocratie permanente" composée de trois dynamiques : la co-construction citoyenne "pour nourrir l’engagement des citoyens", la co-construction institutionnelle entre les corps représentatifs et les pouvoirs publics, et la co-construction territoriale "pour faire émerger des espaces d’intelligence territoriale pour expérimenter, réaliser des projets".
Démocratie permanente
"Le mot clé, c’est le sens du concernement (fait d'être concerné, ndlr). C’est ce qui manque le plus dans notre société", estime Jean-Pierre Rivière, vice-président du CESER. "On voit par exemple avec la consultation sur la NEO, malheureusement peu de gens s’intéressent. Il faut venir aiguiser ce sens de concernement".
Les membres du CESER proposent d'ailleurs aux pouvoirs publiques de s’appuyer sur l’échelle de participation d’Arnstein, une échelle de 8 niveaux qui va de la manipulation à la co-décision. "Parfois la consultation suffira (niveau 5), parfois, pour les sujets forts, il faudra aller vers les niveaux plus élevés", estime Dominique Vienne.
Pour le CESER, cette démocratie permanente repose sur ce sens du concernement mais aussi sur la capacité d’agir et la durabilité. À partir de ce triptyque, ils formulent des préconisations sur six axes : "engager une politique pour un territoire à citoyenneté positive", "intégrer la parole de la jeunesse dans le dialogue territorial", "former les citoyens, élus, représentatifs et engagés à la participation citoyenne", "faire connaître et promouvoir les pratiques vertueuses des entreprises et des collectivités du territoire", "mobiliser l’intelligence collective pour une co-construction efficiente des politiques publiques sur le territoire" et enfin "partager une vision commune de la gouvernance de la transition écologique à La Réunion".
Parmi les pistes concrètes avancées, le CESER propose de rédiger une charte de la concertation, de garantir la mise en place et les moyens de fonctionnement des Conseils locaux de développement dans les intercommunalités à La Réunion, d’assurer la formation civique du plus jeune âge jusqu’au premières années d’études supérieures ou encore de mettre en place une "coopérative de la démocratie permanente", laquelle "aurait vocation à construire des cas pratiques, à identifier les bonnes pratiques et les mettre à diffusion des associations, élus…". Cette coopérative serait composée d’acteurs de la société civile, de citoyens contributeurs et engagés, des citoyens élus et représentatifs, le tout avec l’ambition de "faire le lien avec les acteurs de la démocratie représentative, d’agir en cohérence avec les instances de la démocratie participative et d’être complémentaire aux formes de participation citoyenne."
Renforcer le sentiment d'appartenance
Pour élaborer leur contribution, les membres du CESER ont auditionné plusieurs acteurs pour échanger et réfléchir sur les enjeux et pratiques développer, parmi lesquels Martine Prevost, présidente de l’association Pti Colibri. Des actions ont notamment été menées à destination de jeunes issus de milieux défavorisés du Bas de la Rivière. Des ateliers, un voyage à Paris à la découverte de l’assemblée nationale, et les jeunes en sont sortis transformés. "On leur a expliqué que le patrimoine français leur appartenait en partie. On a renforcé leur sentiment d’appartenance à la France et fait découvrir les droits et devoirs des citoyens", explique-t-elle, ravie de voir que ces jeunes en sont sortis transformés.
Egalement représentée, l'association JB4 aiguise le "pouvoir d'agir" dans les quartiers prioritaires de la ville de Saint-Denis. Elle mène en effet des actions auprès de Conseils citoyens de la ville et les accompagne dans les domaines de la formation, de la communication et de l'éducation."Le pouvoir d'agir ne peut pas s'instituer", estime Benoit Maheux, directeur de l'association. "Si on singe le politique, si on formalise la chose, ça peut briser toute initiative", met-il en garde.
Le CESER a transmis sa contribution à toutes les collectivités de l’île, avec l'espoir que les décideurs en accusent réellement réception. "Ce n'est pas parce qu'on l'a envoyée qu'on est rassurés", glisse Dominique Vienne.
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* Conseil Economique Social Environnemental Régional. Il remplit une mission de consultation auprès des instances politiques de la région.