Revenir à la rubrique : Economie

CESER : Des idées sur l’emploi et la formation, encore faut-il vouloir les appliquer

Dix ans après son dernier rapport sur le sujet, le CESER (Conseil économique, social et environnemental régional) refait une nouvelle proposition approfondie sur la GPEC (Gestion prévisionnelle des emplois et de la compétence), une version territoriale et adaptée pour la Réunion. Objectif, favoriser et anticiper les "besoins" et "ressources" au sein de l'entreprise, ou comment créer et maintenir de l'emploi dans une île sclérosée par le chômage. Une "gestion" adaptée à destination des entreprises, mais surtout des salariés. Pour le moment, personne ne semble décidé à appliquer cette démarche dans notre île, faute de concertation unanime entre les acteurs.

Ecrit par JD – le lundi 03 mars 2014 à 14H51

« Ce rapport sur la GPEC a été adopté au mois de novembre dernier. Il s’adresse à la problématique de l’emploi, comment le créer ou le maintenir, à la Réunion« , explique le président du CESER, Jean-Raymond Mondon.

Terme légèrement barbare pour le commun des mortels, la GPEC, ou Gestion prévisionnelle des emplois et de la compétence, est « une démarche d’ingénierie des ressources humaines consistant à concevoir, mettre en oeuvre, et à contrôler des politiques et pratiques qui permettront de réduire de façon anticipée les écarts existants entre les besoins et les ressources de l’entreprise, à la fois sur le plan des effectifs et sur le plan des compétences« . Cette « gestion » est une obligation faite aux entreprises de plus de 300 personnes, ou de plus de 150 personnes dans le cadre d’entreprises à dimension communautaire, via la loi Borloo adoptée en 2005.

Michelle André, vice-présidente de la commission éducation et formation professionnelle au sein du CESER, décode la GPEC pour les plus « hermétiques » d’entre nous. « C’est de permettre à l’entreprise de faire un inventaire des compétences disponibles en son sein, mais aussi le potentiel à faire évoluer. Le but étant qu’il y ait moins de décalage dans l’évolution de l’entreprise tout en liant compétence et développement du personnel« , souligne-t-elle.

Une GPEC territoriale

La GPEC est obligatoire pour un certain type d’entreprises, mais elle est très difficilement adaptable localement compte tenu du tissu économique, composé à près de 90% de TPE et PME. D’où la volonté du CESER de proposer une GPEC territoriale, plus à même de répondre aux besoins en matière d’emploi et de formation à la Réunion. « La GPEC est un moyen d’aide à la productivité des entreprises, par la formation de ces personnels, un moyen de permettre un rapport gagnant-gagnant entre salarié et chef d’entreprise. Pour les salariés, il s’agit d’avoir un niveau de qualification reconnu, soit une employabilité nettement supérieure sur le marché du travail« , précise Jean-Raymond Mondon.

Après un précédent rapport, présenté il y a 10 ans et passé aux oubliettes, le CESER a décidé d’en « remettre une couche » avec ce deuxième volet plus approfondie sur la GPEC tout en proposant une série de préconisations. « Il y a un certain nombre de domaines stratégiques définis à la Réunion (Tourisme, NTIC…). Il faut axer cette GPEC sur ces domaines là« , souligne le président du CESER. Une volonté affichée alors que la Réunion est particulièrement touchée par le chômage.

Les idées sont là. « Poursuivre la structuration des branches, faire une déclinaison locale de l’APEC (Association pour l’emploi des cadres) ou encore mobiliser et optimiser l’utilisation des dispositifs de financement de la formation pour le développement de la GPEC« , peut-on lire dans le rapport du CESER. En tout, sept préconisations pour aboutir à une meilleure lisibilité de l’emploi et de la formation professionnelle à la Réunion.

Depuis 10 ans, rien n’est fait

Si le projet est beau sur le papier et plein de bonne volonté, encore faut-il que l’ensemble des acteurs se mettent d’accord pour décliner localement et territorialement la GPEC. En 2004, lors de son premier rapport, le CESER avait émis l’hypothèse de confier la montée en charge locale du dispositif entre les mains du CARIF OREF (Centres d’animation, de ressources et d’information sur la formation et Observatoires régionaux emploi formation). « Rien, même si tout le monde est responsable de l’inaction« , lâche Jean-Raymond Mondon. 10 ans plus tard, la Réunion est toujours au même stade. « Notre rapport dit qu’il s’agit d’un outil mais rien ne se fera si le projet n’est pas partagé par l’ensemble des acteurs« , poursuit-il.

Qui pour piloter la GPEC territoriale à la Réunion ? Le CESER verrait bien le CCREFP (Comité de coordination régional pour l’emploi et la formation professionnelle), car toutes les instances représentatives siègent au sein de ce comité et de rappeler que ce pilotage « fonctionne » dans d’autres régions de France.

Le rapport du Ceser a été adressé à tous les « décisionnaires » comme l’Etat, le ministre des Outre-mer, les députés ou encore les collectivités locales. En France, 570 entreprises ont signé une GPEC, selon les derniers chiffres de 2008. A la Réunion, où il existe quelques entreprises concernées par ce dispositif, impossible de savoir selon le CESER. « Nous ne sommes que l’assemblée du 1er mot et je ne suis pas décideur politique« , conclut Jean-Raymond Mondon.

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

La CRC épingle la SAPHIR sur la gestion durable de l’eau

La Chambre régionale des comptes de La Réunion a publié son rapport d’observations définitives sur la société d’aménagement des périmètres hydroagricoles de La Réunion (SAPHIR), après son premier contrôle initié en février 2023. Le rapport, qui a finalisé ses observations en octobre 2023, critique les pratiques actuelles de SAPHIR, soulignant sa dépendance financière aux ventes d’eau et ses modalités d’action qui ne s’inscrivent pas pleinement dans une gestion durable de l’eau.

Henri Nijdam : “Le Quotidien ne sera pas un journal low-cost”

Propriétaires depuis ce mercredi à minuit du Quotidien, Henri Nijdam et Jean-Jacques Dijoux ont livré quelques éléments sur le futur du journal. Aux lecteurs, les nouveaux hommes forts de ce pilier de la presse locale assurent que Le Quotidien nouvelle formule sera de qualité.