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CCIR: Ibrahim Patel ouvre les « dossiers » à l’heure du bilan

2011–2016. Ibrahim Patel s’est appliqué, hier, à dresser le bilan de 5 années passées à la tête de la CCI. Son actuelle opposition est prévenue. Il trouvera sur sa route un candidat qui ne se fait pas prier pour balancer sur les petits arrangements qui avaient cours avant son arrivée il y a 5 ans.

Ecrit par LG – le vendredi 29 janvier 2016 à 01H14

Dans 9 mois, le président de la chambre de commerce remet son poste en jeu. Le 20 octobre se tiendra l’élection des élus de la chambre consulaire. Un mandat qui s’est rallongé d’un an comme dans toutes les CCI de France pour éviter un télescopage électoral avec les régionales.
 
Point par point, pendant 1h30 et seul en tribune, Ibrahim Patel a décortiqué l’action de son équipe depuis 2011. Chiffres à l’appui. Et à profusion.
 
A l’heure du bilan, Ibrahim Patel fait état d’un tableau de bord dont il est fier. « En 2010, quand nous avons pris la CCI, on vivait du Port et de l’aéroport et on avait une trésorerie négative. Aujourd’hui, sans ces deux outils nous faisons +10,7 millions. Voici ce que des incapables ont réussi à faire », claironne-t-il, lui qui a moyennement apprécié les moqueries de l’organisation patronale Medef lors de sa victoire il y a 5 ans.
 
« On a redressé la barre », indique le capitaine, et ce malgré les ponctions répétées ces dernières années de l’Etat. La douloureuse a amputé la chambre de 277.000 euros en 2013, 511.000 en 2014 et 1,2 million en 2015. En 2016, l’Etat va se servir dans les caisses de la CCI à hauteur de 999.000 euros. Fin 2016 (lors de l’examen du projet de loi de finances 2017, ndlr), on ne sait pas à quelle sauce on va être mangé. L’Etat y a tellement pris goût, image-t-il son désarroi. Tellement étouffées, certaines CCI de métropole en sont même venues à trancher dans le vif, en supprimant des postes. « J’avais pris l’engagement de ne pas faire de plan social jusqu’à la fin de la mandature », rappelle-t-il.
 
« Les TPE ont désormais leur place »
 
Ibrahim Patel se félicite d’avoir fait entrer les petites entreprises dans la maison CCIR. « A notre arrivée en 2011, notre souci a été le rééquilibre entre les petites et grandes entreprises. Les petites n’avaient pas toute leur place dans l’institution ». Des signaux ont été envoyés. Parmi lesquels l’embauche de juristes mis à disposition des TPE « qui n’ont pas l’opportunité de se payer leur conseil contrairement aux grandes sociétés. »
 
Autre fierté : « la proximité a fonctionné », selon le patron de la CCIR. Les Maisons de l’entreprise dispatchées aux quatre coins de l’île ont généré 68.000 contacts (physiques et téléphoniques) avec ses ressortissants au cours de l’année 2015. Important pour Ibrahim Patel, ces lieux d’accompagnement ont permis et permettent toujours à des entrepreneurs d’éviter tout déplacement sur le chef-lieu pour des formalités.
 
Dans la longue liste des réussites qu’il attribue à sa mandature, citons pêle-mêle le « redressement » (+3% par rapport  à 2014) de la collecte brute de la taxe d’apprentissage (12,3 millions d’euros en 2015), la mise sur pied de la centrale d’achat installée au Port et son tout premier chiffre d’affaires de 300.000 euros, « la preuve que l’on peut résister aux lobbying » . Optimiste, « 2016 sera l’année de son envol », promet Ibrahim Patel.
 
Autre satisfecit, le succès de la Nuit de l’orientation« un pur produit de la chambre de commerce » – qui draine des milliers de jeunes voulant s’informer, la création d’un espace coworker, les Mercredis apprentissage (3000 jeunes accueillis), « un taux de réussite de nos diplômes (EGC) de 80% ».

Au passage, le président mentionne que l’EGC vient d’obtenir son renouvellement d’agrément pour non pas trois années comme c’est généralement le cas mais pour 5 ans, preuve selon lui d’une qualité de formation reconnue. Sur le plan économique, Ibrahim Patel affiche sa satisfaction devant des indicateurs tels que le nombre de création d’entreprises (+8,1% entre 2013 et 2015) et de radiations (-15,48% sur la même période).
 
« Ces gens qui ont volé la richesse de  la CCI »

Après l’heure du bilan scrupuleusement chiffré, la perspective de l’élection d’octobre est repoussée à dans trois mois. « Je m’exprimerai sur les élections à partir du mois d’octobre », fait-il savoir.

Mais cela ne l’a pas empêché d’annoncer la couleur. « Nous avons entendu à notre arrivée : cette équipe, ça ne durera pas plus de quatre mois et que jamais nous réussirons ! »  Ibrahim Patel se fait un plaisir de régler ses comptes sans ménagement. Il n’accepte pas les leçons de Yann de Prince, ex-patron de SFR « qui a viré 40 entreprises comme des malpropres avant de se faire lui-même virer. »

C’est aussi sur le terrain du contentieux qu’il ne faudra pas venir le chercher. Ibrahim Patel indique avoir fait le ménage. Entre les copains de la CCIR qui ne s’acquittaient pas de leur loyer ou ceux qui payaient un loyer ridicule  au regard de leur emplacement*, le président Ibrahim Patel assure avoir balisé 98% du patrimoine de la chambre consulaire. « Mais on continue d’en découvrir ». Des entreprises continuent de s’acquitter de leurs impayés, révèle-t-il, et pas plus tard qu’en 2015, avec 108.000 euros pour l’une et 150.000 pour une autre. On y retrouve aussi la SRPP, qui a dû régler 377.000 euros.

« Du temps de Magamootoo, c’était pareil »

« Ces gens qui ont volé la richesse de  la CCI, ce ne sont que des grands patrons ». Un laisser-aller complice qu’il impute aux mandatures passées, y compris la précédente. « Du temps de Magamootoo, c’était pareil. Ils ont spolié la CCIR ! »  Les intimidations d’un avocat parisien envoyé à La Réunion par une de ces grosses sociétés sommées de régulariser leur situation n’ont pas fonctionné en rigole-t-il. Des dossiers qu’il garde sous le coude pour la campagne.

L’élection est programmée pour le 20 octobre 2016. « Mais je parlerai des élections à partir du mois d’avril ». Ses vœux y ressemblaient déjà un peu.


*La CCIR a découvert à partir de 2011 que ses locations concédées à un loyer dérisoire à 22 sociétés de la zone industrielle N°1 du Port  étaient en pratique sous-louées « dans le dos de la CCIR », et à des prix presque dix fois supérieurs au loyer « officiel ». Quand d’autres loyers n’ont jamais été réglé à la CCIR…

 

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