Huguette Bello et Emmanuel Séraphin fêtaient à leur manière les quatre mois d’accession au pouvoir de Joseph Sinimalé. « C’est une mandature qui a commencé sur des mensonges », rappelle l’ancien élu. « Joseph Sinimalé avait promis de démissionner du Conseil général, d’être un maire à temps-plein, qu’il n’y aurait pas de chasse aux sorcières ». L’opposition a eu beau chercher, aucune de ces promesses n’a été tenues, affirme-t-elle.
Pire, « des services ne fonctionnent plus » car certains contrats ont été non renouvelés. Ce serait particulièrement le cas à l’Espas Leconte de Lisle où le personnel de direction a été remercié. Bref, une « politique sans orientation claire » déjà signalée à l’époque de la « non mise au vote des orientations budgétaires ».
Quatre mois après son installation, la majorité offre finalement une première vision de ses choix politiques lors d’une délibération à venir. Cela débute par l’augmentation de 220.000 euros des frais de fête et cérémonies. « On voit où sont leurs priorités », ne peut s’empêcher de placer Emmanuel Séraphin. L’opposition sortira encore les crocs dans quelques jours sur l’affaire N°37.
Une enveloppe qui s’accompagne de celle de 300.000 euros afférante aux indemnités des élus. Même montant pour les subventions d’un certain nombre d’associations créées, selon l’opposition, pendant la campagne électorale. Ce qu’elle appelle très courtoisement la « gratification électorale ». Sur ce volet, l’opposition voit sa plainte pour achat de voix confortée par les récentes accusations de l’infatigable acteur associatif Jean-François Fromens. « Des accusations non démenties par le maire », jubile l’opposition.
Additionnées, toutes ces dépenses qui alourdissent le budget fonctionnement de la collectivité sont des signes qui pourraient conduire Saint-Paul à suivre l’exemple saint-louisien, n’en plaisante même pas Emmanuel Séraphin. En jeu : déjà 7 millions supplémentaires affectés au fonctionnement. « Ça va être très compliqué à rééquilibrer », prévient l’ancien bras droit de la députée-maire. L’équipe d’Huguette Bello rappelle qu’elle a quitté la mairie avec un excédent de 14 millions d’euros dans les caisses.
Emmanuel Séraphin regrette déjà, à la lecture de l’ordre du jour du prochain conseil, que la municipalité se cache derrière la baisse de la dotation globale de l’Etat – une réalité pour toutes les collectivités – pour dévier l’attention. Cette position du maire fera l’objet d’une motion en préambule du conseil municipal.
Pas de vote équivaut à un avis favorable
Huguette Bello et Emmanuel Séraphin décryptent aussi la communication municipale. « Tout ce qui bouge à Saint-Paul, ce sont les chantiers que nous avons lancés », soutient l’ancien adjoint à l’aménagement. A commencer par l’annonce de réouverture de la grotte des « premiers habitants », insiste Huguette Bello, ou encore la rénovation du front de mer, l’hôtel du Maïdo, les solutions techniques du risque requin, les travaux du centre-ville de Saint-Gilles, celle d’accessibilité des bassins Cormorans et autres, l’ancienne équipe s’attribue les lauriers des toutes dernières sorties médiatiques du maire.
Même satisfecit sur l’aménagement de la Zac Sans Souci. Sévèrement sanctionnée dans les urnes par les habitants de ce secteur, l’ancienne mandature affirme que Joseph Sinimalé s’apprête à reconduire le projet dans son état initial.
« Joseph Sinimalé est un menteur », accuse enfin le duo Bello/Séraphin lorsqu’il s’agit de comprendre le double discours du maire dans le dossier de la carrière de Piton Defaud. « Opposé à titre personnel », le maire n’a pourtant pas officialisé cette posture dans le cadre solennel d’un conseil. Son silence vaut « avis favorable tacite », fait remarquer l’opposition qui ne manquera pas de titiller le maire dans quelques jours.