Au moins un million de manifestants, des dizaines de blessés et un premier mort accidentel. Au Brésil, le mouvement de fronde sociale qui secoue le pays depuis une dizaine de jours a pris de l’ampleur. Un manifestant est mort renversé par une voiture qui tentait de doubler un groupe de protestataires.
Depuis 10 jours, les manifestations, organisées pour exiger des services publics de qualité et dénoncer la facture du Mondial de football 2014, sont émaillées de violences.
Plus de 300.000 manifestants ont défilé à Rio de Janeiro (sud-est) où après un début de marche pacifique des heurts violents ont éclaté devant la mairie. La police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc contre un groupe de manifestants radicaux. Au moins 40 personnes ont été blessées dont un journaliste de TV Globo, touché au front par une balle en caoutchouc.
Interrogé par Europe 1, Mauricio, un manifestant, rentrait tranquillement chez lui lorsqu’il a été coincé par la police. « C’est une honte. La police a attaqué une manifestation pacifiste ordonné. Ils ont lancé des bombes. Les gens se sont mis à paniquer. Ils ont couru. »
A Ribeirao Preto, dans l’Etat de Sao Paulo, un manifestant est mort renversé jeudi soir par une voiture. Le véhicule tentait de doubler un groupe de protestataires qui bloquait une rue, et a percuté trois personnes, dont la victime.
A Brasilia (centre), où se sont rassemblées 30.000 personnes, des manifestants ont attaqué dans la soirée le ministère des Affaires étrangères d’où ils ont été refoulés de justesse par la police, après avoir brisé une porte vitrée et une cinquantaine de fenêtres. Les affrontements ont fait une trentaine de blessés.
Cette importante mobilisation a poussé la présidente Dilma Rousseff à annuler un voyage officiel prévu au Japon. « Elle a décidé de rester au Brésil en raison des événements actuels », a indiqué une source de la présidence. Dilma Rousseff a convoqué une réunion de crise avec ses ministres les plus proches ce matin.
Les principales villes du pays, dont Rio et Sao Paulo, ont cédé mercredi à la revendication initiale de la rue en acceptant de revenir sur leur décision d’augmenter le tarif des transports publics.
Mais cela n’a pas suffit à calmer les frustrations de la population de ce pays émergent de 194 millions d’habitants, qui dénonce des services publics précaires comme la santé et l’éducation, la corruption de la classe politique, ou encore les sommes colossales (11 milliards d’euros) investies pour l’organisation du Mondial-2014 de football.