L’audience criminelle a repris ce mardi matin par les témoignages des victimes du [braquage du Super U.]urlblank:https://www.zinfos974.com/Braquage-du-Super-U-aux-assises-Le-vigile-a-frole-la-mort_a175237.html
La responsable de caisse d’abord, qui a eu la présence d’esprit d’aller se cacher sous le bureau de la pièce où la recette était déposée chaque jour dans le coffre-fort. Tapie, elle avait vu les chaussures et les pantalons des deux auteurs présumés et compris qu’ils la cherchaient : « elle est où la femme elle est où ? ».
Puis, le responsable du magasin s’est avancé à la barre, ce dernier s’était enfui en entendant les quatre tirs dont a été victime le courageux vigile, Rudolphe Blagnac.
C’est au tour de celui-ci de s’avancer au centre du prétoire. Malgré les nombreuses blessures qu’il a dû endurer, le trentenaire est toujours aussi corpulent. Une corpulence qui lui a d’ailleurs sauvé la vie.
Selon le médecin légiste, sans son embonpoint, les plombs reçus dans l’abdomen auraient sans doute touché des organes vitaux. Surpris par Ludovic Fontaine et Anthony Robert dans le couloir de la salle qui menait au coffre-fort, Rudolphe Blagnac avait eu le réflexe de s’avancer vers eux. « J’ai cru à une blague, à une arme factice », a raconté l’employé qui est toujours en accident du travail. « Bouge pas, bouge pas » avaient intimé les braqueurs. Puis, l’un d’eux avait fait feu. Mais lequel des deux ? Y avait-il une arme ou deux ?
De grands amis désormais fâchés
« Une seule », a martelé Ludovic Fontaine, 33 ans, lors d’un long interrogatoire qui a clôturé les débats de la matinée. L’accusé au « sale casier » , comme il se plaît à le rappeler, a connu Anthony Robert au collège de Bois d’Olives. « On est des grands amis », a déclaré le trentenaire, chemisette sans manches rouge fluo, laissant apparaître des biceps à faire pâlir un haltérophile.
Mais désormais, les anciens collégiens sont fâchés. « Je peux pas porter tout. J’ai avoué des choses mais pas lui », a expliqué Ludovic Fontaine. Avec Charles André Latchimy, ils avaient joué les gros bras à la demande de la mairie de Saint-Pierre et avaient lié ainsi une amitié en 2012.
Une amitié vraisemblablement plus que solide puisque Ludovic Fontaine a tout fait pour l’innocenter. Marqué à la culotte par les avocats d’Anthony Robert ainsi que l’avocate générale, l’accusé a eu bien du mal à être crédible dans ses explications.
133 textos entre Fontaine et Latchimy juste après le braquage
D’abord au sujet des visites que les deux braqueurs lui ont rendu la veille puis, le jour des faits à son domicile de la Chatoire. Ensuite au sujet des 133 textos échangés entre lui et Latchimy après le casse. Et enfin au sujet de la photo de ce dernier, issue des caméras de surveillance de la station Tamoil, située tout près du Super U. Lors d’une de ses gardes à vue, Anthony Robert l’avait formellement reconnu.
Malgré ces évidences, et sans compter les traces ADN de Charles Latchimy retrouvées sur la bombe lacrymogène utilisée par Fontaine lors du braquage, ce dernier n’a rien lâché. « Il fallait qu’on soit trois. Un pour casser la vitre, l’autre pour désactiver l’alarme et un dernier pour fouiller », avait confié Ludovic Fontaine aux gendarmes lors de ses auditions. A la barre aujourd’hui, il a réfuté ces éléments tout en se mettant à pleurer de nombreuses fois et en présentant mille excuses aux victimes.
« La dentelle, c’est fini. Il faut assumer et qu’on soit puni », a conclu Ludovic Fontaine, avant de laisser la parole à son comparse.
« Il faut qu’on soit puni »
Bien plus grand que lui, la peau plus claire et le phrasé différent, Anthony Robert, qui encourt la peine la plus lourde, a été sur la sellette à son tour. Des détails importants puisqu’ils pourraient permettre à la cour de déterminer qui a fait quoi.
Pour Anthony Robert, c’est Ludovic Fontaine qui a tiré en premier et par deux fois. Lui n’aurait tiré qu’un coup en direction des pieds de Rudolphe Blagnac, ce que les éléments matériels et balistiques n’ont pas démontré.
« Il y avait deux armes » a soutenu le Saint-Paulois de 28 ans qui a beaucoup varié dans ses dépositions et encore aujourd’hui lors de l’audience. « A chaque fois que l’on vous oppose quelque chose, vous changez de version », fait remarquer à propos le président de la cour. « J’ai été mal influencé par Fontaine. C’est lui qui a tout orchestré », a résumé Anthony Robert voulant sans nul doute être sanctionné à la même hauteur que son ami de collège.
Difficile de se fier aux déclarations de l’un comme de l’autre pour arriver à déterminer exactement la responsabilité de chacun. Peut-être est-elle identique puisqu’après être repartis bredouilles et avoir failli tuer le vigile, Anthony Robert et Ludovic Fontaine ont continué à enchaîner les vols, notamment de coffres-fort, aux restaurants les 3 Brasseurs de Saint-Paul, Saint-Pierre et Sainte-Marie. Mais, fort de la mauvaise expérience du Super U, ils avaient décidé qu’ils n’utiliseraient plus d’armes pour commettre leurs forfaits.
Ce mercredi, les trois accusés devront s’expliquer sur des faits antérieurs au braquage du Super U de la Chaussée Royale. Quelques jours auparavant, en août 2017, ils avaient pénétré dans une maison de Piton Saint-Leu, agressé une famille, violenté et séquestré une septuagénaire avant de dérober des armes. Celles-là même qui ont servi lors du braquage.