Bruno Domen, vous êtes candidat à votre propre succession à la mairie de Saint-Leu. Est-ce que cela signifie que vous avez pris goût au pouvoir ?
C’est une décision importante, impliquante, qui a nécessité du temps et de la réflexion. Avant de m’engager, j’ai souhaité rencontrer le maximum de personnes, échanger sur la situation et les possibilités. Ce n’est qu’à partir de là que je me suis décidé à y aller, encouragé par les uns et les autres, particulièrement les Saint-Leusiennes et les Saint-Leusiens.
Avec cette élection, n’êtes-vous pas en train de régler un compte personnel avec l’ancien maire ?
Je suis passé à autre chose. Avec les Saint-Leusiens et pour Saint-Leu, nous avons de grandes choses à réaliser ensemble. Les défis sont nombreux. Ils portent sur des enjeux écologiques, humains, économiques, sociaux et sociétaux. Nous avons beaucoup à faire, c’est là-dessus que je me concentre.
Le 18 janvier dernier, vous avez déclaré votre candidature. Plusieurs personnalités ont fait le déplacement, et notamment les ténors de la Droite locale. Est-ce à dire que vous êtes le candidat de la plate-forme?
Il ne faut pas oublier qu’il y avait aussi et surtout près d’un millier de personnes.
En tout état de cause, ce n’est pas comme ça que je vois les choses et ce n’est pas dans cette logique que ce rassemblement a eu lieu.
À l’issue d’un temps d’échanges, des responsables politiques ont souhaité, et souvent à titre personnel, être présents à ma déclaration de candidature. Pour quelles raisons aurais-je refusé?
Sous quelle étiquette allez-vous vous présenter ?
Nous avons réussi un large rassemblement et j’accorde une grande importance au travail partenarial que j’estime indispensable à Saint-Leu. C’est donc logiquement que la liste que je conduirai aux municipales sera sans étiquette.
Certains, des candidats déclarés ou d’anciens collaborateurs comme Karine Nabénésa, vous reprochent un « mangé cochon ». Que leur répondez-vous ?
J’ai beaucoup à faire en tant que maire et en tant que candidat, pour Saint-Leu et ses administrés. Je ne suis pas là pour commenter les commentaires de ces femmes et hommes qui pensent que l’engagement politique se résume à commenter l’actualité et à donner des leçons.
Je refuse l’idée de m’épuiser à leur répondre. Je crois que cette dernière décennie, Saint-Leu a eu sa dose de démagogie et de populisme et que notre commune en a beaucoup trop souffert. Il nous faut sortir de là.
J’aspire à mettre mon énergie à des choses beaucoup plus utiles et constructives pour la cité. J’ai le regard porté sur l’avenir, cette ère nouvelle.
La présence de Didier Robert a été remarquée et largement commentée. N’est-ce pas là de la provocation quand on sait qu’il est le plus grand ennemi de votre adversaire ?
Il me semble nécessaire de croire que tout est affaire personnelle, guerre d’ego, règlement de comptes. Nous ne sommes plus au temps du « mi vien pou ou ti kok ». Nous devons dépasser ces postures inutiles et néfastes.
Didier Robert à vos côtés, ça veut dire que vous êtes pour la carrière de Bois Blanc ?
Ça fait des années que la majorité municipale, aux côtés des associations et de la population, se bat contre ce projet. Nous lavons fait dans l’intérêt de Saint-Leu et de sa population. C’était notre devoir.
La ville de Saint-Leu, dont je suis le maire, cela ne vous a pas échappé, a été à l’origine et le payeur des recours qui ont abouti en faveur d’une non-ouverture de la carrière.
Il faut bien rappeler une chose : s’enfermer dans les jardins de la préfecture ou vociférer contre les médias n’empêche pas un tel projet de se réaliser. Concrètement, ces parias de la rhétorique, qu’ont-ils fait ?
Le combat devait se faire sur le plan juridique et je pense qu’aux commandes de la mairie, nous avons été à la hauteur des enjeux tout en restant simple et efficace.
La présence du président de Région ne change absolument rien à notre position sur la carrière. Plusieurs procédures sont en cours, tout cela prend du temps. Nous restons mobilisés et attentifs sur ce dossier.
J’espère que des solutions qui conviennent à toutes les parties seront trouvées et que le rétablissement des relations institutionnelles y contribuera. C’est la voie qui semble être prise avec l’accord récent sur les andains pour finir la digue de la NRL.
Enfin, ce n’est pas parce qu’il y a désaccords sur certains points qu’il faut rompre toute communication et partir en guerre. Cela n’est pas digne d’un responsable politique, et encore moins d’un responsable de collectivité. C’est un calcul perdant pour tout le monde, en premier lieu la population. Ce n’est pas ce que je veux pour Saint-Leu.
Quelles sont vos grandes priorités pour Saint-Leu ?
J’aurai l’occasion d’évoquer plus longuement les éléments programmatiques pour Saint-Leu.
Mais d’ores et déjà, depuis ma prise de fonction, nous avons entrepris un virage. À titre d’exemples, j’ai tenu à renouer les liens avec l’ensemble des partenaires, assainir les finances pour aborder sereinement l’avenir, changer notre manière de faire, notamment de communiquer, en se concentrant sur l’essentiel.
Je l’ai dit lors de ma déclaration de candidature, le projet que nous voulons pour les années à venir se veut porter sur l’humain, l’écologie et l’authenticité.
L’éducation et l’accompagnement des plus vulnérables me tiennent à coeur.
L’écologie s’impose à nous et je souhaite que nous puissions tous, collectivement et individuellement, être pleinement acteurs de la transition énergétique.
Enfin, nous avons à faire pour préserver et valoriser notre cadre et notre mode de vie, notre créolité.