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C’était mal barré mais…

Correctionnelle du mardi 18 août 2020

Ecrit par zinfos974 – le mercredi 19 août 2020 à 16H29

Elle en a de la chance, la Lolita (prénom d’emprunt). Elle a déjà à son actif un curriculum vitae pénal long comme un bras de chimpanzé. Jugez un peu : 11 condamnations, pour divers motifs, conduite sans permis, chèques frauduleux,  arnaques diverses… La voici accusée d’abus de confiance.

« Joseph i lève pu la tête »

Une histoire apparemment sans queue ni tête, oups ! Ou plutôt si, il sera question de queue comme vous allez le constater.

Lolita, dame entre deux âges comme on dit, se présente à la barre des accusés en pleurnichant déjà, avant même que le président Molié ne commence à nous livrer le récit de ses exploits. Récit à la fois pathétique, tragi-comique, bourré de sous-entendus jusqu’à la garde, souvent épicé (trop !)

Lolita habite dans l’Est et a une fille gravement malade en métropole, qui ne travaille pas, n’a pas de couverture sociale, et dont les traitements coûtent bonbon. C’est du moins ce quelle prétend aux voisins, amis et autres, chez qui elle va quémander un peu d’argent en avril 2018. Le dossier ne dit pas si c’est vrai.

Chez une des personnes sollicitées, un très petit retraité qu’elle connaît déjà, elle se voit d’abord opposer un refus poli mais ferme : cet homme n’a qu’une petite et honteuse pension de vieillesse/handicap comme toutes celles que notre État-providence donne chichement à ceux qu’elle n’entretient que du bout des lèvres.

C’est là que les déclarations commencent à diverger grave et il y en aura d’autres. Le bonhomme sollicité prétend qu’elle lui aurait alors proposé de la câliner et plus « contre in’ ti monnaie ». Elle, elle dit l’inverse, bien sûr : « Il m’a proposé de m’aider si j’acceptais de coucher avec lui ».

Le problème, c’est que l’homme, d’un certain âge et diabétique grave, assure qu’il n’a pas pu lui dire ça puisque « Joseph i lève pu la tête akoz lu lé trop faille ! » (Demandez des explications à un pote). Et d’ajouter qu’elle lui a fait acheter de la petite pilule bleue et une pommade érectile.

Elle : « Non ! J’ai rien fait de tout ça », avant d’avouer qu’elle a couché avec le soi-disant vieux satyre, « une fois… peut-être deux ou trois mais je ne saurais le dire car mon état de santé fait que j’oublie souvent les choses ». 

« Des colères épouvantables »

Ça, c’est incontestable selon les rapports médicaux : la dame souffre de graves troubles de la personnalité. Le fait est qu’au prix d’inavouables contorsions bancaires et fourniture de faux certificats, le vieil homme parvient à « emprunter » 4.500 euros à un organisme de crédit, somme remise à l’accusée en avril 2018 et qu’elle ne remboursera jamais. « Il a voulu continuer à coucher avec moi mais j’avais si honte de ce que j’avais fait le jour de son anniversaire, que je lui ai dit que je ne voulais plus ».

C’est à cet instant que, selon elle, le chantage aurait commencé : « Il m’espionnait sans cesse, y compris la nuit ; il entrait dans des colères épouvantables ; il me menaçait, y compris de me tuer puis de se suicider… »

Un souci de taille se présente au vieil homme, l’organisme de crédit aimerait bien commencer à rentrer dans ses fonds. La dame ne peut (ou ne veut ?) rien rembourser du tout, vu qu’elle n’a pas un traître-sou sur son compte. Elle n’a qu’un faible revenu dit « social », un loyer à payer, doit aider sa fille, payer ses propres soins médicaux, manger aussi, etc. La victime finit par porter plainte mais, la croisant devant la gendarmerie, lui affirme que ce n’est pas contre elle, il l’a fait à la demande de l’organisme de crédit.

Oui, je sais, tout ça est plus confus que le cerveau d’Akouëtt mais je n’y peux rien.

Un coup de théâtre inespéré

La dame continue de pleurnicher en ré-expliquant ses problèmes familiaux à un tribunal qui, outre la licence en droit, a dû passer un master en patience à toute épreuve… D’autant que les larmoiements commencent à être plus faux que ceux d’un gavial. Ça semble très mal barré pour l’accusée, surtout lorsqu’on apprend que c’est une habituée de l’arnaque avec ses 11 condamnations.

Et là, coup de théâtre…

C’est d’abord la Procureur qui renonce à requérir, laissant avec un grand sourire la parole à l’avocat de la défense. Nous regrettons de ne pas avoir compris le nom de ce dernier, un nouvel inscrit du Barreau. C’est un futur champion. Le défenseur, sans user d’effets de manches, explique en peu de mots qu’un non-remboursement d’emprunt n’a jamais constitué le délit d’abus de confiance et « c’est la jurisprudence sans discontinuer des tribunaux français depuis la fin du 19è siècle », point barre.

Ni une ni deux, sans même prendre la peine de se retirer pour délibérer, le tribunal a annoncé à cette dame que devant une telle évidence, elle était relaxée des fins de la poursuite.

Salut, jeune avocat !

 

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