Elle avait vertement interpellé le représentant de l'État : "Vous autorisez les fêtes indiennes tamoules avec décapitations de chèvres et boucs en offrandes à leurs Dieux et dont les abats jetés à la mer attirent les requins… d’où les attaques. Tout ça a des réminiscences de cannibalisme des siècles passés et devraient être interdites" (sic).
Population dégénérée, traditions barbares, île démoniaque, les adjectifs insultants s'étaient multipliés dans cette missive qui avait choqué jusque dans l'Hexagone.
Annick Girardin demande au préfet de porter plainte
À la demande d'Annick Girardin alors ministre des Outre-mer, le préfet avait déposé une plainte malgré les excuses présentées par Brigitte Bardot le 24 mars suivant les faits.
Celle-ci a été poursuivie devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis pour injures raciales au même titre que son collaborateur, Bruno Jacquelin. Le procès des deux prévenus a été plusieurs fois renvoyé pour raison médicale - le schéma vaccinal de leur avocat parisien étant incomplet - mais aussi parce que les conclusions de l'instruction avaient été envoyées tardivement.
Mieux vaut tard que jamais, le procès s'était enfin tenu le 7 octobre au sein du palais de justice du chef-lieu. Personne n'avait finalement fait le voyage de Paris. Plusieurs associations et personnalités s'étaient portées parties civiles. La Ligue des droits de l'homme représentée par Me Saubert avait réclamé l'euro symbolique, soulignant que l’actrice avait opposé animalité et humanité et montré "une méconnaissance de l’histoire de La Réunion dans laquelle le cannibalisme n’a jamais existé".
"Le racisme n'est pas une opinion mais un délit"
Maître Philippe Pressecq s'était ensuite exprimé au nom de la Licra, du MRAP et de SOS Racisme, fustigeant un dérapage et rappelant qu’il y avait eu une deuxième lettre dans laquelle Brigitte Bardot avait confirmé ses propos, les limitant à ceux qui maltraitent les animaux. “Le racisme n’est pas une opinion mais un délit”, avait martelé l’avocat du barreau d’Albi et de Saint-Pierre, demandant 30.000 euros de dommages et intérêts.
Puis l’avocat de Jean-Hugues Ratenon et de la Fédération tamoule avait souligné la “lâcheté” et le “mépris” de Brigitte Bardot et demandé 30.000 euros d’amende à l’encontre de chacun des prévenus.
25.000 euros d’amende et une diffusion dans les médias de la condamnation pour Brigitte Bardot et 5000 euros d’amende pour Bruno Jacquemin avaient été requis par le parquet.
L'avocate de la défense, Me Catherine Moissonnier, s'était ensuite employée a démontrer que la lettre n'était pas publique mais avait été relayée par les médias, ceci n'entraînant en rien la responsabilité de ses clients. La robe noire avait plaidé la relaxe.
Ce jeudi, le tribunal s'est prononcé : Brigitte Bardot a été reconnue coupable d’injures raciales envers les Réunionnais et condamnée à payer 20.000 euros aux parties civiles. Son collaborateur et responsable communication de la fondation, Bruno Jacquelin, est lui aussi reconnu coupable et devra quant à lui verser 4000 euros.
Pour mémoire, en juillet dernier, l'ex-star du grand écran avait été condamnée par le tribunal correctionnel d'Arras à verser une amende de 5000 euros pour injures à l'encontre du président de la fédération nationale des chasseurs Willy Schraen, ainsi qu'à 1000 euros de dommages-intérêts et 1000 euros au titre des frais de justice. Brigitte Bardot avait utilisé les comparaisons suivantes : "sous-hommes aux trognes d’ivrognes" ou encore "terroristes du monde animal".