Au pays du « vivre-ensemble », les discriminations sont peut-être peu apparentes, mais pourtant bien présentes. « Il y a des réalités qu’il faut prendre en compte », exprime le préfet Jacques Billant ce mercredi soir, à la sortie de la première réunion du Corah (Comité opérationnel de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-
Atour de la table : des acteurs institutionnels (notamment les procureurs de Saint-Denis et Saint-Pierre, la sous-préfète à la cohésion sociale et le délégué de Mayotte à La Réunion) mais aussi des acteurs associatifs (OriZon, Le Refuge, SOS Homophobie, ou encore Requeer), qui ont pu dresser un premier état des lieux.
Peu de plaintes
« Des pistes de réflexion seront formalisées dans le mois qui vient, avant d’être transformées en actions concrètes. À la fin du mois de décembre nous formaliserons tout cela dans le cadre de notre plan réunionnais de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les haines anti-LGTBT », annonce Jacques Billant, pour qui« il y a toute une organisation à mettre en place pour sortir des non-dits ».
L’un des principaux enjeux est d’ailleurs de convaincre les victimes de se tourner vers les associations, voire de franchir les portes du commissariat. « Des plaintes, il y en a très peu », constate le procureur Eric Tufféry, rappelant que les violences et injures sont considérées comme aggravées dès lors qu’elles sont liées à l’orientation sexuelle (réelle ou supposée). « On veut éviter que [les victimes] se renferment sur elles-mêmes, avec le sentiment d’être exclues de la société, avec tous les risques de désocialisation, d’addiction que ça comporte », ajoute-il, rappelant le taux de suicide important chez les jeunes homosexuels. « Il faut que la parole se libère ».
Des discriminations dans l’accès aux droits
« On n’est pas sur un énième plan qui va prendre 15 ans. La volonté, et on sera très vigilant à ce qu’elle soit appliquée, c’est que des actions soient mises en place d’ici la fin de l’année », se réjouit Tanguy Sémat, président de l’association OriZon, tenant tout de même à souligner qu’il n’y a pas de « rejet de la population réunionnaise des LGBT, qui peuvent être kafs, malbars, créoles, chinois, zoreils… »
Si l’association note la présence du Département, les communes et la Région n’étaient pas autour de la table. « Les premiers cas discriminations que l’on recense sont dans l’accueil et l’accès aux droits, il est donc intéressant que les collectivités soient associées dans ces démarches là », fait remarquer Tanguy Sémat, ravi de pouvoir apporter sa contribution pour faire avancer la cause. Et de conclure, enthousiaste : « Rendez-vous dans trois mois pour faire un état des actions. »
*LGBT : Qui concerne les lesbiennes, les gays, les bisexuels et les transgenres.