Le rapport Pauget relève que les banques françaises ont tendance à amortir dans la tarification de la banque au quotidien (gestion de compte…) les efforts qu’elles consentent dans d’autres domaines tel que le crédit immobilier.
A La Réunion, les banques justifient leurs tarifs élevés par plusieurs facteurs. Les Réunionnais épargnent peu et empruntent beaucoup, alors que le modèle des banques françaises réduit les marges sur les crédits pour attirer de nouveaux clients et se rattrapent sur les frais bancaires.
« Le rapatriement massif de capitaux permettrait probablement de diminuer les frais bancaires »
De plus, les banques filiales auraient plus de charges que les succursales : la gestion se fait sur le plan local et les charges salariales sont donc plus élevées. Le coût du risque est plus élevé car le marché est plus restreint. La fuite des capitaux des clients aisés pour des raisons de confidentialité : « Le rapatriement massif de capitaux permettrait probablement de diminuer les frais bancaires » indique Didier Grand, directeur général adjoint du Crédit agricole qui s’exprime dans le Quotidien d’aujourd’hui.
Le rapport Pauget ne tient pas compte des chiffres des Dom et une enquête complémentaire est envisagée pour connaitre les contraintes propres du secteur bancaire sur les territoires d’Outre mer et comprendre pourquoi les tarifs y sont plus élevés de « plus de 200 à 300 % qu’en métropole » relève Henri Grondin, président du collectif de lutte contre les abus bancaires de la Réunion. « Cela fait maintenant trois ans que nous demandons une uniformisation des dénominations dans les banques de l’île car il est très difficile pour les Réunionnais de comparer les tarifs d’une banque à une autre ».
Le marché restreint de l’île ne justifie pas les tarifs plus élevés
Mais d’après Henri Grondin, prétexter un marché restreint pour justifier de tarifs plus élevés sur notre île est « un faux débat ». Il prend l’ exemple de la Guadeloupe où « le marché est aussi réduit mais les tarifs sont de l’ordre de 20 à 30% plus cher qu’en métropole ». Henri Grondin se dit d’accord pour que les tarifs soient de « 50% plus chers qu’en métropole s’il faut tenir compte du coût de la vie plus cher » mais au-delà, « c’est de l’abus » . Il prend pour appui les chiffres de l’Insee : « Selon l’Insee, le coût de la vie est de 16 à 20% plus cher qu’en métropole, pas plus ».
Les petites entreprises se délocalisent vers Madagascar et Maurice
Concernant la fuite des capitaux, « les banques doivent être plus attractives car les petites entreprises ont beaucoup de soucis pour débloquer des fonds, au lieu de prêter 17 millions au groupe Caillé et ne plus pouvoir redresser la barre ». Henri Grondin prend un exemple concret : « Une entreprise réunionnaise a obtenu un marché public de 400. 000 euros à la Région et a demandé un emprunt de 100.000 euros à sa banque pour débuter les travaux. Mais sa banque ne suit pas car l’emprunteur est une petite entreprise, et ce malgré la garantie de l’Iedom que la société est viable. ce n’est pas étonnant que les capitaux locaux fuient vers Madagascar ou Maurice. Les entreprises locales se délocalisent vers ces îles ».
Et si les Réunionnais épargnent si peu, « c’est parce qu’ils n’ont pas les moyens à cause de la vie chère » conclut le président du collectif de lutte contre les abus bancaires.