Réunis ce matin au siège de l’Arvise, à Saint-Denis, pour discuter de la fin programmée du bonus Cospar, il aura fallu plus de trois heures de discussions pour que les partenaires sociaux arrivent à se mettre d’accord sur la rédaction d’une « lettre d’engagement moral« . Un mot qui prend tout sons sens, puisqu’il ne s’agit pas pour le moment d’un document qui impose aux entreprises de maintenir le bonus Cospar. La rédaction doit se faire dans la semaine avant une présentation à l’ensemble des partenaires en fin de semaine prochaine. Du côté des syndicats, on attend de voir et la manifestation du 29 novembre est toujours prévue.
« On est toujours en négociation« , lance Jean-Pierre Rivière, secrétaire général de la CFDT. Mais à la différence des dernières réunions, aucune des parties n’a claqué la porte où n’est sortie avec le sentiment d’un goût d’inachevé. Les négociations s’éternisent, mais la volonté des partenaires sociaux de trouver une issue sur la question du bonus Cospar, qui doit s’arrêter le 31 décembre prochain, est bien là.
Côté syndicat on attend de voir ce qui va se passer la semaine prochaine lors du prochain round de négociations. « Le Medef nous a proposé la rédaction d’un texte en commun. Mais ça reste flou, pas concret. Pour nous, le Medef n’a rien du tout« , lâche le tout nouveau délégué régional de Solidaires, Johny Michel. Preuve d’avancées jugées encore non-concrètes, les syndicats ont maintenu leurs mot d’ordre pour la manifestation du 29 novembre. Seule certitude, la proposition de rédaction d’un texte en commun à destination des entreprises et salariés.
En revanche pour le patronat, les négociations ont permis de se mettre d’accord sur cette fameuse « lettre d’engagement moral » avec les organisations syndicales. « On s’est mis d’accord sur le fond et la forme et on s’est accordé le temps de la rédaction« , rappelle Dominique Vienne, président de la CGPME.
Oui pour le maintien du bonus… mais sous réserve de conditions
Le patronat est toujours remonté contre l’Etat et attend le chiffre exacte du nombre de bénéficiaires du bonus Cospar dans les entreprises réunionnaises. « On a demandé à l’Etat, la Préfecture, la CGSS et le ministre du Travail, Michel Sapin, nous avait promis de nous les donner. On attend toujours« , poursuit-il. Un document essentiel pour le patronat. « Il y a une volonté commune de s’engager pour le maintien du bonus Cospar« , souligne Dominique Vienne. Mais il y a un « mais ». Le patronat est pour le maintien mais il doit tenir compte d’un facteur : la situation économique des entreprises réunionnaises.
« Il y a un préalable, le contexte de l’emploi à la Réunion est préoccupant, de nombreuses entreprises disparaissent, l’économie est en berne (…), la lettre d’engagement est morale mais ne s’impose pas aux entreprises. On est conscient du problème de pouvoir d’achat, mais il y a aussi la question de la survie économique« , précise Dominique Vienne.
Pour le secrétaire général de la CFDT, avec l’arrêt des exonérations de cotisations sur le bonus Cospar, d’autres pistes peuvent être explorées. « On peut généraliser les tickets restaurants dans les entreprises ou encore anticiper sur la prise en charge des mutuelles par les entreprises« , souligne Jean-Pierre Rivière. Les syndicats devraient demander au gouvernement de maintenir le dispositif Cospar le temps de trouver la bonne solution. « On ne pourra pas négocier et trouver une solution en un mois et demi« , prévient-il.
La lettre d’engagement devrait faire des allers-retours entre syndicats et organisations patronales pendant toute la semaine. Le rendez-vous est fixé pour jeudi prochain.