Ludovic Fontaine, 33 ans, et Anthony Robert, 28 ans, ont des profils de délinquants avérés. Le premier compte 27 condamnations à son casier judiciaire, dont 19 pour des faits de vols aggravés, et le second, 12 condamnations dont 7 pour des vols aggravés. Le zèbre perd rarement ses rayures.
Pour bien comprendre les faits qui leur sont reprochés, il faut remonter au 9 juillet 2017. Ce jour-là, vers 17 heures, deux individus au visage dissimulé pénétraient dans une habitation de Piton Saint-Leu et agressaient une septuagénaire, surprise alors qu’elle revenait de son jardin. Elle était clouée au sol, ligotée et bâillonnée si brutalement que son appareil dentaire avait cédé. Le reste de la famille avait également été menacé avec un fusil de chasse et une bombe lacrymogène avant que les deux individus ne prennent la fuite. L’équipée avait, au passage, dérobé deux fusils de 14 mm et 9 mm. Un troisième homme, Charles Latchimy, 47 ans, est soupçonné d’avoir participé à ce vol avec arme et séquestration.
Dix jours plus tard, le 18 juillet, la station service Total, située route des Tamarins, était la cible de quatre coups de feu tirés dans la porte vitrée de la boutique verrouillée. Le pompiste avait eu à peine le temps de s’enfuir. Deux hommes avaient pénétré à l’intérieur du magasin et dérobé des cigarettes et une somme d’argent liquide. L’un d’entre eux, vêtu d’une tenue ressemblant étrangement à celle décrite par la famille agressée à Piton Saint-Leu, avait tenté de fracturer le coffre-fort. Les faits avaient duré une dizaine de minutes seulement.
Un business à 400 000 euros
Le 3 août, alors que le responsable du magasin Super U du centre ville de Saint-Paul et la responsable de caisse procédaient comme d’habitude au dépôt de la recette du jour à l’étage du bâtiment administratif, le vigile avait surpris dans le couloir attenant deux hommes armés et encagoulés qui l’avaient immédiatement braqué.
Rudolphe Blagnac avait été grièvement blessé par trois tirs et forcé d’indiquer où se trouvait la salle du coffre. Malgré leurs recherches, les agresseurs étaient repartis bredouilles, laissant cachée sous une table, la responsable de caisse terrorisée.
Ludovic Fontaine avait été balancé après s’être vanté d’avoir commis le braquage. Il avait été placé sous surveillance et la présence d’Anthony Robert à ses côtés avait été mise en évidence. Malgré ses dénégations, Charles Latchimy, repéré à proximité des lieux, est soupçonné d’avoir joué le rôle du guetteur. Ce « coup » était susceptible de leur rapporter 400 000 euros. La veille du braquage, les suspects s’étaient déjà rendus sur les lieux afin de faire du repérage.
De multiples cambriolages visant des coffres-forts à leur actif
Lors de l’instruction du dossier, de multiples versions de ces trois faits ont été données par les accusés. Des versions qui n’ont pas forcément été confirmées lors des confrontations et de la reconstitution du braquage de supermarché de la Chaussée Royale, à Saint-Paul.
Charles Latchimy a été plusieurs fois dédouané par ses compères et conteste toute forme d’implication même s’il connaissait bien les deux autres qui se sont rendus à son domicile du sud de l’île avant chaque « coup ».
En 2019, Antony Robert, Ludovic Fontaine, ainsi que deux autres individus, ont été jugés devant le tribunal correctionnel pour des vols commis après le braquage du Super U – entre le 7 août et le 30 octobre 2017 – au restaurant des 3 Brasseurs de Saint-Paul, Saint-Pierre et Sainte-Marie, à l’enseigne Weldom de Saint-Paul et Saint-Leu et enfin à l’Hyperjardin de Saint-Paul.
Anthony Robert encourt 30 ans de réclusion criminelle pour tentative de meurtre sur Rudolphe Blagnac. Ludovic Fontaine et Charles Latchimy, en récidive des faits qui leur sont reprochés, risquent 20 ans de prison.
Les jurés, emmenés par le président de la cour d’assises, Michel Carrue, ont quatre jours pour se forger leur intime conviction sur les responsabilités et la culpabilité de chacun.
Le verdict est attendu vendredi 12 novembre.
Parties civiles: Me Isabelle Lauret, Me Rémy Boniface, Me Michel Lagourgue – Accusation : Bérengère Prud’homme – Défense : Me Jean-Jacques Morel, Me Sébastien Navarro, le bâtonnier Me Georges-André Hoarau, Me Marie Brio.