La nature a accompli le travail qui incombait à l’homme. En décrépitude depuis mai 2013 et la liquidation de la Société aquacole des mascareignes (SAM), la ferme aquacole de la baie de Saint-Paul a été nettement entamée par les coups de boutoir de Bejisa.
« Nous sommes en train de nous rapprocher de la DMSOI (Direction de la mer sud océan Indien) », évoquait ce matin Pierre Bosc, directeur de l’ARDA (Association Réunionnaise de Développement de l’Aquaculture). Depuis la mise en liquidation judiciaire de la SAM en 2013, l’installation en mer tombe en effet sous la responsabilité de l’Etat via la Direction de la mer. Comme si le projet devait renaître de ses cendres, Pierre Bosc évoque également le travail visiblement toujours en cours du liquidateur judiciaire.
Vendredi matin, déjà sept bouées pouvaient être touchées du doigt par les badauds. « Les bouées jaunes échouées le long du littoral saint-paulois sont bien celles de l’ex-ferme aquacole », confirme Pierre Bosc, avant d’être encore plus pessimiste en ce qui concerne les cages elles-mêmes. « Certaines sont peut-être au fond de la baie », estime le directeur de l’ARDA. Seule une reconnaissance in situ pourrait lever le doute.
Chez les anciens employés de la ferme, on ironise sur les atermoiements intervenus depuis bientôt un an. « Après la liquidation, ils avaient deux mois pour procéder au démontage », signale Pascal Parisse, ancien employé de la SAM.
La ferme s’est disloquée. Sept bouées ont été trouvées sur la côte, deux vers le débarcadère, trois entre l’Etang et le quai Gilbert. Une dernière a fini son périple sous le sous-bois longeant la ravine du cimetière marin.
« Un danger pour la navigation »
La ferme comptait 28 bouées au total. Il y a de fortes chances pour que certaines aient pris le large. « Il y a quelques années, un bateau de pêche au gros avait eu l’amabilité de nous rapporter gracieusement une bouée trouvée au large, à près de 10 mille des côtes », se souvient-il.
Quant aux cages sans entretien depuis huit mois, la probabilité pour que leurs attaches aient cédé est importante. « Si elles sont sorties de leur concession, elles représentent un danger pour la navigation », soutient Pascal Parisse.
L’ex-employé s’étonne du manque de réaction des autorités face à la menace que représentait la prochaine forte houle ou le prochain cyclone. Une hypothèse tient la route selon Pascal Parisse: « S’ils n’ont pas souhaité démonter les cages, c’est peut-être parce que Pierre Bosc et l’Arda ont pour projet de les intégrer dans le Pôle Régional Mer* ». Sur site, restaient trois cages de 8 mètres de diamètre et trois autres de 12m. Sollicitée, la DMSOI tarde à répondre.
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*Le Pôle Mer de la Réunion doit regrouper sur un même site les acteurs incontournables de la recherche fondamentale, recherche & développement, de l’innovation, de la formation touchant à l’environnement marin, parmi lesquels l’IRD, l’ARDA, l’ARVAM, l’Ifremer ou encore l’Université de la Réunion avec ECOMAR.