Le conseil municipal de Saint-Paul va mettre au vote ce mercredi l’achat, à l’Etat, d’une parcelle de 7,6 hectares située à Bellevue à hauteur de la Saline-les-Bains. L’affaire numéro 15 aurait pu passer inaperçue si le secteur n’entrait pas dans le cadre d’une ouverture potentielle de carrière pour la NRL.
Comme à son habitude, l’opposition PLR prend les devants la veille du vote. Huguette Bello et ses élus ont dit tout le mal qu’ils pensaient de cette transaction qui symbolise, selon Mélissa Cousin, « la complicité entre Région et mairie sur ce dossier des carrières. On a l’impression que la mairie est devenue une annexe de la Région », ajoute-t-elle. « Dans cette affaire N°15, il y a une forme de collusion, d’action concertée, sournoise entre la Région et la mairie. La duplicité de la mairie dans cette affaire, sera un coup porté à l’environnement. C’est la population qui va trinquer », signale Jean Marc Gamarus.
Actuellement propriété de l’Etat, ces 7,6 hectares doivent donc être achetés par la mairie dans un premier temps. Dans un second, la collectivité doit céder la parcelle à la Région dans les mêmes termes financiers, soit 70.000 euros.
L’« insoutenable légèreté du président de Région »
La députée et conseillère municipale déplore que l’action de la mairie se fasse selon le procédé du « fait accompli. La Région nous cache les désagréments causés par les carrières », affirme Huguette Bello. Plus largement, elle invite « la population à se renseigner sur ce schéma départemental des carrières« , non pas sur un plan strictement saint-paulois mais global. « Toute la Réunion est concernée ! » , dit-elle. De la carrière de Dioré (Saint-André) à celle dont on ne parle pas selon Huguette Bello, celle du plateau de l’Ermitage. La députée évoque l’« insoutenable légèreté du président de Région » sur ce sujet. Ce que Jean-Marc Gamarus met en image : « C’est comme si vous vouliez construire une maison, vous faites un prêt mais vous n’avez pas le terrain. On a fait les choses à l’envers », préfère-t-il ironiser.
Le groupe Pour La Réunion rappelle que le site de Bellevue, situé au-dessus de Trou d’eau, est marqué par une série de « contraintes environnementales » dont les impacts établis sont avancés par « des experts ». « Ce n’est pas nous qui inventons ces conséquences néfastes », retient Mélissa Cousin.
« Je suis contre les carrières »
L’écologiste EELVR égrène les nuisances auxquelles la population aura droit en configuration carrière. A savoir une hausse du trafic routier de l’ordre de 25%, de la pollution hydrologique, un drainage de polluants lié au lessivage du sol, des atteintes à la faune, des atteintes à cette zone naturelle d’intérêt, composée de reste de forêt semi-sèche.
Bellevue et la Saline, c’est aussi la proximité, sur le versant littoral d’un lagon dont l’apport supplémentaire et dénaturé en eau douce s’avérerait problématique. Enfin, sur le plan économique, le passage de camions et les tirs de mine impacteront l’activité touristique de la zone selon les conseillers PLR. Un rapport commandé par le TCO courant 2013 – qui faisait suite à la consultation de la Région – faisait ressortir ces nuisances et cette « incompatibilité fonctionnelle » du site d’extraction avec les projets touristiques du coin.
Jean-Marc Gamarus aime à rappeler l’envolée de Joseph Sinimalé l’année dernière lors d’un conseil municipal placé sous l’actualité de la carrière de…Piton Defaud. « Le maire avait dit : je suis contre les carrières », s’en souvient l’ancien 1er adjoint d’Huguette Bello. Faut-il pour autant prendre au pied de la lettre la réponse du maire balancée en conseil municipal et sous les questions pressantes d’un Emmanuel Séraphin ? Impossible de le certifier avant une mise au point probable ce mercredi.
